Eric Henninot
(scénario & dessin)
d’après Alain Damasio

La Horde du Contrevent, tome 2 :

L’Escadre Frêle

Bande dessinée, science-fiction / planet opera
Publiée le 16 octobre 2019 chez Delcourt

Après une formation impitoyable, et alors qu’ils étaient encore enfants, ils ont quitté Aberlaas, la cité des confins. Leur mission : marcher d’ouest en est jusqu’à’atteindre l’Extrême-Amont, source mythique du vent qui balaye leur monde jour et nuit, sans trêve ni répit. Ils sont la 34e Horde du Contrevent. Golgoth ouvre la marche ; derrière lui, Sov, le scribe, sur les épaules duquel l’avenir de la Horde tout entière va bientôt reposer

Dans ce tome 2 intitulé L’Escadre Frêle la quête de l’Extrême-Amont de la 34e Horde n’avance pas beaucoup pour bien des raisons :
– il y a  déjà comme le titre l’indique l’escadre l’Escadre Frêle, et le vaisseau Physalis semble rassembler à la fois les sirènes et les lotophages, tandis que le commodore Elkin semble être à la fois Circé et Calypso… et Sov de plus en plus parano les soupçonne de tous les maux !
– il y a ce formidable combat entre Erg le Combattant-Protecteur et Silène le Maître Foudre… Les légendes deviennent rumeurs, et les rumeurs deviennent réalité : si la Horde existe pour contre le Vent, la Poursuite existe pour contrer la Horde !
– il y a la Flaque de Lapsane gigantesque étendue mi-terre mi-eau qui n’est pas sans ressembler au Delta de l’Okavango… Pour les hordiers la traversier serait du suicide, mais pour Golgoth cela serait gagner encore un an de plus sur leurs parents et comme chacun le sait faire changer d’avis Golgoth c’est espérer que le vent change de sens !
La 34e Horde est plus que jamais sur le point de se disloquer et avec la mort du Prince Pietro Della Rocca c’est désormais au Sribe Sov de trouver des solutions pour qu’on en arrive pas là… D’autant plus que les membres de la 34e Horde apprenne que les survivants de la 33e Horde, leurs parents les attendent au pied du Glacier de Norska…

– Je n’ai jamais vraiment compris lorsque tu disais espérer trouver ton véritable visage en extrême-amont, Pietro. Désormais, je comprends et j’espère, moi aussi, y trouver le mien. Mais j’ai peur, si peur de ce que j’y découvrirai. Alors, je prie les vents afin que ce visage ne soit pas le masque ravagé de larmes et de désespoir que je porte aujourd’hui.

Par contre c’est un tome un prend tout son temps pour développer le relationship drama : le dictatorial Golgoth traumatisé par la mort de son frère surdoué dont il a hérité la place, la paranoïa d’Erg Machaon qui mieux que personne connaît les forces et faiblesses de ceux qui les poursuivent, les états d’âme de Callirhoé Déicoon la feuleuse, la sage Aoi Nan qui essaye de la réconforter ou la bonhommie des jumeaux Horst et Karst Dubka…
Mais c’est aussi un tome qui prend également pas mal de temps pour installer le worlbuiding : avec le développement technologie le point d’équilibre entre nomades et sédentaires est sur le point de rompre donc de bousculer l’ensemble des traditions des uns et des autres… Pire les lignes de fractures des 3 phalanges de l’Hordre s’agrandissent de jour en jour : les prêtres amontistes considèrent le système des Hordes comme une quête dans lequel le voyage importe plus que la destination, mais les marchandes pragma et les scientifiques chroniens qui semblent déjà avoir réponses aux énigmes que doivent résoudre les hordiers se moquent bien de la conservation des traditions. Mais qui veulent l’échec des hordiers : Pragma et Chroniens qui veulent que le changement soit maintenant, ou les Amontistes qui sont bien content que les sélections, les entraînements et les épreuves que doivent subir ses derniers continuent à servir d’instruments de coercition de la population (la feuleuse pense ainsi avec douleur au fils dont elle ne se souvient déjà plus, et qui s’il survit est condamné à devenir un monstre) ?

Car qu’est-ce qui attend les hordiers les meilleurs de leur peuple ? La mort, l’oubli ou une retraite miteuse au bout du monde sans espoir de revoir ni leur famille ni leur pays… Car nous sommes après tout dans une civilisation basée sur l’absurdité : si le vent souffle toujours dans le même sens et que tout le monde se plaint de l’avoir de face et jamais dans le dos, pourquoi avoir rassemblé la majorité de la population en son aval et avoir obligé tous ceux de l’amont à faire des allers-retours constants et à pieds vers la Falaise des Confins situé en Extrême-Aval, son point le plus éloigné et donc le plus contraignant ??? Même si plane la menace des mystères lostiens, c’est quand même vachement plus clair dans l’adaptation BD que dans le roman d’origine, donc applaudissons le travail et l’abnégation d’Eric Henninot qui n’a rien lâché face aux exigences stylistiques et philosophiques d’Alain Damasio pour élargir encore et encore le nombre des membres de la Horde du Contrevent !

note : 10/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

 
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