Sylvain Runberg (scénario)
Boris Talijancic (dessin)

Hammerfall, tome 4

Ceux qui savent

Bande dessinée, histoire / fantasy 
Publié en juin 2009 chez Dupuis

La saga de la vengeance des frères Larsson se confond avec le combat des Svears (les Vikings) et des Francs, de leurs deux mondes, leurs deux civilisations, leurs deux religions. Au début de ce dernier tome, on retrouve les différents protagonistes dont les parcours vont entrer en collision : Harald, aidé par la déesse Freyja, va devoir affronter le roi fou des Skanes, le terrible Grimnir. Il lui faudra aussi retrouver et soumettre Bjorn le beau, qui tient toujours en captivité leurs épouses. Bjorn est aux portes de la forteresse d’Ulf le blanc. Ce dernier détient la relique promise au pape par Charlemagne. Les créatures des anciennes mythologies nordiques, les géants, les femmes-louves, vont sortir de l’ombre et aider les hommes dans leurs luttes. Alors qu’à Rome, un nouveau monde, unifié sous la religion unique, se prépare.

Tout ça pour ça ???

Le jeune Listus, serviteur de Carloman, se fait passer pour Wotan avant de pousser le chef saxon Wislig à partir en guerre contre son suzerain Charlemagne avant que le vrai Wotan ne lui confie Gungnir la lance indestructible qui ne manque jamais sa cible.
Harald, Heinrick et Vanadis mènent la rébellion skane (je me suis demandé tout du long pourquoi les rebelles skane avaient absolument besoin de 3 épées supplémentaires alors qu’ils sont déjà plusieurs dizaines/centaines), qui se conclut sur scène de pont suspendu plein de suspens. Puis Vanadis révèle sa véritable identité et demande à Harad et Heinrick de prendre la tête d’une expédition punitive contre Ulf le Blanc avec les géants du tome 3 et les Varynguis (des femme-louves qui sortent de nulle part).
Bjorn et son bras droit essayent de faire parler le sbire d’Ulf le Blanc alors que le sort, guidé par la main des dieux semblent s’acharner sur eux. Et s’ils réchappent à la traîtrise des mercenaires saxons, ce n’est que pour tomber dans les griffes d’Ulf le Blanc qui s’empresse de mettre en croix tout le monde en attendant l’arrivée de son maître… Qui fait son apparition dans une planche digne du Thor de Marvel.

Graphiquement cela serait satisfaisant si cela n’était pas aussi fluctuant : les graphismes retrouvent pas mal d’allant après un tome 3 très moyen mais le charadesign des personnages changent encore d’une planche/case à l’autre… Par contre quelle mauvaise idée de donner la même apparence au chef rebelle saxon en guerre contre Charlemagne et au chef traître saxon du groupe de Björn le beau. Et puis je ne comprends pas pourquoi on change de saison d’une planche à l’autre, parfois dans les mêmes lieux…
L’épilogue de 10 pages écrit en remplacement de tomes 5 et 6 qui ne sortiront jamais, est bâclé sur le fond comme sur la forme (mais pouvait-il en être autrement ?) :

ATTENTION SPOILERS Les rescapés de l’expédition de Björn sont sommairement exécutés à l’exception d’Arno, témoin des événements. Harald mène sa coalition contre la forteresse d’Ulf le Blanc, qui n’aura finalement servi à rien puisqu’il n’est qu’un pantin de Loki, mais la bataille ne dégage aucun souffle et ne comporte aucune baston épique. En apprenant la mort de sa bien-aimée, le héros se suicide. Heinrich révèle que le sort terrible qui s’est abattu sur les Swears était bien mérité car Björn le Beau avait été banni à tort car il avait bel et bien été trahi par les siens. Les reliques tellement recherchées sont finalement rendues par celui qui les avaient volées sans aucune explication, ni sur leurs vols ni sur leur restitution ! Et avant de présenter le couronnement impérial de Charlemagne à Rome, on nous rappelle que le jeune Carloman a été assassiné par Listus / Loki tandis que le souverain franc l’emportait sur les rebelles saxons… Le trickster viking avait un plan pour l’Empire franc mais on ne saura jamais lequel ! FIN SPOILERS

– Je voulais savoir… A quoi ressemble Dieu ? Son fils a-t-il les mêmes traits que lui ?
– Ce n’est pas en ces termes que tu dois penser Dieu. Il est amour et omnipotence. Dans les ténèbres, Dieu est lumière.
– Une lumière ? Peut-être… Mais elle reste encore invisible à mes yeux.

Finalement je n’ai absolument rien compris au sens de la série qui en dit plus dans son épilogue de 10 pages que dans les 200 pages qui précède ledit épilogue, les dieux disposant du don d’ubiquité faisant office de deus ex machina s’alliant et s’opposant sans qu’on ne sache rien des objectifs des uns et des autres… Du coup les incohérences pleuvent et on se demande bien pourquoi Loki s’est échiné à déclencher de manière compliquée tous ces événements tragiques. En plus l’éparpillement fait qu’on ne sait plus qui sont les personnages principaux et quels sont les fils directeurs du récit. Cela et les trucs qu’on met vachement en avant alors qu’ils ne font pas avancer l’histoire, qu’on reprend 4 tomes plus tard (ou qu’on ne reprend jamais, c’est selon en fait).

Il y avait tellement de façon plus simples et plus efficaces, bref meilleures, de raconter la même histoire… J’ai rarement lu une bande dessinée aussi mal écrite, du coup j’ai l’impression que les auteurs ne se sont jamais posées les bonnes questions :
– quelle histoire on veut raconter et comment va-t-on le raconter ?
– à quel public est-elle destinée et comment va-t-on la lui rendre accessible ?
Du coup on se retrouve face à une bande dessinée à l’ancienne sans la rigueur et la précision des bandes dessinées à l’ancienne. Pour moi, cette série est un accident industriel pour les éditions Dupuis qui a mis des moyens dans une série foireuse. Quand je vois toutes les excellentes séries arrêtées parfois dès le premier tome car pas assez bankables, alors qu’ici on a offert un superbe écrin et 4 tomes à un série boiteuse à bien des niveaux dès le départ, cela me dépasse totalement…

note : 2/10

Alfaric

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