Jean-Marc Rivière (scénario)
Gabriel Andrade (dessin)

Les Enquêtes de Machiavel, tome 1 :

La Voie du Mal

Bande dessinée, histoire / moyen-âge 
Publiée le 15 septembre 2021 chez Glénat

1498, Florence. Machiavel est un jeune idéaliste, plein d’insouciance insolente, travaillant aux archives de l’État où il s’ennuie à classer des documents. Il voudrait voir, sentir et toucher le monde, plutôt que de l’appréhender au travers de ces innombrables parchemins… Alors, quand le cadavre d’un inconnu est retrouvé dans l’Arno, il saisit l’opportunité de quitter la salle des archives pour devenir le secrétaire de Piero Soderini, personnage central de l’administration de la cité. Commence alors une enquête pleine de surprise pour le jeune homme, alors que l’atmosphère en ville est lourde des prêches du frère dominicain Savonarole, autour duquel se rassemblent chaque jour davantage de disciples fanatisés. Le rôle grandissant de ce personnage inquiète et gêne une partie de l’élite florentine. D’autant que Savonarole aurait fait acte de trahison. Partout sur les murs de la cité italienne, une lettre du Roi de France est affichée : elle promet le trône papal à Savonarole et expose son alliance avec la couronne française. Bientôt la ville sera à feu et à sang.

Nous somme à Florence à la Renaissance. Plus exactement en 1498, et le puritain Savonarole continue de sévir alors même que la Cité se retrouve coincée entre le roi de France et le pape de Rome. Niccolo est un adolescent surdoué qui s’emmerde comme un rat mort aux archives du Chancelier Scala et le fait bien comprendre à tout le monde en geignant tout le temps. Pour s’en débarrasser, il l’envoie comme sur une affaire de meurtre car on a retrouvé un corps gelé sous la glace du fleuve Arno. Mais son supérieur hiérarchie est le commissaire Pietro Soderini, et va devoir collaborer avec l’homme qu’il déteste le plus au monde dans les games of thrones où tout le monde est prêt à trahir tout le monde…

C’est classique voire simple, mais efficace sinon ultra efficace. Car non seulement originalité n’a jamais été synonyme de qualité, mais en plus c’est bien souvent dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures ! D’ailleurs cela aurait pu être un bon scénario pour la vénérable série Vasco, ou pour l’excellente série Les Savants abandonnée pour des raisons que la raison ignore…

En politique, tu tues ou tu es tué. Que ça te plaise ou non, il n’y a pas d’autre règle.

On retrouve donc le buddy movie entre le vieux briscard désabusé et le jeune rookie enthousiaste, et ici c’est très réussi grâce aux non-dits. Niccolo accuse Piero de tous les maux, à savoir l’arrestation, la condamnation, l’exil et la mort de son père. Mais il ne sait pas que Piero était le meilleur ami de son père, et que c’est contraint et forcé qu’il fait ce qu’il avait à faire en tant que représentant de l’ordre et de la justice…

Le relationship drama est donc réussi, et chacun a son side-kick. Pour Piero c’est Anna, une jeune et belle alchimiste aux cheveux blonds qui n’arrête pas de citer son Maestro. Pour Niccolo c’est Francesco Vettori, un jeune délinquant fin connaisseur de la truanderie et grand spécialiste en trafic de reliques. Par contre on repassera sur le naming du méchant, car on retrouve pour la énième fois un « Malatesta » ! (d’ailleurs en passant, c’est tout à l’honneur des auteurs ne pas avoir dépeint Savonarole comme un fanatique intolérant et violent)

Quand l’identité du mort est révélée, les suspects sont la politique et la religion. Et quand les deux veulent la même chose, il n’y a rien à faire. Malgré toutes leurs actions Pietro et Niccolo ne peuvent pas empêcher le drame ni faire éclater la vérité. Car en temps de guerre la vérité est toujours la première victime à déplorer, or les riches et les puissants sont en guerre tout le temps…

Jean-Marc Rivière nous offre une bonne histoire, et avec de bons personnages et de bon dialogues arrivent à rendre passionnant un récit plutôt classiquee. Gabriel Andrade transfuge du monde des comics réalise des graphismes fluides et dynamiques, très bien colorisés par le travail toujours impeccable d’Elvire De Cock. Cela ferait un bon film d’animation, d’ailleurs cela ferait un bon film tout court. On croise les doigts pour que la série n’en reste pas là !

note : 8/10

Alfaric

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