Jean-Claude Bartoll (scénario)
Eon (dessin)

Karolus Magnus, l’Empereur des barbares

Tome 1 : L’Otage vascon

Bande dessinée, histoire / moyen-âge 
Publiée le 05 mai 2021 chez Soleil

Trois siècles après la chute de l’empire romain d’Occident, un autre est en train de naître de la volonté du fils aîné du premier roi de la dynastie de Carolingiens, et aussi petit-fils de Charles Martel. Rien ni personne ne résiste au jeune Karolus. A la mort de son père Pépin le Bref, il soumet successivement son frère, les redoutés guerriers saxons puis les Lombards. Mais deux adversaires de taille cernent l’empire en devenir du roi des Francs : les Sarrazins au sud des Pyrénées et l’empereur de Byzance, à l’est de la Méditerranée. C’est là qu’entrent en scène Artza le Vascon et Brunhilde la Saxonne, et Marwan le Wisigoth, que nous suivrons des sables brûlants d’El Andalus aux confins glacés de la Saxonie, de le douceur de l’Aquitaine aux forêts profondes de la Neustrie, des palais de Bagdad aux montagnes vascones !

La geste carolingienne est aussi riche sinon plus que la geste arthurienne, mais hégémonies anglaise puis américaine obligent l’un a quasiment évacué l’autre de l’imaginaire. Il était temps que les auteurs « continentaux » concurrence les auteurs « outremers » ! Dans cette veine cette BD intitulée « Karolus Magnus » ne démérite pas, mais elle a la malchance de sortir juste après Les Chroniques de Roncevaux de Juan Luis Landa qui raconte la même chose en beaucoup mieux sur le fond et sur la forme…

Charlemagne vient de matons les Saxons après Roland qui a mater les Bretons. C’est donc tout naturellement que l’Empire veut lancer une grande « Dilatatio Regni ». Cela tombe bien, puisque que le Calife de Bagdad compte l’utiliser pour affaiblir ses rivaux, à savoir l’Émir de Cordoue et le Basileus de Byzance. Mais son envoyé Marwan ibn al-Wisigotha semble avoir ses propres projet pour son pays d’origine…

Dans le même temps, la guerre civile fait rage au Pays Basque entre les partisans et les opposants d’Irrumendi l’Usurpateur, vassal de l’empereur. Les héros hors-la-loi Otxoa d’Apse et Irrubé de la Soule reçoivent mission de la Confrérie de l’Ours de retrouver et ramener l’héritier légitime Artza d’Ossau otage à la cour du Roi des Francs… Mais la maîtresse-espionne saxonne Brunehilde von Bruck semble avoir des projets pour ce dernier !

J’ai trouvé ça assez sympa, mais la suspension d’incrédulité est régulièrement mise à rude épreuve ! J’ai l’impression que c’est la première sortie du scénariste Jean-Claude Bartoll hors du XXe siècle, donc on se retrouve avec un Moyen-Âge entre cape et épée hollywoodien et grimdark martinien…

– Cet animal est gigantesque ! Comment se nomme cette créature de Dieu ?
– Un éléphant ! Il vient du pays des Barbaresques, au-delà des Colonnes d’Hercule !

Côté cape et épée hollywoodien :

Les héros hors-la-loi Otxoa d’Apse et Irrubé de la Soule c’est Robin des Bois et Petit-Jean, et la Confrérie de l’Ours c’est les Joyeux Compagnons de la Forêt de Sherwood (cela aurait été bien de la nommer avant la dernière page). Ils doivent retrouver le prince héritier du Pays Basque sans savoir où il est et à quoi il ressemble (ni même s’il est encore vivant), et ils tombent dessus à quelques kilomètres de Bayonne !

Pour ne rien gâcher il n’y a pas un bâtiment sans passage secrets, trous dans les murs pour espionnner, et tunnels souterrains pour s’enfuir. La scène de la prison de Bayonne, c’est limite Tyler et Donovan s’infiltrant dans le vaisseau mère (V, les vrais savent) On comprend également très rapidement qui sont les « gentils » qui ont un visage très sérieux, et les « méchants » qui ricanent et qui grimacent à qui mieux-mieux. Et on verra ce que donnera le relationship drama entre le beau brin et la belle blonde…

 

Côté grimdark martinien :

La narration reprend la structure en POVs de Game of Thrones, pour aboutir à un récit choral. On voit bien que tous les Francs ne pensent qu’à piller, dominer et exploiter : ça va plaire gauchos. Et on nous montre bien que tous les Arabes ne pensent qu’à tuer les hommes, violer les femmes et asservir les enfants : ça va plaire aux fachos. Pour faire bonne mesure on met bien en opposition la main droite de l’Empereur, à savoir Roland qui tient tout du gros bourrin néandertalien, et la main gauche de l’empereur, à savoir une bimbo bisexuelle qui donne des ordres à tout le monde vêtue d’une armure de cuir particulièrement moulante.

Déjà on l’introduit dans le scène avec une scène de cul lesbienne avec la reine, avant d’enchaîner avec une scène de cul de ménage à trois avec le roi. C’est d’autant plus putassier qu’il s’agit d’un contresens complet : Charlemagne était un chrétien très croyant et très pratiquant qui respectait à la lettre les commandements de l’Église… Évidemment la reine des discours féministes anachroniques, et pour ne rien gâcher ce qui la gêne le plus ce n’est pas l’inégalité entre les sexes mais le fait qu’elle ne puisse pas jouer à aux games of thrones pour piller, dominer et exploiter les autres à son tour… Soupirs…

 

Apparemment il s’agit du premier album du dessinateur Eon, ici assisté aux couleurs de Simona Rossi. On reste dans les nouveaux standards de chez Soleil, mais c’est pas mal du tout (surtout pour un premier album). C’est dynamique, c’est agréable à lire et le souffle de l’aventure est bien là !

note : 6,5/10

Alfaric

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