Alcante, Laurent-Frédéric Bollée (scénario)
Enrique Breccia (dessin)

Golgotha, tome 1 :

L’Arène des maudits

Bande dessinée, histoire / antiquité
Publiée le 17 mars 2021 chez Soleil

Un gladiateur déchu, en quête de vengeance… Un prisonnier mystérieux, détenteur d’un incroyable secret… Un enfant, innocent et maltraité… Trois destins liés à un mythique forteresse qui fait trembler Rome : Golgotha !

Je n’ai encore lu La Bombe des mêmes scénaristes, mais c’est déjà lu quelques titres de Laurent-Frédéric Bollée et je retrouve bien son style avec des personnages complexes et des récits plein de non dits : ce n’est pas facile à aborder voire à apprécier…

Le récit commence à Pompéi en 63 ap. J.-C. avec Lucius, gladiateur adulé des foules qui veut partir en beauté avant de débuter une nouvelle carrière dans la politique. Mais son succès fait des jaloux, et le maître de son ludus ennemi juré de son nouveau sponsor a orchestré sa chute. Lucius aurait pu tout avoir, il va tout perdre face à un colosse africain albinos…
On a donc une histoire de chute, de reconstruction, de vengeance et qui sait de rédemption… Avec les gloires déchues de l’arène Lucius retrouve une communauté, et avec son ancien maître Falco il retrouve une dignité.

C’est là que les choses se compliquent, car une fois sa vengeance accomplie on change d’unité de temps, de lieu et d’action car on retrouve Lucius en 79 ap. J.-C. à Rome sur le chantier de l’amphithéâtre flavien destiné à devenir le Colisée. Le père mutilé rencontre le fils handicapé, mais ni l’un ni l’autre ne savent le lien de parenté qui les unit. Donc ce tome 1 n’est qu’une introduction, et impossible de savoir où les auteurs vont nous mener (sans parler de la dernière page à laquelle je n’ai absolument rien compris) !

– Devinent-ils l’étendue de ma puissance ? Croient-ils que trois adversaires me font peur ? Mon bras armé ne craint personne ! Ce n’est qu’un entraînement, mais je vais leur montrer qui je suis et qui je demeure à tout jamais. Le meilleur !

Car oui je n’arrive pas à cerner les ambitions des auteurs. Ce tome 1 généreux en sexe et en violence est un game of thrones romain qui ressemble trop au Spartacus de Steven S. DeKnight pour que cela soit fortuit… D’un côté on une exagération évidente qui atteint son point culminant lors du discours d’investiture du nouveau tribun de la plèbe de Pompéi, concentré de toute l’hypocrisie de la chose publique. Et d’un autre côté on a de manière presque incongrue dans ce panier de crabes ce couple de peintres* commentateurs, puis acteurs du récit quand un mari cocu mutile son fils bâtard juste pour se défouler. Pour ne rien gâcher on a moult interludes avec le migrant chrétien Eliachim, auquel les autorités romaines essayent d’arracher le secret de l’immortalité (avec moult actes de violence et de barbarie)… Remember Barabbas ?

Graphiquement j’avais déjà rencontré l’excellent artiste argentin Enrique Breccia dans la série Les Sentinelles, la WWI uchronique de Xavier Dorison, et son style baroque faisait merveille dans le grimdark super-héroïque. Ici dans un registre qui se veut sérieux j’ai mis du temps à m’y accoutumer, tellement je l’ai trouvé étrange avec avec des visages et des corps « freaks », et des décors ou des paysages « surréalistes » (pourtant si bien colorisés par Sébastien Gérard). J’ai retrouvé un peu l’esprit de Métal Hurlant, du coup impossible de m’enlever de la tête le travail d’Alejandro Jodorowsky. Et dans ses délires le maestro chilien est capable du meilleur comme du pire, donc je vais attendre le tome 2 avant de me forger un véritable avis… Dans tous les cas un récit intriguant, intéressant et très soigné !

* Pour des raisons que la raison ignore, dans l’Antiquité on considérait les sculpteurs comme de nobles artistes et les peintres comme des artisans roturiers…

note : en attente du tome 2

Alfaric

2 Commentaires

  1. Barbüz

    Merci de ce commentaire. J’avais adoré « Les Sentinelles ». De ce que je lis ici, je ne sais pas si je donnerai sa chance à cette série, qui a quand même l’air un poil racoleuse. Et puis, après tout, je n’ai pas encore commencé « Murena » !

    Réponse
    • Alfaric

      Pour connaître Maître Bollée, je ne crois absolument pas que le mot « racoleur » soit approprié ^^
      Mais bon, entre celle-ci et « Murena » c’est vrai que la question pour l’instant ne se pose pas !

      Réponse

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