Xavier Dorison (scénario)
Joël Parnotte (dessin)

Aristophania tome 2

Progedientes

Bande dessinée, fantastique / urban fantasy
Publiée le 31 octobre 2019 chez Dargaud

Basile, Victor et Calixte ont enfin retrouvé leur mère, Adèle Francoeur, mais dans un état très inquiétant. Le Roi banni l’a privée de son Azur et l’a recouverte de Calamyrhs, catalyseur puissant empêchant l’énergie de regagner son corps. L’état d’Adèle n’est cependant pas l’unique préoccupation d’Aristophania : la puissance des Calamyrhs inquiète le royaume d’Azur. Avec une telle arme en sa possession, le Roi banni pourrait aisément gagner la guerre qui se profile. La destruction de ce pouvoir devient donc essentielle et seule la Source Aurore pourrait contrecarrer ses plans et sauver la mère des enfants. Aristophania en est convaincue : l’un d’eux pourrait trouver cette source. Mais la Reine d’Azur ne lui laisse que sept jours pour réaliser un tel miracle…

Dans ce tome 2 intitulé Progredientes, « ceux qui vont faire des progrès », tout commence par une mère qui tente de mettre fin à ses jours pour sauver ses enfants. Si elle échappe à la mort, c’est pour subir un sort pire que la mort. Transformée en monstre, ses enfants doivent à tout prix trouver la légendaire Source Aurore non pour sauver le monde mais pour la sauver elle… C’est ainsi que sous l’égide d’Aristophania Bolt, ils commencent leur apprentissage de Chevaliers Jedis !

Cela aurait pu se passer il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine, mais cela se passe à la Belle Époque dans la Provence de Marcel Pagnol ! Après l’assassinat de l’un d’entre eux, le Conseil Jedi décide de partir en guerre contre Dark Sidious et ses sbires du Côté Obscur. Les affrontements sont donc imminents entre « herculéens », « cuirassés », « passe-murailles », « pourrisseurs », « sourciers », « feux-follets », « soigneurs » et tutti quanti (OMG on est dans la version française des Chroniques du Grimnoir de Larry Correia), mais le Roi Banni attend chevaliers et fées de pied ferme car il domine les hommes grâce l’argent du capitalisme et peut tarir les sources de la magie grâce à la pollution de l’industrie (remember Sauron et Saroumane du SdA)…

Aristophania Bolt n’a pas le temps nécessaire pour mener à bien son projet, et d’Obi-wan Kenobi elle passe à Maître Yoda pour apprendre l’utilisation de la Force à ses protégés qui sont les derniers espoirs de l’humanité : ils ne peuvent essayer, ils doivent résoudre ou ne pas résoudre les énigmes qu’elle leur propose car si elle peut transmettre la connaissance elle ne peut pas transmettre l’expérience (OMG si ses explications dans le tome 1 étaient exactement celle d’Obi-wan Kenobi sur la Force dans Star Wars, ses explications dans ce tome 2 sont exactement les mêmes que celles de Mû du Bélier sur le Septième Sens dans Saint Seiya). Mais que peuvent les Changelins qui ont été élevés en humains dans le monde des humains et qui prisonniers de leurs certitudes ne peuvent pas grand chose pour sauver le monde des magiciens, oui que peut le bouillant et pessimiste Basile, que peut le cartésien et peureux Victor, et que peut la jeune et naïve Callixte… (oui mais non, affronter leurs peurs dans la caverne obscure ils peuvent !)

Être riche ? Pour quoi faire ?

A la dernière page nous voyons le Roi Banni et ses lieutenants jubiler (OMG c’est Victor Hugo et les Misérables passés du Côté Obscur de la Force !) : leur piège a fonctionné et ils ont obtenu le moyen de traquer l’un des derniers espoirs, et donc ils comptent bien remonter sa piste pour donner l’assaut sur le Royaume d’Azur… Mais ils ne savent pas qu’un autre espoir a déjà découvert leur repaire secret, et qu’un autre espoir a déjà passé toutes les épreuves pour passer de padawan à chevalier jedi ! Oh oui ce n’est pas la fin, mais le commencement !!!

Xavier Dorison est au top de sa forme, Joël Parnotte est au top de sa forme, et les deux auteurs se ménagent pas leurs efforts pour mettre en scène l’opposition de deux visions antinomiques du monde : pour résumer les altruistes qui sont « un pour tous » et qui veulent juste profiter des joies simples certes mais belles et bonnes qu’offre la vie, et les égoïstes pour ne pas dire les pervers narcissiques qui sont « tous pour un » et qui en veulent toujours plus pour toujours plus écraser les autres… A cet égard la scène de la gare plus qu’emblématique est une véritable déclaration de guerre aux homines crevarices : là où les suppôts de Celui-qu’il-ne-faut-pas-nommer voient « un lieu où se croisent les gens qui ont réussi et les gens qui ne sont rien » (comment le président de tous les Français a-t-il pu ainsi insulter toute l’humanité ? Rien que pour cela il sera maudit pour toute l’éternité !), les véritables être humains eux voient un lieu où se croisent toutes les émotions qui n’ont pas besoin de mots pour toucher le cœur des gens qui ne sont ne sont pas rien mais qui au contraire sont tout, et ce quel que soit leur compte en banque…

Nous pouvons ainsi rajouter le nom des auteurs à la liste de plus en plus longue d’artistes dégoûtés et écœurés par le thatchéro-reagano-macronisme : tout cela va mal finir ! (d’ailleurs je crois que ce n’est pas un hasard si on voit fleurir sur la Toile des rageux qui hurlent sur tous les toits que Xavier Dorison, l’un des auteurs de BD les plus talentueux de sa génération, n’est qu’un tâcheron sans ambition qui ne doit sa réputation et sa réussite que grâce aux gauchistes antifa des réseaux sociaux)

note : 9/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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