Atsushi Kaneko
(scénario & dessin)
d’après Osamu Tezuka

Search and Destroy, tome 3

(pour public averti)

Manga, science-fiction / cyberpunk
Publié en VF le 10 Novembre 2021 chez Delcourt / Tonkam
Publié en VO en 2018 par Micro Magazine, prépublié dans TezuComi (« サーチアンドデストロイ »)

Le combat de Hyaku pour retrouver ses 48 membres et organes dérobés par les « creech » touche à sa fin. En ce jour anniversaire de la fin de la guerre, la colère des créatures opprimées explose en un acte terroriste qui secoue la ville. Au cœur de la panique, comme guidée par le destin, Hyaku rencontre aussi son père. De sa bouche, elle apprend tout de son effrayant passé… De son côté, Doro est en grand danger : le terrible secret de ses origines est sur le point de le rattraper !

Avant de prononcer la moindre critique sur l’adaptation de Dororo par Atsushi Kaneko, il faut se rappeler que Dororo est un manga qu’Osamu Tezuka le plus grand mangaka de tous les temps réunis a laissé inachevé. C’est vous dire qu’un sujet aussi ardu n’est pas à la portée du premier venu ! Dans un gros tome de 320 pages Atsushi Kaneko nous livre le plus grand manifeste anarchiste depuis Matrix !!!

Dans une cité néo-stalinienne riche en terres rares souhaitant être la capitale de la robotique mondiale, le jour anniversaire de la fin de la guerre, les riches se goinfrent sans merci tandis que les pauvres crèvent de faim (toute comparaison avec cette saloperie de reagano-thathéro-macronisme n’est aucunement fortuite). Alors on a d’un 1er côté les creechs d’ancienne génération qui lancent le Grand Soir donc l’assaut du palais présidentiel avant d’être remplacés par les creechs de nouvelle génération jugés plus efficaces car plus dociles (#luttedesclasses, le truc qui n’est pas censé existé mais que les classes supérieures se glorifient d’avoir gagné). On a ensuite d’un 2e côté Hyaku qui chasse ses tortionnaires sans savoir que le tortionnaire en chef est son propre père. Et on a enfin d’un 3e côté Doro qui est traqué sans pitié par des assassins cyborgs déguisés en vieux couple bourgeois er misanthrope (qui veut récupérer le « spécimen D66 ». Ce dernier est un être artificiel destiné à être immortel, donc le vaisseau hermaphrodite de milliardaires de merde persuadés d’être indispensable à la bonne marche de l’humanité : qu’ils crèvent tous de cancers bien dégueulasses, l’humanité ne s’en portera que bien mieux car on n’a pas besoin d’eux et de leurs mentalités suprématistes !

 

– Il paraît que la bombe artisanale était un amas de déchets mécaniques provenant de carcasses de créatures…
– Tâchez d’être prudent… C’est le genre d’incident qui pourrait compromettre notre contrat.
– Aucune inquiétude… Ce n’était rien de plus qu’un petit bug.
– Les creech que mon entreprise s’apprête à produire ne souffriront pas de ce genre de dysfonctionnement. Ce seront des forces de travail efficaces et dociles. Des versions améliorées de nous-mêmes, en somme. Dorénavant, chez nous aussi, il y aura des dominants et des dominés. Encore une notion inspirée par les hommes.

ATTENTION SPOILERS En voulant mettre fin à la malédiction de sa dynastie où les enfants prennent le pouvoir en tuant leurs parents, comme dans n’importe quel tragédie grecque le tyran local ne fait que hâter sa fin en trichant avec le destin. En voulant se débarrasser de son propre enfant de la manière de la plus horrible possible (la transformer en réservoir de pièces détachées pour ses soldats mécaniques), il n’a fait qu’enclencher l’engrenage qui va lui être fatal. Pire en transformant un humaniste en meurtrier, obligé de dépecer morceau par morceau une enfant pour qu’on ne tue pas ses patients, il crée le créateur de la créature qui va le pourchasser et qui va le tuer…

Mais au bout de sa quête, Hyaku n’a pas réponse à ses questions : atteint d’une tumeur incurable le creech qui lui a volé son cerveau préfère se suicider que de le lui rendre, car il est lui et donc lui est il. Du coup ayant récupéré le cerveau d’un autre (humain, animal, robotique ?), Hyaku se pose toujours autant de question sur son identité… Si Tsukomo lui avait donné le cerveau de son propre enfant, il serait son véritable père… Et aucune réponse sur le loup incarnant la justice immanente et le serpent représentant la tentation immanente… FIN SPOILERS

Au final la colère de Tsukumo nourrit la colère de Hyaku, la colère de Hyaku nourrit la colère de Doro, et le colère de Doro nourrit la colère de la Terre tout entière. Soyez toutes et tous en colère car il y a trop de misère et d’injustice. Marre de ces milliardaires de merde soutenus par ses millionnaires de merdes qui nous expliquent qu’il faut travailler encore et toujours plus dans un monde où les machines ont remplacé tout au presque des activités humaines (à commencer par les leurs, mais eux gardent leur « bullshit jobs » grassement payés mais qui ne servent à rien du tout). Leiji Matsumoto nous mettait en garde dès les années 1970 dans Albator et Osamu Tezuka dès années 1960 dans Astro Boy. Oui nous avons tous les moyens nécessaires pour transformer la Terre en Paradis, mais les élites autoproclamées s’acharnent avec les mêmes moyens à la transformer en enfer car sans pauvres il n’y auraient plus de riches. Si les hommes et femmes qui veulent être les connards et les connardes les plus riches du cimetière faisaient don du fric dont il ne savent plus quoi foutre tous les problèmes de l’humanité se résoudraient d’eux-mêmes au lieu de faire la course aux i-machins qui ne servent à rien sinon détruire des emplois donc des vies ! Oui mais non, si on veut survivre il faut détruire l’hypercapitalisme ultralibéral avant qu’il ne détruise le monde donc l’humanité…

note : 9+/10

Alfaric

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