Fabien Clavel

La Niréide

Roman, fantasy / mythologie 
Publié le 18 mars 2022 chez Mnémos

Troie brûle. Les guerriers grecs, vainqueurs, reprennent leurs navires. Parmi eux se trouve le prince Niréus de Symé. Arrivé très jeune à la guerre, il en revient balafré et dégoûté par les combats. Il ne demande plus qu’à retrouver sa petite île, comme l’Ithaque d’Ulysse. Cependant, sa propre odyssée ne sera pas de tout repos. Sous l’œil des dieux olympiens, il va errer longtemps en Méditerranée, affrontant Amazones, Gorgones et Telchines, dans un périple qui l’emmènera jusqu’aux Enfers. Un subtil et savant mélange d’action et de merveilleux, de réflexion et d’émotion, d’humain et de divin… le tout conté avec un souffle épique.

C’est un bien drôle d’objet littéraire que nous présentent l’éclectique Fabien Clavel et les éditions Mnémos (que je remercie pour leur confiance). Car au départ il s’agit d’une trilogie jeunesse parue chez l’éditeur Mango, ici complétée et retravaillée pour reparaître dans une « intégrale » au ton volontiers plus adulte. Mais on sent la différence entre La Dernière Odyssée et Les Gorgônautes, car difficile de changer le rythme et le relationship drama du public cible d’origine, et L’Empire des morts plus homogène, plus cohérent, plus mature et plus sombre (il faut dire que le thème se prêtait bien au changement d’atmosphère).Au cours des aventures et mésaventures du prince Niréus nous rencontrons les Olympiens, mais aussi Achille, Ulysse, Penthésilée, Hercule, Dédale, Pallinure et Enée… L’auteur joue et jongle donc avec la mythologie gréco-romaine, à travers les mystérieux Telchines qui font le lien entre les trois épisodes en venant en aide au héros contre des faveurs ultérieures sur lesquels ils restent volontairement évasifs…

 

Dans La Dernière Odyssée,
Mortels et Immortels continuent leurs querelles en s’en prenant aux rescapés de la Guerre de Troie (enfin, surtout aux vainqueurs Achéens). Marqué dans sa chair et dans son âme le prince Niréus veut juste retourner chez lui. Il rencontre divers compagnons : l’aède aveugle Démodocos, la servante Alexiarès, le faune Dryops, et le guerrier Rhomos (qui ont tous quelque chose à cacher). Et bien sûr il rencontre aussi diverses péripéties : les femmes de Lemnos, le roi lépreux Teuthras, les jeux funéraires des Amazones, l’attaque des Gorgones ou un combat contre une hydre… Et c’est en rentrant enfin chez lui qu’il découvre qui met tout en œuvre pour que ne reviennent pas chez eux les vainqueurs de la Guerre de Troie…

Dans Les Gorgônautes,
nous assistons à une seconde Gigantomachie. Trois géants échappés du Tartare ont enlevé les Heures sur l’Île du Soleil et le temps remonte son cours. A charge à la Team Nireus qui se reconstitue de manière presque picaresque de les retrouver et de les délivrer avant que ne s’estompe le règne des Olympiens. Mais pour Niréus cela pourrait aussi signifier le retour de sa chère île de Simé disparue sous les flots. Rappelons que pour vaincre un géant, il faut l’association d’un mortel et d’un immortel et que certains immortels ne pas très gracieux…

Même les dieux sont soumis aux Destins.

Dans L’Empire des Morts,
7 années se sont écoulées et Niréus pense avoir échoué à devenir un véritable héros (jamais premier, toujours second). Il souhaite donc « mourir » en rejoignant les Enfers (on continue donc dans la veine du romantique tourmenté), alors que Rhomé et ses compagnons accompagnent Enée aux Enfers pour le « secourir ». Pendant la catabase des uns et des autres, sur l’Olympe, nous assistons à un coup d’Etat, mais les gagnants de toutes ces perturbations ne sont pas ceux que l’on croit. Après un combat final à la Mario Bava (Hercule contre les Vampires, les vrais savent), le dénouement peut réserver aux lecteurs et aux lectrices de bonnes surprises…

 

L’ensemble ne fait qu’un peu plus de 400 pages mais la mise en page est tassée avec une police d’écriture un peu trop petite. Point positif, on notera la très élégante illustration de couverture d’Elonor Piteira.
En fin de compte, une trilogie plutôt sympathique voire agréable mais un peu trop inégale en raison des conditions de sa conception. Néanmoins les amateurs de mythologie ne devraient pas trop éprouver de difficulté pour y trouver leur bonheur… Fabien Clavel annonce une trilogie sur les mythes arthuriens et une autre sur les mythes carolingiens : on lui souhaite bonne chance et on a hâte de le voir aboutir dans son projet de triple trilogie sur les mythes européens…

note : 7+/10

Alfaric

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