Jean-Charles Gaudin (scénario)
Federico Dallocchio (dessin)

Androïdes, tome 8 :

Odissey

Bande dessinée, science-fiction / dystopie
Publiée le 24 Juin 2020 chez Soleil

En 2095, le G8, composé des dirigeants des plus grandes puissances mondiales, prend place à bord de l’Odissey, une sphère hôtel grand luxe en orbite autour de la Terre. Tout se déroule au mieux jusqu’à ce qu’un groupe de terroristes vienne prendre les occupants en otages. Les plus grands chefs politiques sont à leur merci. On dépêche alors, pour débloquer la situation, un commando assisté à la dernière minute d’un agent spécial, infiltré à bord de l’hôtel satellite.

Avec le temps j’ai appris à me méfier des scénarios de Jean-Charles Gaudin, mais ici c’est plutôt pas mal. Reste que je crois que la série est arrivée au bout de son potentiel en usant et abusant d’un exercice de style. On utilise les lois de la robotique d’Isaac Asimov pour explorer la limite entre l’homme et la machine, et le concept même de robot / androïde semble n’exister que pour cela (je mets à part les reagano-thatchéro-macronistes pour les qui les robots / androïdes seraient enfin la solution pour se débarrasser de ces saloperies d’employés humains qui osent contester toutes les conneries de la ploutocratie). Car ici le récit est construit comme un double Set Up / Pay Off, mais cela n’est pas optimisé malgré un potentiel bigrement intéressant…

Nous sommes dans une station spatiale dédiée au tourisme de luxe pour crevards pétés de thunes, réquisitionnée par le G8 pour se la péter lors d’une commémoration quelconque dont personne n’a rien à secouer à part les intéressés. Sauf que ladite station a été infiltrée par une cellule dormante terroriste et que les choses dégénèrent rapidement et fortement. Il y a un phase d’exposition où on nous présente les lieux et les futurs otages, puis une autre phase d’exposition où on nous présente les enjeux et les preneurs d’otages, le point crucial étant leurs revendications. À partir de ce moment je suis obligé de passer en ZONE SPOILERS !
Les preneurs d’otages ne veulent pas de rançon, ils veulent prendre contact avec le père fondateur de la technologie des androïdes pour l’obliger à révéler l’existence des androïdes de types 3, à savoir les androïdes persuadés d’être humains conçus pour remplacer les humains. Nous sommes dans la légalisation totale et décomplexée de l’exploitation de l’homme par l’homme au profit de cette saloperie de ploutocratie mondialisée. Car le but final est de faire cohabiter une humanité révoltée au chômage perpétuelle et une humanité parallèle docile en esclavage perpétuelle. Leur identité est révélée par une anomalie veineuse, et c’est ainsi que se révèlent ceux qui sont humains et ceux qui ne le sont pas parmi les membres des diverses délégations du G8… et parmi les différents membres du commando spatial venu les délivrer !

Les politiques sont rarement de bonne compagnie… Ils finissent tous par vous blesser d’une manière ou d’une autre ! 

Il y a beaucoup de personnages, et toutes les possibilités d’interaction ou d’approfondissement des relations sont castrées par le fait que tout doit tenir en 56 pages. Donc les dynamiques de groupes entre les otages, les preneurs d’otages et les commandos venus délivrer les otages sont survolées. Plus dommageable encore… ATTENTION SPOILERS on survole au pas de course la folie qui s’empare des humains qui découvrent qu’ils ne le sont pas et l’ont jamais été, mais cela aurait été bien d’inclure les réactions des androïdes qui savent qu’ils ne sont pas humains et le seront jamais. Cela aurait permis d’explorer plus en profondeur les thématiques de la série. Et surtout c’est un peu con de ne pas avoir exploité plus que cela la relation de couple réelle ou factice entre le chef des révolutionnaires infiltrés et la super-espionne de la ploutocratie mondialisée. FIN SPOILERS

Bien sûr la détestation que nous avons tous contre « le pognon pour le pognon », qui a s’oublier un peu car je vois mal les médias mondiaux gloser sur notre CAC40 national (qui en fait ne l’est même puisqu’il n’est plus qu’une filiale franchisée de Wall Street). Dans un style réaliste, les dessins de Federico Dallocchio colorisés par Tyago Brandao et Bertand Benoit sont pas mal du tout, même si quelques planches manquent de détails de précision ce qui nuit un chouia à l’homogénéité et la qualité de l’ensemble (mais franchement, vraiment rien de méchant hein).

note : 7/10

Alfaric

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