Olivier Richard (scénario)
Yang Weilin (dessin)

Les Licteurs, tome 2 :

Dagon

Bande dessinée, histoire / horreur 
Publiée le 08 juillet 2020 chez Glénat

Rome, IIIe siècle après Jésus-Christ. L’empereur mégalomane et débauché Héliogabale envoie les licteurs, les forces spéciales de Rome, à la poursuite de l’assassin du Grand Dieu Pan : l’Homme noir. Pendant que Héliogabale essaie d’imposer une nouvelle religion à Rome, les licteurs arrivent au mystérieux sanctuaire de Samothrace. Ils y découvrent que des forces effrayantes sont à l’œuvre, et que les dieux et les prophètes de l’empire ne sont pas ce qu’ils paraissent.

Allez c’est parti pour une chronique à charge car il n’y a rien que je déteste plus qu’un récit volontairement inachevé… Spoilers everywhere !

A Rome Pline investigue pour savoir qui se cache derrière les complots contre l’empereur. Et derrière les chrétiens qui se rassemblent sous le signe des poissons, il découvre des cultistes du dieu-poisson Dagon. Sur les lieux d’un massacre à Ostie, il prend en flagrant délit du meurtre de sa famille le sénateur Valérius qui lui fait des révélations. Valérius fait partie des Élus (il y a un lien tellement évident entre religion et suprématisme, qu’il n’y a que les fanatiques religieux pour ne pas le voir), et l’Empereur Caracalla en faisait partie aussi depuis sa conversion au culte des Grands Anciens à l’Oracle d’Amon, et s’il a été assassiné par le préfet du prétoire Macron c’était pour protéger Rome de leurs néfastes influences… L’enchaînement des événements est tellement pas clair que j’ai dû relire je ne sais pas combien de fois le tome pour savoir comment on passait d’une scène à l’autre !

A Samothrace, les licteurs affrontent successivement les monstres à la H.P. Lovecraft de Dagon et les fous-vivants à la George Romero de l’Homme Noir. Il y a des visions, des hallucinations et des voyages dans le temps mais ça ne change rien au déroulement du récit. Ils finissent par retrouver Evohé l’Homme Noir qui leur fait des révélations. L’Homme Noir n’est pas Nyarlathotep mais Dionysos qui vient d’un futur où les Olympiens ont été vaincus par les Grands Anciens qui ont avancé masqués sous le couvert de faux prophètes. Et comme il ne peut pas sauver le monde, il se contente de venger sa compagnonne d’arme Artémis en châtiant Dagon est ses séides… Et il y a tellement de trucs qui ne tiennent pas la route, que je sais même pas comment une telle BD a pu être publiée !

Seuls les oracles peuvent déchiffrer les rêves.

Déjà la caractérisation et le relationship drama des licteurs ne va pas. Artorius c’est le leader qui fait avancer tout le monde dans le sens de la marche et puis c’est tout. Il fait constamment référence à sa romanité, mais ne jure que par « Zeus » au lieu de « Jupiter » : c’est le genre de truc qui sent le long travail de relecture, hein ! Aurélia c’est la femme badass, et elle est piégée dans l’archétype de la princesse guerrière. Persée gallo-grec est un roublard qui se contente de balancer des vannes. Donc il ne nous reste que le bourrin chrétien qui hallucine un max, et qui quand des ailes de démon lui poussent dans le dos se prend pour un ange…

Pourquoi faire de Dionysos le dernier des mohicans ? Pourquoi développer une romance entre Dionysos et Artémis ? Pourquoi faire d’eux des Bonnie et Clyde sans aucun sens, sans aucun intérêt alors qu’il y avait plein de configurations plus simples, plus évidentes et plus efficaces ? Pourquoi l’autoproclamé dernier rempart contre le mal se perd en orgies cannibales avec des satyres, des ménades et des guerriers morts-vivants ? Pourquoi d’un côté utiliser tous les codes des comics super-héroïques à la DC / Marvel Comics, pour d’un autre côté lorgner du côté de la Dark Fantasy à la Dark Souls ? Des tas de questions que les auteurs et l’éditeur auraient pu et auraient dû se poser avant de commercialiser un BD mal pensée et mal exécutée, pire encore même pas achevée !!!

note : 3/10

Alfaric

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