France Richemond (scénario)
Stefano Carloni (dessin)
sous la direction de Bernard Lecomte

Un Pape dans l’Histoire, tome 2 :

Léon le Grand : Défier Attila

Bande dessinée, histoire / antiquité
Publiée le 10 avril 2019 chez Glénat

Au Ve siècle de notre ère, le pape Léon le Grand, qui règne fermement sur son troupeau alors que l’Empire romain se désagrège et s’effondre, est une figure centrale de la papauté. Imposant la tradition avec force et détermination, il contribue à structurer l’Église et impose le choix de Rome comme siège incontestable du Christianisme. Ses sermons, ses lettres, sont toujours aujourd’hui consultés et restent une référence. À ce titre, Léon est l’un des pères de l’Église. Mais plus encore, lorsque le peuple de Rome se retrouve désarmé devant l’avancée barbare, alors que l’Empereur est incompétent ou même a pris la fuite, Léon ira affronter tant Attila et sa horde de Huns, que Genséric, le terrible chef vandale… L’empire s’effondrant, le pape reste le seul pouvoir auprès duquel les romains, terrifiés, cherchent refuge.

Après avoir lancé avec Fayard la collection Ils ont fait l’Histoire, les éditions Glénat s’associent à cerf pour lancer la collection Un Pape dans l’Histoire : les auteurs sont bons, mais le plotmaster qui s’occupe des appendices est Bernard Lecomte entre autres choses ancien rédac-chef du journal La Croix donc la biographie devient hagiographie et le côté historique disparaît devant le côté prosélyte…

Le pape Léon prévient et menace, et la Divine Providence se charge de châtier ceux qui ne l’ont pas écouté : comme il est facile de réécrire l’Histoire à posteriori ! Nous sommes évidemment et malheureusement dans l’hagiographie où l’homme s’efface pour laisser au mythe toute sa place : le pape est courageux et généreux, intègre et travailleur, intelligent et cultivé mais aussi humble et modeste… Mais bien sûr ! Et c’est d’autant plus voyant qu’en face de lui on met en scène les derniers épisodes du game of thrones romain, avec ces aristocrates et élitistes et suprématistes (ah ça entre racisme et xénophobie on cultive bien l’intolérance dans le petit monde de l’entre-soi ploutocratique) qui alors que l’empire est au bord du gouffre continuent leurs petites combines pour monter en grade, être supérieur aux autres et qui sait peut-être remporter le jackpot en devant calife à la place du calife, euh pardon empereur à la place de l’empereur.

Le zèle d’un évêque peut être plus destructeur que bienfaisant.

Les joutes verbales remplies de punchlines sont de véritables mines à citation : cela ferait une excellente série télé, d’ailleurs Alexandre Astier y avait pensé à la fin de son Kaamelott ! Tout est dans prétexte à nous monter les malheurs du temps : l’Empire coupé en deux doit faire face à la concurrence de l’Empire d’Attila, les autorités civiles qui ont fort à faire avec les sécessions sont peu à peu remplacées par les autorités religieuses qui ont fort à faire avec la multiplication des hérésies, et après l’invasion des Huns vient l’invasion des Vandales, le tout sur fond de trahisons et d’assassinats et les meilleurs partent toujours les premiers pour que les homines crevarices puissent se loler sur leurs tombes…

Et au final c’est le conseiller d’Attila qui remporte le Trône de Fer, mais comme les mêmes causes produisent les mêmes effets il est emporté à son tour par les intrigues et les complots des « premiers de cordées » qui n’ont jamais su quoi faire de leur temps et de leur argent si longuement et si savamment extorqué aux peuples du monde entier. France Richemond a désormais l’expérience nécessaire pour très bien nous raconter cela en 48 pages, et pour ne rien gâcher j’ai beaucoup aimé les dessins de Stefano Carloni mis en couleurs par Luca Merli !

note : 7,5/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

 
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