Jean-Luc Masbou (scénario & dessin)
d’après R.E. Howard

Conan le Cimmérien, tome 14

Le Maraudeur Noir

Bande dessinée, fantasy / heroic fantasy
Publiée le 30 août 2023​ chez Glénat

Sur le territoire sauvage des Pictes, Valenso et ses hommes ont dû construire une forteresse de fortune après le naufrage de leur navire. Prisonniers de ce bout de terre, ils craignent le pire lorsqu’un bateau pirate des Barachas accoste sur la plage. Sous les ordres de Strom, le bastion est attaqué. Pourtant, les assaillants prennent la fuite devant l’imposant pavillon zingaréen qui arrive à son tour… Tout comme Strom, les Zingaréens sont à la recherche du trésor perdu de Tranicos le sanguinaire, et rêvent d’exhumer ce butin enfoui dans la forêt picte depuis près d’un siècle. Et un seul homme est capable de les guider à travers la jungle : Conan. Hélas, qui veut s’emparer des coffres débordant de richesses doit berner la mort… Car l’antique site regorge de magie noire. Les hommes de Tranicos, sinistres fantômes, n’ont jamais quitté ces lieux maudits. Quant aux tribus pictes, elles guettent le moment opportun pour fondre sur les intrus…

« Il y a bien longtemps… » Non, ça ne va pas.
« Il était une fois… » Non, ça ne va pas non plus.
« Entre l’époque où les océans engloutirent l’Atlantide et l’avènement des fils d’Aryas, il y eut une période de l’histoire durant laquelle vécut… ». Là on a le bon générique de début. Mais on ne va pas se mentir, on est davantage sur une île des Caraïbes que dans un coin perdu du monde hyborien, davantage dans le roman historique de Vulméa que dans le roman fantasy de Conan. Car la nouvelle Le Maraudeur Noir de R.E. Howard a connu une gestation difficile en jonglant entre le pur récit de piraterie et le récit de fantasy hybride…

Coincé entre les terres sauvages et l’océan tumultueux, le Comte Valenso doit affronter successivement les capitaines forbans Strom le Rouge et Zarono le Noir. Après quelques échauffourées on se regarde en chiens de faïence. Mais tout le monde est prêt à trahir tout le monde, car sur cette côté éloignée de la civilisation chaque comploteur est persuadé que ses concurrents est en tête de la course au légendaire trésor de Tranicos. Pour ne rien gâcher, quelqu’un n’a rien trouvé de mieux que d’exciter les tribus indigènes déjà plus ou moins sur le sentier de la guerre. C’est là, à environ moitié du récit, que débarque Conan le Cimmérien, une fois de plus en mode « problem solver » !

– Je te croyais mort ! Ton navire avait coulé !
– Il faudrait un océan plus grand pour m’avaler !

Mais quel est le problème qu’il doit résoudre ? Trouver le trésor, solder la rivalité entre Valenso, Strom et Zarono, s’unir ou périr face au péril de la horde sauvage pictes, ou délivrer Dame Belesa et la petite Tina de la malédiction du maraudeur noir. En effet, dans les appendices Patrice Louinet pointe les incohérences et les non-dits de la nouvelle d’origine pour arpenter la voie de l’analyse psychologique voire psychanalytique : le maraudeur noir n’est-il pas le côté sombre du Comte Valenso ? Dame Belesa est-elle la nièce, la fille ou l’amante du Comte Valenso ?? Pourquoi la petite Tina dont on ne sait presque rien est la seule à voir les agissements du maraudeur noir ??? (bref a-t-on finalement un précurseur fantasy du Chinatown de Roman Polanski et Robert Towne…)

Jean-Luc Masbou a visiblement flashé sur le côté piraterie du récit. Il est ainsi seul maître à bord en étant à la fois scénariste, dessinateur et coloriste de l’ensemble. L’adaptation en BD est fidèle à l’histoire d’origine (avec ses qualités et ses défauts). Mais j’ai trouvé les graphismes un peu inégaux : il y a quelques cases qui claquent un max alors que plusieurs se signalent par quelque petites déficiences… Dans tous les cas on ne retrouve pas toute la maestria de De Cape et de Crocs : l’auteur était-il le meilleur choix possible pour cet album ? Cela sera a chacun d’en juger, mais pour ma part j’ai passé un bon moment avec le travail appliqué été inspiré de Jean-Luc Masbou. Le problème c’est que cela souffre de la comparaison avec le Raven de Matthieu Lauffray qui adapte plus librement la même nouvelle que lui mais en 3 tomes de son côté…

note : 7+/10

Alfaric

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