Tiburce Oger (scénario)
Mathieu Contis (dessin)

Black Sands :

Unité 731

Bande dessinée, histoire / fantastique / horreur
Publiée le 16 mars 2016 chez Rue de Sèvres

Pacifique, 1943. La guerre fait rage entre le Japon et les États-Unis. Les quelques rescapés d’un affrontement en mer échouent sur une petite île. Leur situation, déjà pas brillante, bascule dans l’horreur quand ils sont attaqués par des créatures, plus zombies que japonais… bientôt le caporal Joseph Gregovitz reste seul survivant. Mais le pire est encore devant lui : l’île abrite un laboratoire militaire japonais où les cobayes ne sont d’autres que… des humains. La course pour la vie commence.

Pour commencer, coup de cœur ! Les éditions Rue de Sèvres ont tout compris : ce n’est pas le nombre de pages qui doit dicter le récit mais le récit qui doit dicter le nombre de pages, et ici avec plus de 100 pages les auteurs ont le temps de raconter et développer leur histoire…
Et cette histoire est divisée en 4 parties avec 1 prologue et 3 actes dans lequel nous passons du récit de guerre au récit d’horreur, ça c’est plutôt assez classique, mais ensuite nous passons à une réflexion sur la fin qui justifie tous les moyens et sur le fardeau de l’immortalité sur fond de romance entre le jeune et romantique Joseph Gregorovitz et la jeune et romantique July Rosino…
Tout se déroule durant la Seconde Guerre Mondiale et les personnages sont perdus dans l’Océan Pacifique quelque part dans l’Archipel Bismarck… Tout commence avec un commando envoyé en mission sur une île lostienne qui tombe sur une horreur sans nom, avant que les rescapés d’un navire torpillé ne connaissent subissent également le même sort : tout ceux qui ont déjà vu un film de George Romero seront en terrain connu ^^
Le seul survivant de hécatombe devient dans un camp de la mort le nouveau maruta des sbires de cette saloperie de Shirô Ishii, mais les cobayes encore vivants et les cobayes déjà morts-vivants se rebellent contre leurs geôliers et le héros chargé par ses compagnons d’infortune de tuer le Subori le tortionnaire en chef doit s’opposer à deux commando GI’s chargés de le ramener lui et ses travaux chez l’Oncle Sam…
Suite aux tragiques événements, c’est à Yomostu-kuni (= royaume des ténèbres) qu’un américain et un japonais ayant involontairement réussi l’agenda supersoldat font alliance pour échapper aux nettoyeurs des services secrets américains et aux nettoyeurs des services secrets japonais… Et franchement envers les prétendus défenseurs de la démocratie et les assurés défenseurs du totalitarisme, il n’y a guère de différences ! (et il y a quelque chose de gerbant dans le fait que les puissants savent toute la vérité sur des horreurs sans nom, mais ne font absolument quitte à laisser souffrir et crever des multitudes, au nom d’un prétendu intérêt commun et supérieur qui ressemble ô combien à des petites combines bien calculée et bassement personnelles…)

– Cette guerre aura une fin… De tout ceci, nous devrons en répondre un jour ou l’autre devant l’humanité toute entière… Et il vaudra mieux, ce jour-là, être dans le camp des vainqueurs !!

Une belle histoire, qui ferait une bonne série ou un bon film. Après il y a des petits trucs qui m’ont empêché de m’emballer
– les transitions entre des différentes parties se veulent stylées, mais je ne suis pas sûr qu’elles apportent vraiment une plus-value au récit par rapport à une narration plus classique certes mais plus fluide aussi (car après tout, par exemple, on se serait passé du prologue cela aurait été du pareil au même)
– le pourquoi du comment est quand même un peu confus…
ATTENTION SPOILERS Pourquoi les indigènes deviennent des immortels et des exceptions des zombies ? Pourquoi les cobayes deviennent des zombies et des exceptions des immortels ? Et pourquoi Japonais et Américains étaient au courant de tout cela ? FIN SPOILERS
– des dessins de Mathieu Contis sont soignés, avec un travail appréciable sur l’encrage et la colorisation… après, j’ai eu du mal à distinguer moult personnages les uns des autres, et j’ai trouvé les graphismes trop gentils par rapport à l’histoire racontée, sans compter que le découpage manque un peu de tripes (sans mauvais jeu de mots hein)
– dernier élément, qui relève uniquement des goûts et des couleurs, j’ai beaucoup de sympathie voire d’admiration pour Tiburce Oger mais je n’ai jamais vraiment accroché à l’ambiance de ses œuvres toutes empreintes de mélancolie…
Pour finir coup de gueule ! L’un des pires monstres de l’Histoire de l’Humanité, personnellement responsable de la mort dans d’horribles souffrances de centaines de milliers d’individus n’a jamais été inquiété… Pourquoi ? Parce que les Etats-Unis lui ont offert l’immunité en échange des résultats de ses travaux, qui leur permirent de faire un gigantesque bond en avant dans le domaine des Armes de Destruction Massives qu’ils se firent une joie de tester sur le terrain durant la Guerre de Corée… Je maudis le leader du monde libre, voilà c’est dit !
Et je ne résiste pas à l’envie de faire un coucou à tous les lecteurs du livre de Ken Liu intitulé L’Homme qui mit fin à l’Histoire, qui ont loué sa brillante originalité de traiter du sujet méconnu de l’Unité 731 … Cela fait des années que le sujet est traité dans médias mais comme ce n’était estampillé « intello », au contraire de cette novella, cela a été totalement et superbement ignoré par les prescripteurs d’opinion…

note : 6,5/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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