« Sache ô Prince, qu’entre la venue de l’Elfe Fedath le Méphitique et les discordes magiques des Trompes de Sedania, il y eut une ère connue des chroniqueurs athéens au cours de laquelle des royaumes humains se répandirent à a surface du monde d’Aquilon. Un âge obscur et mystérieux empli d’un souffle épique dont les instants les plus insipides paraîtront un jour comme le théâtre de faits hautement héroïques. Un temps reculé que ne soupçonne même pas l’alchimiste le plus fou. C’est en ces temps que vint Kronan, Orc du Mahalal aux cheveux noirs, au regard sombre, l’épée au poing ! Tour à tour voleur, pillard, tueur et roi, aux accès de mélancolie aussi démesurées que ses joies, il foula de ses sandales les trônes constellés de joyaux des Terres d’Arran. »
Dois vraiment ajouter quelque chose ? Pire encore, ai-je vraiment besoin d’expliquer pourquoi c’était un tome très très cool et très très fun ???

Back to Basics ! Et là où il y a de la Fantasy il y a forcément du R.E. Howard quelque part (n’en déplaisent aux commissaires littéraires suffisamment stupides pour le qualifier d’auteur fasciste qui écrivait des récits machistes et racistes, les gens écrivant ou lisant de la Fantasy étant forcément fascistes, machistes et racistes selon le petit monde de l’entre-qu’eux bien trop souvent fasciste, machiste et raciste)… Entre hommage et parodie Jean-Luc Istin s’amuse visiblement beaucoup à faire le remake de A Witch Shall Be Born / Une Sorcière viendra au monde, l’orc Kronan de Malahal remplaçant l’humain Conan de Cimmérie (et il s’amuse d’autant plus qu’il se place lui-même au cœur du récit sous l’apparence du chroniqueur sans nom du Temple des Savoirs Anciens).

Les vrais connaissent l’histoire par cœur : la douce et vertueuse reine est remplacée par sa sœur jumelle dure et vicieuse, qui se complaît à la tourmenter et à la torturer, elle, son pays et son peuple, autant par caprice que par vengeance. Il y a toujours des justes et des innocents pour échapper aux massacres, et son coup d’État a laissé en vie plusieurs loyalistes. Parmi eux un certain aventurier habité par une grande destinée, qui a juré de faire éclater la vérité quoi qu’il puisse en coûter ! Comme on dit « monumentale erreur », mais « Valar Morghulis » ou « Sic Semper Tyrannis ? » Alea Jacta Est !!!

Dans le passé se trouvent toujours les réponses aux événements présents.

Après l’excellent Alex Sierra c’est l’excellent Sébastien Grenier qui signe les graphismes de la collection Orcs & Gobelins, malheureusement on lui demandé d’abandonner la gouache et l’acrylique pour passer en couleurs directes ici réalisées par Nanjan. Grosso modo il édulcore (pour ne pas dire castre) volontairement son style pour rentrer dans le moule de la saga des Terres d’Arran, mais on ne pas brider un tel talent et le « heavy metal » ressort forcément à un moment ou un autre (comme dans cette magnifique scène d’orgie à la vingtième page)…

D’ailleurs pour faire hommage à un tel talent, on aura droit à une édition en noir et blanc, mais quand on voit les « bonus » offerts par le dessinateur en fin d’album on est en droit de rêver : eh les mecs de chez Glénat, vous pouvez engager Sébastien Grenier pour un ou plusieurs tomes de la collection Conan SVP ? (argh le casting de L’Heure du Dragon semble déjà complet, mais bon R.E. Howard a écrit suffisamment d’heures de grandes aventures pour que Sebastien « Heavy Metal » Grenier puisse s’y épanouir et nous y régaler)

note : 8+/10

Alfaric