Thierry Gloris (scénario)
Emiliano Zarcone (dessin)

Kurusan,

Le Samouraï Noir

Tome 1 : Yasuke

Bande dessinée, histoire / XVIe siècle
Publiée le 13 janvier 2021 chez Delcourt

Nobunaga, premier unificateur du Japon, et Yasuke, l’esclave, n’avaient guère de probabilité de se rencontrer et encore moins de s’apprécier. Pourtant, le daimyo rachète Yasuke à son maître jésuite pour en faire son divertissement, puis son garde du corps et enfin son homme de confiance. Jusqu’à se lier d’amitié avec celui que la populace surnomme Kurusan, c’est à dire : Monsieur Noir.

Depuis quelques années les Social Justice Warriors politisent donc pourrissent notre imaginaire en effectuant du « gender swap » et du « colorwashing » (le prochain interprète de James Bond sera un femme noire un peu enrobée comme le dirait Obélix, où comment tuer une légende juste pour draguer un certain public qui de toutes les manières en a rien à faire de la légende). L’écriture inclusive ne changera rien à la traite des blanches, la censure d’Autant en emporte le vent et le réécriture des Dix Petits Nègres ne changera rien au sort des enfants-soldats africains, comme les écologistes voulant supprimer le sapin de noël ne feront rien pour la planète en changeant de i-machins tous les six mois…
Il y a tellement de personnages ayant réellement existé pour servir la cause qu’ils prétendent défendre, mais comme ils sont teubés et incultes ils ne s’en rendent même pas compte… Pire ils veulent détruire le passé parce qu’ils sont incapables d’améliorer le présent et / ou construire l’avenir, et ils gâchent notre vie parce qu’ils ne savent pas quoi faire de la leur, important stupidement la « cancel culture » anglo-saxonne qui veut juste faire de l’audience en collant aux diktats du « politiquement correct » du moment des « bobos hipsters » bien-pensants du moment…

Après ses X-Men carolingiens, ses John Steed et Emma Peel de la Belle Époque, et ses Brett Sinclair et Tony Curtis de la Renaissance, le très cool et très fun Thierry Gloris n’est toujours pas à court de bonnes idées en consacrant une série à un samouraï africain, le seul et unique Yasuke ! Et force est de constater qu’il semble y avoir un véritable hype multimédia autour du personnage « bigger than life », Netflix ayant même lancé en chantier un anime concernant le personnage…

« Ne leur résiste pas… Vis ! Pour moi et la mémoire de notre tribu. » Tel furent les derniers mots de ma mère avant que les chasseurs d’hommes incendient notre village. Cela me paraît si lointain. Je n’étais qu’un enfant terrifié. Maman… Qu’est-tu devenue ? Ton souvenir me hante. La souffrance du corps n’est rien par rapport à celle de l’âme.

Yussuf a été capturé en Afrique de l’Est par des négriers arabes avant d’être vendu comme esclave à un rajah moghol. Il a changé de mains et de maîtres avant d’intégrer l’Ordre des Jésuites sous le nom de Joseph. En accompagnant au Japon le dénommé Alessandro Valignano, il ne s’attendait aucunement à un grand destin. Mais son physique attire les foules (il mesure 1m82 dans un pays où les hommes ne dépassent guère 1m57), au point d’attirer l’attention d’Oda Nobunaga le conquérant des temps nouveaux. Et il fallait bien ce personnage hors-norme, iconoclaste parmi les iconoclastes, pour l’affranchir et en faire son garde du corps ! Joseph devient ainsi Yasuke, samouraï d’élite au cœur de tous les événements du Japon du Sengoku Jidaï !!!

La narration est plutôt classique, en alternant scènes d’apprentissage avec Kurusan qui réapprend la liberté donc l’humanité, et scènes de games of thrones au Pays du Soleil Levant avec Oda Nobunaga et ses adversaires qui multiplient intrigues et complots pour être calife à la place calife ! (et ce n’est pas si facile que cela à suivre hein, même quand on est comme moi un habitué des guerres astérixiennes du Sengoku Jidai)
L’ensemble est tiré par le haut par les beaux graphismes réalistes d’Emiliano Zarcone très bien colorisés par Bruno Tatti, et par les dialogues toujours aux petits oignons de l’ami Thierry Gloris qui officie ici plutôt dans le tragique que dans le comique. Car oui je connais par avance le destin des uns et des autres malgré les zones d’ombres que laissent forcément l’Histoire derrière elle… Et j’ai eu le plaisir d’être suffisamment expérimenté pour voir qu’il s’amusait comme un petit fou à piocher dans le Shogun de James Clavell (d’ailleurs sans doute plus dans la série télé que dans le livre, mais peu importe), et à faire ressembler son héros atypique au Jim Kelly d’Opération Dragon (encore une fois, les vrais savent)… C’est To Be Continued, Oh Yeah !

note : 8+/10

Alfaric

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