Ebishi Maki
(scénario & dessin)

Le Livre des Sorcières,

tome 1

Manga, histoire / XVIe siècle
Publié en VF le 02 mars 2022 chez Glénat
Publié en VO en 2017 par Asahi Shimbunsha dans Nemuki + (« Majo wo Mamoru. / 魔女をまもる。»)

Le médecin Jean Wier est envoyé dans un village de campagne par son duc de tutelle, afin d’apaiser le tumulte causé par l’apparition d’un loup-garou. Tandis que Wier s’occupe de soigner Marthe, la jeune fille attaquée par le lycanthrope, la population frémit à l’idée de la présence d’un serviteur de Satan parmi elle.

Le Livre des Sorcières est une série en 3 tomes très fouillée mais aussi un peu fouillis, et c’est bien dommage !
L’auteure veut traiter de cette période où des médecins ont essayé, parfois avec succès, de faire passer possédés, sorciers et sorcières au rang de « malades » (mais il faudra trois siècles de plus pour qu’ils accèdent au statut de « patients »).

C’est ainsi qu’elle s’est richement documentée sur sa période et ses personnages : le précurseur Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim, le transformateur Jean Wier, ou l’énigmatique Johann Georg Faust. Car en réfutant le statut d’hérétiques adorateurs ou adoratrices de Satan, ces personnages à l’aura sulfureuse sont considérés comme des magiciens autant que comme des médecins, et ils doivent lutter autant contre l’Eglise catholique que contre les ouailles de Luther et Calvin (souvent bien pire dans ce domaine que leurs collègues papistes)…

Et pourtant les premiers à avoir eu une approche psychologique voire psychiatrique de la sorcellerie furent les inquisiteurs eux-mêmes… Un inquisiteur basque déclarait à ses supérieurs que la peur était une maladie contagieuse car les dénonciations se multipliaient à chacune de ses arrivées pour s’arrêter à chacun de ses départs.

Le dernier procès pour sorcellerie eut lieu en 1640 en France, et les juges conclurent à l’hystérie d’adolescentes se montant le bourrichon les unes les autres. Pendant de temps, ont brûlait au XVIIe siècle en Allemagne plus de 100000 sorciers et sorcières. D’un côté la civilisation, de l’autre les ravages de la peur et de l’ignorance… A la fin de ce même XVIIe siècle les Américain exécutaient les fameuses « sorcières de Salem » par pendaison, noyade ou lapidation… Et certains donnent encore des leçons de civilisation au reste du monde au lieu de balayer devant leur porte…

La peur, Jean naît de ce qu’on ne voit pas, de ce qu’on ne connaît pas. C’est pourquoi, diable ou pas, tu ne dois jamais craindre la connaissance.

Tout commence en 1551 dans le Saint-Empire romain germanique dans les Duchés unis de Juliers-Clèves-Berg. En effet le prince envoie le médecin Jean Wier accompagné d’un garde-chasse traquer un loup-garou dans un village local avant que ne germes les graines de la peur et de l’ignorance, toujours prompts à donner des fruits incitant à la plus grande violence entre les habitants.

Le souci c’est que l’enquête est farcie de flashbacks sur le passé de Jean Wier qui prennent de plus en plus de place, jusqu’à occulter le récit principal qui n’est pas résolu… L’idée est que le psychiatre a besoin d’une thérapie, traumatisé pour avoir condamné son amie d’enfance au bûcher et avoir assisté à son exécution. Mais l’auteure semble confondre sérial et feuilleton donc même si c’est bien fait, la narration reste bancale… Reste que les graphismes réalisés dans un noir et blanc très fin et très clair sont agréables et plutôt originaux sur la Planète Manga.

note : 7,5/10

Alfaric

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