Vicente Segrelles
(scénario & dessin)

Le Mercenaire,

tome 1 :

Le Peuple du Feu Sacré

Bande dessinée, fantasy / heroic fantasy 
Publié en VF en avril 1982 chez Glénat
Prépublié en VO en 1981 dans Cimoc (« El Mercenario 1 – El Pueblo del Fuego Sagrado »)

Le Mercenaire a pour mission de secourir l’épouse d’un riche marchand, séquestrée par des bandits qui demandent une importante somme contre sa libération. Le lieu de rendez-vous, est un vieux château inhabité à la limite nord du Pays des Nuages permanents, une région peuple de dangereux monstres. Condition sine qua non de l’échange : le porteur de la rançon doit venir seul, sinon la jeune femme sera exécutée. Mais Mercenaire se présente sans argent…

Vicente Segrelles est un artiste espagnol natif de Barcelone qui a travaillé dans le dessin industriel puis dans la publicité. Et c’est à 40 ans passés qu’il se met à la BD avec la série fantasy Le Mercenaire qui paraissait dans le magazine Cimoc. Force est de constater que son travail est très soigné donc très beau. Ils utilisent des couleurs directes dans un style très réaliste donc on ne sait plus si on en dans la peinture ou la photographie (je suis sûr que dans un cas comme dans l’autre il a travaillé avec sur modèles réels).

Cela aurait pu être froid ou figé, mais c’est trop inspiré par les œuvres de Moebius pour que cela se ressente vraiment (oui, je te vois Arzach repris ici à tellement de reprises). On a est à l’époque Frank Frazetta, Boris Vallejo, Julie Bell et tutti quanti, donc à l’époque des illustrations pleines d’hommes bien musclés et de femmes bien galbées traversant les grands espaces où combattant dans des huis-clos. L’auteur flirte ainsi régulièrement voire souvent avec la BD érotique, mais ce n’est jamais vulgaire ! (car c’était aussi une époque où personne ne s’offusquait de poitrines qu’on ne saurait voir, alors qu’aujourd’hui les tartuffes qui veulent jouer les censeurs d’un côté collaborent activement d’un autre côté avec la pornocratie mondialisée)

Mais Vicente Segrelles n’est pas aussi bon scénariste que dessinateur. Il y a trop de répétitions d’un tome à l’autre, et parfois à l’intérieur d’un même tome. Son Asie Centrale de l’An Mil est très « white washing » malgré l’omniprésence des ingrédients de l’oriental fantasy. Le Pays des Nuages est un double « monde perdu » divisé entre le monde d’en haut et le monde d’en bas qui ne communiquent pas entre eux. Mais Quelque part on aurait été sur Mars ou sur Vénus avec Edgar Rice Burrough, Edmond Hamilton, ou Leight Brackett que cela aurait été du pareil au même… Et c’est bien dommage car l’auteur avait des idées qui ne demandaient qu’à être exploitées. Car si on exploite les archétypes de la Sword & Sorcery, on retrouve aussi de tome en tome de belles réutilisations des contes de fées du monde entier…

– Si tu crois que nous ne sommes que de faibles femmes, tu te trompes. Jette ton arme.
– Je ne sais que trop bien de quoi sont capables certaines femmes.

Du coup c’est tout à son honneur d’avoir réalisé un feuilleton et non un serial. On aurait pu avoir un lonesome warrior sans peur et sans reproche, arrivant de nulle part, jouant le rôle de problem solver, puis repartant on ne sait où. Oui mais non, il se fait un ennemi mortel du mago psycho Claust qui veut conquérir le monde, un allié indéfectible du grand lama de l’Ordre du Cratère qui veut le stopper, et se rapproche de plus en plus de son alter ego féminin Nan-Tay…

Dans le tome 1 intitulé Le Peuple du Feu Sacré, le mercenaire est missionné par d’un riche marchand par tenter de sauver son épouse bien gaulée. Ce dernier est trop radin pour payer la rançon, et pour lui son choix est gagnant-gagnant : si le mercenaire réussit il aura récupéré son épouse à moindre coût, si le mercenaire échoue on ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir agi pour la récupérer. Après moult tribulations, le mercenaire réussit mais l’épouse qui n’a pas supporté qu’il ne succombe pas à ses avances le dénonce à son mari. Depuis l’aube de l’humanité la femme qui n’obtient pas ce qu’elle veut accuse untel ou untel d’agissements coupables, et depuis l’aube de l’humanité la police et la justice tombent dans le panneau…
Mais en fait ces 18 pages n’étaient que des tribulations introductives. Dans sa fuite, le mercenaire a rejoint le monde d’en bas et après avoir délivré une jeune femme dévêtue accrochée dans les airs il doit de nouveau délivrer une jeune femme dévêtue accrochée dans les airs. C’est ainsi qu’il se retrouve dans une étrange forteresse volante…

ATTENTION SPOILERS La forteresse volante ressemble drôlement à Laputa telle que Jonathan Swift l’a décrite dans Les Voyages de Gulliver, sauf qu’elle est peuplée et dirgée par les femmes et les filles du harem d’un sultan qui se sont fait la malle. Sauf que parmi elles la jeune Zaïda a l’impression d’avoir échangée une prison pour une autre, et qu’elle vient en aide au mercenaire jusqu’à sa fin aussi amère que tragique. FIN SPOILERS

PS: n’hésitez pas à privilégier l’édition en intégrales de 2021 plutôt que de hanter les stands des bouquinistes…

note : 6,5/10

Alfaric

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