Ran Kuze
(scénario & dessin)
d’après Level-5

Ni no Kuni : L’Héritier de la Lumière et le Prince Chat, tome 2

Manga, fantasy / portal fantasy
Publié en VF le 07 janvier 2021 chez Mana Books
Publié en VO en 2019 par Kodansha dans Bessatsu Shounen Magazine (« 二ノ国 »)

L’expédition punitive menée contre Sham est un succès ! Le prince des démons est mort et la paix est revenue sur Ni no Kuni. Sa mission accomplie, Tasuku peut enfin rentrer dans son monde, mais une bien triste nouvelle l’y attend : Tsubasa, son petit frère adoré, a été assassiné pendant son absence… Prêt à tout pour le ramener à la vie, il retourne à Ni no Kuni afin de supplier Miyako de le ressusciter grâce à un sort. Il découvre alors que Rosso, son ancien partenaire, a manigancé derrière son dos depuis le début. Tasuku sera-t-il prêt à payer le prix fort pour sauver son frère ?

Avant de commencer de donner mon avis, je dois signaler que je connais ni le jeu vidéo du studio Level-5 ni le film d’animation du studio Ghibli qui en est tiré.

Dans un shonen qui se respecte on ne pouvait pas finir sur un « sad end ». Donc dans ce tome 2 on retrouve Tasuku Arisawa en plein traumatisme suite à la mort de son petit frère (encore une fois, que font les services sociaux au Japon : on ne laisse pas un orphelin en deuil tout seul)… Quand la jeune reine Miyako et son espionne féline Somali débarque de l’autre monde pour demander de ses nouvelles (c’est le « Noir Portrait » de l’amie d’enfance du héros certes, mais on aurait pu se passer des cases et des poses sexy). C’est très commode pour relancer l’intrigue, car ce faisant elle lui dévoile immédiatement le pot aux roses : elle et Rosso lui ont menti sur tour pour le rallier à leur cause et l’inciter à réaliser leur objectif commun. Du coup, elle se sent coupable et retourne sa veste pour l’aider à ramener son petit frère à la vie. Retour au monde de Ni no Kuni, et débute une double course contre la montre : Miyako doit hériter du pouvoir de sa grand-mère et Tasuku doit récupérer la dépouille de Sham avant que Rosso ne se débarrasse de cette dernière…

– Un roi qui exécute ses sujets, ébranle son peuple et fait vaciller la confiance que ce dernier lui porte… Est-ce que cela te convient ? Crois-moi, en jouant à ce petit jeu, tu va finir par te retrouver vraiment seul !
– Ouais, et alors ? Mieux vaut être seul que mal accompagné.

La deuxième partie de ce tome 2 est nettement plus intéressante. Alors certes on retrouve le héros altruiste qui veut faire revenir du Côté Clair de la Force l’anti-héros égoïste (évidemment, les vrais savent), mais on retrouve le discours développé par pas mal de mangas depuis quelques temps sur l’estime de soi et l’estime des autres, donc sur la peur de soi et la peur des autres. Bien sûr le méchant faible avec les forts et faibles avec les forts nous sert une soupe suprématiste digne d’un manager issu d’une école de commerce à propos de la compétition entre les peuples et les nations qui nécessite des hommes forts encadrés par des dirigeants très forts. Et bien sûr par « hommes forts », on pense à des autocrates qui se croient sortis de la cuisse de jupiter avec un quotient émotionnel proche de zéro considérant qu’il y a ceux qui sont tout et ceux qui ne sont rien…

Rosso de Carabas qui a été élevé dans un environnement suprématiste délétère a essayé de compenser son absence de pouvoirs magiques dans la course aux armements magiques avec ce bon vieux « la fin justifie tous les moyens ». Et dans une vision du monde où tout le monde est en compétition avec tout le monde donc en guerre avec tout le monde, tu as vite fais de ne penser qu’à ta gueule en considérant que le reste du monde est ton ennemi qui une fois vaincu est destiné à être corvéable à merci… Tasuku change totalement de stratégie en essayant de convaincre Rosso qu’il n’est pas condamné à être un addict du pouvoir coupé du reste de l’humanité, en voulant lui apporter l’aide nécessaire pour consolider son trône si chèrement acquis et reconquis. Pas sûr qu’il ait réussi à le convaincre sans un coup de bluff : est-il ou n’est-il pas le « Noir Portait » de son antagoniste ?

Au final on a ici un manga sympa en deux tomes seulement (1 tome blanc et 1 tome noir), qui entre faux clichés et vraies bonnes idées s’avère particulièrement bien dessiné avec un beau message d’une brûlante actualité : on compte sur tous les professeurs documentalistes de France et de Navarre pour en faire l’acquisition et la promotion !

note : 7/10

Alfaric

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