Xavier Dorison, (scénario)
Denis Bajram, Brice Cossu & Alexis Sentenac (dessin)
D’après Gô Nagai

Goldorak

Bande dessinée, science-fiction / super-robots 
Publiée le 15 octobre 2021 chez Kana

La guerre entre les forces de Véga et Goldorak est un lointain souvenir. Actarus et sa sœur sont repartis sur Euphor tandis qu’Alcor et Vénusia tentent de mener une vie normale. Mais, des confins de l’espace, surgit le plus puissant des golgoths : l’Hydragon. Alors que le monstre de l’ultime Division Ruine écrase les armées terriennes, les exigences des derniers représentants de Véga sidèrent la planète : sous peine d’annihilation totale, tous les habitants du Japon ont sept jours pour quitter leur pays et laisser les envahisseurs coloniser l’archipel. Face à cet ultimatum, il ne reste qu’un dernier espoir… Goldorak.

Au grand dam des petits cercle intellos prout prout, il existe des œuvres des défient le temps pour des millions et des millions de gens, et parfois mêmes des milliards et des milliards de gens. Tout simplement parce qu’elles portent de grands sentiments au lieu de petites idées… Donc non, cette adaptation n’est pas un « doudou pour boomers » comme on peut le lire ici ou là chez les thuriféraires de Télérama, mais bel et bien un plaidoyer universel pour la paix et la compréhension entre les peuples (choses dont ne veulent pas nos élites autoproclamées qui veulent absolument rejouer les années 1930)…

Goldorak / Grendizer est la 3e partie de la trilogie des super-robots de Gô Nagai, qu’on peut qualifier d’inventeur de cette branche de l’Âge d’Or de la SF japonaise. Mais il est un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître…

Il était une fois là haut loin dans les espoirs une guerre qui faisait rage, et pour y mettre fin un traité de paix et de coopération fut signé entre les forces de Véga et les forces d’Euphor. Le Prince Actarus devait épouser la Princesse Végalia, et les savants des deux nations devaient mettre leurs savoirs en commun pour construire le prototype d’armes nouvelles devant être les garantes de la paix. C’est ainsi que naquit « Goldorak », en hommage à l’antique Dieu de la Guerre euphorien, équipé des toutes dernières avancées robotiques végasiennes et des toutes dernières avancées énergétiques euphoriennes. Une fois le prototype achevé, et les transferts de technologie achevés, Véga trahit Euphor et lança l’invasion et l’éradication de la planète qui aurait pu être un obstacle à leur hégémonie. Parce que comme Palpatine dans Star Wars, c’est le Grand Stratéguerre lui-même qui avait foutu le bordel quelque part dans la galaxie pour arriver à ce résultat. Mais quand on massacre des innocents, il y en a toujours un pour y survivre envers et malgré tout. Et c’est ainsi que le Prince Actarus déroba Goldorak avant de se réfugier sur Terre. Devenu le fils adoptif du Professeur Procyon, travaillant sous couverture comme cowboy dans le ranch du Bouleau-Blanc, le héros pacifiste et écologiste pensait avoir trouvé une nouvelle vie pour oublier son ancienne vie… Mais l’avidité appelle toujours une avidité plus grande encore, et la Planète Bleue devient une nouvelle cible à conquérir et exploiter pour les forces de Véga. C’est ainsi qu’Actarus défend sa planète d’adoption avec l’invincible machine de guerre construite par ses ennemis !

La série a bien mieux marché dans le monde qu’au Japon. Car le public japonais n’a pas trop apprécié que le héros de la première partie de la trilogie serve de side-kick au héros de la troisième partie de la série. Et puis on ne va pas se mentir, le public japonais n’a pas du tout apprécié qu’on lui rappelle des mauvais souvenirs avec un Empire de Véga carrément calqué sur l’Empire Japonaise de la WWII ! Le Grand Stratéguerre a les mêmes poses et les mêmes discours que l’Empereur Hirohiro, Horos le savant fou est un détournement du criminel contre l’humanité Shirō Ishii et de son Unité 731, la Division Ruine est construite sur le modèle de la Waffen-SS, les planètes conquises ressemblent aux colonies japonaises, et je ne parle même pas des camps de concentration et d’extermination, ou de la censure et la propagande qui font que les Végasiens se battent encore et encore alors même que leur planète mère se meurent d’exploitation hypercapitaliste… Alors si on rajoute des allusions explicites aux massacres d’Iwō Jima et d’Okinawa, ainsi qu’aux bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, on ne peut que constater que dans les années 1970 on ne prenait pas les enfants japonais pour des teubés destinés à être décérébrés pour mieux acheter de la merde estampillée « Mickey »…

En France le succès fut immense, mais dans le reste du monde également (allez faire un petit tour sur la Toile et vous allez découvrir des œuvres fantastiques réalisés par des fans du monde entier, sans parler des trucs de fous dans le monde arabe hérités de la version égyptienne de la saga). La légende veut d’ailleurs que Goldorak soit le seul programme télévisé ayant fait 100% d’audience. Toujours est-il que la goldomania a fait rêver tout une jeune génération, et fait rager toutes les élites autoproclamées qui ont eu le plus grand mal à masquer leur racisme en parlant d’horribles « japonaiseries ». Quand un héros japonais pacifiste et écolo combat des fachos c’est mauvais pour la jeunesse, mais quand des héros yankee dézinguent à tour de bras des cocos, des pédés, des niakoués et des bougnoules (commandant sylvestre copyright), ça ne les a jamais choqué… Cherchez l’erreur ! (sûrement des zemmouriens avant l’heure)

– Je m’appelle Actarus. J’ai été prince sur Euphor. J’ai été réfugié sur Terre. J’ai été guerrier. J’ai été prisonnier. Quand j’ai cru tenir la victoire, j’ai connu la pire des défaites. J’ai même fait la paix avec mes ennemis. La paix s’est finie en hécatombe. Je m’appelle Actarus, et j’ai plus de regrets que de victoires. Mais le passé est le passé, et le futur est plein de promesses !

Parmi les combattants de la Génération Y, Goldorak et le Prince d’Euphor ont fait rêver Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Yoann Guillo. Mais il y eut les retombées du « goldogate » (Gô Nagai et la Toei ayant longtemps été en conflit judiciaire parce que le manga de Gô Nagai a largement été hybridé avec le film Uchū Enban Daisensō, qu’on peut trouver sur youtube si on s’y prend bien). Puis ensuite les retombées d’un deuxième « golgogate » avec un entreprise française vendant les vhs et les dvd de la série en France sans l’accord des ayants droit…

Peu importe, nous sommes le 15 octobre 2021 et contrairement à ce que chantaient Les Fatals Picards Goldorak n’est pas mort… Il est même plus vivant que jamais !!! Donc on reprend la fin de l’anime et non la fin du manga. Dans l’anime, après la victoire finale contre les forces Grand Stratéguerre venues s’installer sur Terre après la destruction de leur planète-mère, Actarus et Phénicia repartaient sur Euphor dans l’espoir d’y retrouver la vie. Dans le manga, après la victoire finale contre les forces Grand Stratéguerre venues s’installer sur Terre après la destruction de leur planète-mère, Actarus et Phénicia revenaient sur Terre pour la retrouver détruite. En effet montées les unes contre les autres par les agents de Véga, les grandes puissances avaient déclenché la guerre nucléaire dans l’espoir d’être les mieux placé dans le Nouveau Monde où il y auraient eu « ceux qui seraient tout » et « ceux qui n’auraient plus rien été »… Et ils se plaçaient en stase au fond de la Fosse des Mariannes, en attendant le jour où leur planète d’adoption pourrait renaître de ses cendres…

 

Chapitre1 : Lune Noire
Plusieurs années se sont écoulées depuis la fin de la série. Mais une soucoupe amirale végasienne se met en orbite autour de la Terre, et la soucoupe sauvage dénommé « Hydragon » dernier fleuron de la science végasienne s’écrase sur le Mont Fuji avant de s’attaquer à Toyko. C’est l’occasion pour Alcor golden boy des nouvelles technologies de sauver donc de retrouver Vénusia interne aux urgences…

Chapitre 2 : Sept Jours
Yros d’Arkhen, dernier général de la Division Ruine s’adresse simultanément à la Diète du Japon et au Parlement de l’ONU : les derniers végasiens réclament le Pays du Soleil Levant comme Terre Promise, et la population a sept jours pour évacuer le pays avant d’être massacrée. Les Forces d’Autodéfense japonaises demande au Professeur Procyon de reprendre du service, mais après refusé celui-ci est obligé d’accepté : Actarus est leur prisonnier…

Chapitre 3 : Prisonnier Zéro
Le Prince d’Euphor est donc revenu sur Terre, et depuis son retour il est torturé par les élites autoproclamées japonaises pour récupérer Goldorak et les technologiques qui vont avec pour faire la niques aux Chinois, aux Russes et aux Américains. Elles nous font chier ces élites autoproclamées, mais dans la catégorie chieuse de haute vol Phénicia organise de main de maître l’exfiltration de tout le monde…

Chapitre 4 : Euphor
Tout en ton sépia, on nous montre le retour d’Actarus et Phénicia fêtés comme des héros par les derniers survivants d’Euphor. Et on nous montre comment l’un et l’autre ont voulu participer à la reconstruction de leur patrie avant le deuxième massacre d’Euphor. Colère de Dieu sur Terre, Actarus et Goldorak ont massacré les Végasiens ayant massacré les Euphoriens. Le combat cessa faute de combattant, et Actarus revint sur Terre pour sauver Phénicia et mettre Goldorak hors de portée de nuire…

Chapitre 5 : Route n°9
Après l’exfiltration, l’infiltration. Le Docteur Procyon doit déjouer les protections qu’il a lui même mis en place pour protéger la patrouille des aigles, et Actarcus doit déjouer les protections qu’il a lui même mises en place pour protéger son précieux Goldorak. Mission Impossible ?

Chapitre 6 : J’arracherais de mes mains le cœur d’Actarus
Kehos lieutenant Yros d’Arkhen tente un coup de main sur l’ancien centre de recherche de la Team Goldorak, et met au défi Actarus de le tuer. Car Actarus n’a pas tout dit à ses camarades et il y a un compte personnel à régler avec lui. De retour à la soucoupe amirale, Kéhos propose à Yros d’Arkhen une attaque préventive (USA copyright), et le dernier général s’en remet à sa lieutenant Argaïa qui se range du côté de Kehos…

Chapitre 7 : Ils ont besoin de toi-même
Chapitre entièrement consacré à la confrontation entre les Team Goldorak et l’Hydragon. Et force est de constater que le dernier joujou végasien est une belle bête : modification de structure pour éviter les coups physiques, bouclier anti-lasernium captant et restituant l’énergie, auto-réparation nanotechnologique… Les gentils ne remportent pas la victoire, mais juste un répit…

Chapitre 8 : La Guerre de Riguel
Actarus est au chevet de de Riguel qui a fait une crise cardiaque. Le vieil homme lui avoue qu’il a fait la WWII, et qu’il y serait resté s’il n’avait pas prise sur lui de faire le premier pas vers l’ennemi pour obtenir une trêve. Car dans un îlot de l’Océan Pacifique si Jimmy Coupe-Coupe était le croquemitaine des Japonais, Riguel le Téméraire était le croquemitaines des Américains. Actarus révèle alors la vérité de ce qui s’est passé sur Euphor, à savoir que les envahisseurs étaient des réfugiés, qu’il n’a même pas chercher à négocier, et que c’est lui qui a déclenché les hostilités en tuants plus de civils et de soldats… Victime devenue bourreau Actarus n’est plus la solution, mais le problème. Mais il ne tient qu’à lui de à transformer la peur en espoir (vous savez ce truc qui fait vivre l’humanité depuis qu’elle est née mais qui fait horreur au reagano-thathéro-macronisme)

Chapitre 9 : Métamorphose
Malgré l’opposition de Phénicia qui se détourne de lui, Arctarus se rend de lui-même au général Yros d’Arkhen et lui promet de mettre tous les moyens à sa disposition pour que ce qu’il reste de son peuple obtiennent ce qui leur est dû. A savoir une terre d’accueil, un espoir, et un avenir (toutes choses que les zemmouriens et assimilés sont incapables de comprendre tellement ils sont obnubilés par la perte de leur privilèges, car on parle bien de CSP+/++/+++ qui n’ont strictement aucun problème de fin de mois)…

Chapitre 10 : Aucune Paix, Aucun Compromis
Kehos n’hésite pas une seule seconde à tuer Yros d’Arkhen et ses partisans pour faire passer sa vengeance avant la survie de son peuple. Après tout, on a bien des dirigeants qui n’hésitent pas à faire passer leur compte en banque avant la survie de l’humanité… En bon courtier du chaos et en bon rentier du néant il offre aux survivants de son peuple la vengeance plutôt que la survie. Et l’Hydragon plonge dans le Mont Fuji pour faire le plein de lasernium malgré l’opposition d’Actarus et Goldorak. Je ne sais pas si c’est fait exprès, mais cela ressemble bigrement au grand final du meilleur arc de la saga Atom / Astro Boy, j’ai nommé Le Robot le plus fort du monde ! Entre Kehos qui veut venger son enfant et Argaïa qui veut sauver son enfant, nous sommes dans le pathos le plus terrible qui soit. Mais le militaire qui préfère tuer tout le monde plutôt que de froisser son ego de monstre à visage humain finit enfin par trouver plus fort que soi. Les Végasiens préfèrent accepter leur fin que de continuer à commettre des crimes sans fin sous les ordres de tarés suprématistes (allez hop au hasard, ce connard de Georges Thierry d’Argenlieu qui a préféré provoqué la mort de millions de morts plutôt que de remettre en cause ses préjugés racistes avec le soutien des autorités et des élites autoproclamées)…

Conclusion : Un Enfant
Artarus survit grâce aux sacrifices des Végasiens et à l’intervention de sa sœur Phénicia qui malgré tout n’en démord pas : un bon Végasien est un Végasien mort et enterré. Actarus lui demande de le dire yeux dans les yeux à Kaisor enfant désemparé et traumatisé dernier survivant de son peuple…
Nous retrouvons tout le monde quelques temps plus tard au nouveau ranch du Boulot Blanc. Je vous laisse la surprise de plein de découvertes. Mais je ne résiste pas à la tentation de me demander si là haut dans les étoiles, le nouveau prince de l’espace n’était pas peut-être un adolescent végasien fils adoptif du Prince d’Euphor ! Quel pied de nez à tous les fachos spatiaux !!!

 

Ce projet de faire revivre les aventure du Prince de l’Espace aura duré 5 ans. Et bien on n’aura pas attendu pour rien ! C’était déjà culotté de réaliser un stand-alone de 145 pages, alors si on ajoute 20 pages de bonus c’est la fête. Les graphismes à six mains de Denis Bajram, Brice Cossu et Alexis Sentenac sont d’excellente facture, et la colorisation de Yoan Guisso tire encore l’ensemble vers le haut. C’est fluide et c’est dynamique, mais c’est surtout très beau. Alors on retrouve les personnages d’origine avec le relationship drama qui va bien, l’action et l’émotion de la sérier d’origine avec la touche d’humour voire d’autodérision qui va bien. Mais qui de mieux que Xavier Dorison le paladin de la culture populaire pour lutter contre la peur et l’ignorance, la haine et la violence, le mépris et l’indifférence ? Parce que finalement il ne manque à cet album que le destin de l’Empire de Véga : que sont devenus tous ces peuples réduits en esclavage ? J’aurai bien vu les victimes devenues bourreaux, les bourreaux devenir victimes, et Actarus et Goldorak obligés de protéger ceux qui l’avaient si longtemps combattu… On a bien réussi a rebooter Mazinger Z, si Gô Nagai et la Toei voulait bien laisser les plus grands artistes de l’autre pays du manga rebooter Grendizer / Goldorak, nous serions tous morts et au paradis des geeks !!!

Mais au final la boucle est-elle bouclée ?!

Dans le premier épisode de Goldorak, les habitants de ranch du Bouleau Blanc se demandaient si des peuples issus de planètes différentes pouvaient cohabiter ensemble. Dans l’épilogue de cette BD, les habitants du nouveau ranch du Bouleau Blanc constatent que des peuples issus de planètes différentes peuvent cohabiter ensemble.

Mieux encore en ces temps troublés où triomphe l’Argent Roi au détriment de toute l’humanité, j’ajouterais que la première déclaration de Koji Kabuto dans Mazinger Z était « L’argent a pour seule utilité d’aider à créer des choses extraordinaires », alors que l’une des dernières déclaration d’Alcor sa version francisée dans la saga Goldorak est « Pour la paix je suis prêt à tout donner à ceux qui autrefois voulait me tuer »
On est a des années lumières de tous ces tarés inhumains qui sont prêts à tout et au reste pour être l’homme / la femme le / la plus riche du cimetière. Et ne parlons pas de Bill Bates, Elon Musk, Mark Zuckerberg, Jeff Bezos et tutti quanti qui dépensent un pognon de dingue dans la recherche de l’immortalité en espérant en profiter avant de clamser…

PS: Denis, tu peux dormir tranquille maintenant car vous nous avez tous amenés au paradis des geek, et sans doute pour longtemps !

note : 10/10

Alfaric

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