Jason Aaron (scénario)
Mahmud Asrar et Gerardo Zaffino (dessin)
d’après R.E. Howard

Conan le barbare, tome 1 :

Vie et mort de Conan

Comics, fantasy / heroic fantasy
Publié en VF le 07 août 2019 chez Panini Comics
Publié en VO entre mars et juillet 2019 chez Marvel (« The Life & Death of Conan »)

La Maison des Idées confie à deux de ses principales stars le soin d’inaugurer une nouvelle ère dans la vie de Conan le Barbare. Plus de 90 ans après sa création, le héros est plus populaire que jamais ! Le retour de Conan ! Les aventures du Cimmérien le plus célèbre du monde sont de nouveau racontées par Marvel. Jason Aaron (« Avengers ») et Mahmud Asrar (« All-New X-Men ») nous dévoilent dans un long récit, une aventure du barbare, de sa jeunesse à l’époque où il est devenu le Roi Conan.

​Bien sûr les vrais savent, et on ne présente plus Conan le Cimmérien géniale création du trop tôt disparu R.E. Howard qui nous a offert moult heures de grande aventure… Quand Marvel Comics a annoncé en grande pompe le retour à la maison du fils prodigue j’étais très dubitatif. Il faut dire que les dernières création de la Maison des Idées étaient de médiocre qualité, et que Dark Horse a sacrément fait le taf en relançant la franchise aux USA. Pour ça pour dire que je suis allé à reculons vers ce titre. Alors on ne va se mentir Marvel a rapidement fait du Marvel c’est-à-dire multiplier les séries dérivées moyennes pour ne pas dire très moyennes sans lien avec la série mère, mais fort heureusement ladite série mère reste pas mal du tout. Pourquoi ? Parce le scénariste Jason Aaron adore Conan donc il a « la Passion », et que le dessinateur Mahmud Asrar adore Conan donc il a lui aussi « la Passion » (et pour ne rien gâcher c’est un fan de John Buscema)…

« Sache, ô Prince, qu’entre ces temps où l’océan englouti l’Atlantide aux cités étincelantes et ceux qui virent l’ascension des fils d’Aryas, fût un âge de prodiges, oùm la Terre se couvrit de royaumes comme le firmament d’étoiles…. Lors vint Conan, le Cimmérien, crinière noire, au regard sombre, portant le glaive, larron, pillard, égorgeur, aux gaîtés débordantes, aux tristesses insondables, et sous le cuir brut de ses sandales, croulaient les trônes de le la Terre. »

 

Épisode 1 : L’Arcane de la Sorcière Rouge
Tout commence avec le jeune Conan gladiateur qui en croyant culbuter une jeune fille de mauvaise vie se retrouve sur un autel prêt à être sacrifier à Razazel l’archidémon de la nuit, le glorieux et redoutable spectre de la mort rouge (hommage à un passage du film de John Milius). Et tout finit avec le vieux King Conan qui en écumant un champ de bataille tombe sur les disciples de la Sorcière Rouge qui le ramènent au bercail pour être de nouveau sacrifier à Razazel… L’époque a bien changé : nous somme en ce début de XXIe siècle à l’ère de la parité et les vieux garçons ont autant le droit que les jeunes filles d’être offerts en sacrifice aux dieux sombres ! Ce récit est à la fois l’introduction, le fil directeur et la conclusion car durant le trajet qui doit le mener vers la mort Conan se rappelle quelques uns de ses hauts faits de trompe-la-mort…

Épisode 2 : La Frontière Sauvage
Le récit se déroule juste après Au-delà de la rivière noire. Après l’invasion picte le cité de Velitrium est devenu le dernier rempart de la civilisation, et Conan franchit la frontière car il juré de prendre une tête picte pour chacun de ses défunts compagnons (dont un chien, souvenez-vous bien). Monster of the week oblige le chasseur devient le chassé, mais ayant survécu au choc des titans le chamane local en fait le champion de sa tribu pour se débarrassé d’une invasion de serpents géants. On voit que Jason Aaron s’inspire des aventures africaines de Solomon Kane pour aborder des thématiques intéressantes : la haine, la peur, l’incompréhension entre les peuples… Après le combat contre le boss de fin, quand les Pictes demandent à celui qu’ils considèrent désormais comme l’un des leurs de rester avec eux Conan hésite longuement à regagner la civilisation… (Dommage que ce soit gâché par un casque à cornes fort mal seyant, des kaijûs qui auraient plus eu leur place dans une série super-héroïque que dans une série heroic fantasy, et que pour des raisons que la raison ignore les Pictes septentrionaux ressemblent à des Africains méridionaux.)

Épisode 3 : Les Cimmériens ne prient pas
Dans ce récit Conan est encore un jeune voleur, et il a été condamné à mort pour avoir volé de l’or dans une région minière où le Veau d’Or règne en maître. Pour ne rien gâcher Conan a blessé et humilié de grand prêtre local qui veut absolument sa peau, donc toutes ses tentatives d’évasion tombent à l’eau. Jusqu’au moment où intervient la Divine Providence. Depuis ce fait divers édifiant, les locaux se sont mis à prier un étrange dieu venu du Nord appelé « Crom ». Les vrais savent, et reconnaîtront les ingrédient d’une célèbre nouvelle de Fritz Leiber intitulé Jours Maigres à Lankhmar

– Quels tristes et faibles dieux adore-t-on dans ton pays ? Tu devrais leur adresser tes prières !
– Crom. Mais les Cimmériens ne prient jamais ! Et même si on le faisait, Crom ne s’en soucierait pas !

Épisode 4 : Un Roi en cage
Dans cet épisode très joliment dessiné par Gerardo Zaffino (c’est un bon lui, paraît-il fan de Richard Corben) par un caprice du destin c’est un Conan bien plus âgé qui est monté sur le trône d’Aquilonie, et la vie de souverain le rend fou (voire fou à lier). Il somatise complètement et son corps dépérit rapidement. Pour retrouver la santé, il joue au vigilante masqué avec le lion emprisonné avec lequel il s’est d’amitié. Les autorités n’arrivent pas à mettre la main sur le mystérieux colosse accompagné d’un fauve qui nuit après nuit massacre et terrorise les criminels de la capitale, et que la population ne cesse d’acclamer comme un héros envoyé par les dieux pour les venger. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et la cure cesse faute de combattants. Et après avoir ramené son compagne sur ses terres natales kushiennes, King Conan doit se confronter à nouveau à la monotonie de la monarchie. Quand on veut on peut : on transpose tous les codes des « comics sombres » à l’heroic fantasy, et cela marche vachement bien ! (dommage pour le masque très « cultures urbaines » qui était de trop en plus de en pas être sa place)

Épisode 5 : Le Capitaine du Bateau des Morts
Le récit se déroule juste après La Reine de la Côte noire. Conan pleure toujours la mort de Bêlit, et il est engagé pour transporter un précieuse cargaison. Le pirate se fait piraté, grosse baston, et Conan est le seul survivant du massacre. Non parce qu’il a tué tout le monde, mais parce que la tuerie a réveillé un Grand Ancien lovecraftien. Nous somme dans la veine horrifique avec un côté contamination comme dans The Thing ou la saga Resident Evil, et sur son Radeau de la Méduse Conan doit cohabiter avec les morts qui peuvent se transformer en horreurs mutantes à tout moment. C’était bien, mais les monstres à tentacules étaient peu inspirés et c’est bien dommage… (ça et les bateaux qui clairement n’appartiennent pas aux mêmes époque, mais je pardonne volontiers car R.E. Howard recyclait volontiers peplum, piraterie et chevalerie pour nourrir les aventures de l’anti-héros cimmérien)

Épisode 6 : Le Seul survivant
Dans ce récit c’est la guerre entre Turaniens et Stygiens, et Conan combat dans l’armée du nouveau souverain Yezdigerd. Les Turaniens s’enlisent dans un bourbier afghan, d’autant plus que les Stygiens utilisent les mêmes tactiques de guérilla qu’Al-Qaïda. Conan qui survit à toutes les embuscades, en réussissant à sauver de plus en plus compagnons à chaque fois, n’arrive pas à convaincre les officiers et les généraux de changer de stratégie… Il fait grand bruit, et l’affaire remonte aux oreilles du Roi des Rois qui le fait convoquer en son palais. Pour faire la nique à son État-major, il le fait général, et pour le garder sous sa coupe il refuse de mettre en place son plan d’invasion de la Stygie… Grand mal lui a pris, mais ceci est une autre histoire !

 

Ce relaunch à la sauce Marvel ne fait vraiment pas tâche après les bons et loyaux services réalisés par Darkhorse. Jason Aaron a su apporté apporte quelque chose d’intéressant à chaque épisode en sortant des schémas stéréotypés du mago psycho, du port / monstre / trésor,et de la demoiselle en détresse… Le travail de Mahmud Asrar est moins stylé que les crayonnés vintage de Gerardo Zaffino, mais plus que satisfaisant ils font bien le taf. En bonus, on a les variant covers et quand on voit les bonbons pour les yeux que sont les illustrations de Daniel Acuna, Kirbi Fagan, Adi Granov, Greg Hildenbrandt, Lee Inhyuk, Lucio Parrillo, Esad Ribic, Jesus Saiz, Bill Sienkiewicz, Mark Brooks, Emanuela Lupacchino, Greg Land, Pepe Larraz, While Portacio, Greg Smalwood, Jackson Guice et Juan Totino Tedesco, je me dis que nous attendent encore moult heures de grandes aventures ! Les héros ne meurent jamais car les héros sont immortels : longue vie à Conan le Cimmérien !!!

note : 7+/10

Alfaric

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