Ryo Sumiyoshi
(scénario & dessin)

Centaures, tome 1

Manga, fantasy
Publié en VF le 17 janvier 2018 chez Glénat
Publié en VO à partir de 2016 dans le magazine Matogrosso (« Jinba / 人馬 »)

Plus téméraire qu’un cheval, plus fier qu’un homme, le centaure est un être divin, côtoyant les hommes depuis la nuit des temps. Mais en ces périodes de trouble, les humains les ont réduits à l’esclavage, afin de les utiliser comme “armes de guerre”. Pour sauver son fils, le fier et sauvage centaure Matsukaze se laisse capturer par les humains. Il y fait la rencontre de Kohibari, un jeune mâle de son espèce, apprivoisé par les hommes. Ensemble, ils tenteront une folle évasion pour reconquérir la liberté de leur peuple…

J’aime la fantasy et j’aime les mangas, donc je prends mon bâton de pèlerin pour vous faire découvrir une nouvelle série qui répond exactement aux questions que je m’étais posées à la lecture du livre Les Centaures d’André Lichtenberger !

Il était une fois un pays où humains et centaures vivaient en paix, mais vint un jour de sinistres individus gens autoproclamés « seigneurs » avec des concepts bizarres et malsains : argent, guerre, esclavage… Les centaures des plaines sédentaires furent ainsi asservis, mutilés et massacrés, tandis que les centaures des montagnes furent d’autant plus chassés et capturés que leurs cousins des plaines disparaissaient au fil du temps. Nous suivons Kohibari, le plus rapide des centaures, mais un centaure qui n’a rien connu d’autre que l’esclavage depuis ses 6 ans en servant de monture et de giton au seigneur Miyatsuta. Il participe et contribue grandement à la prise de capture d’Iwatora le Roux, Matsukaze de son vrai nom, le plus fort des centaures, car il est persuadé que lui seul peut l’aider à retrouver la liberté.

La grande évasion survient assez rapidement, et l’essentiel du tome est consacré à la relation entre Mastukaze et Kohibari, qui s’avère totalement inadapté à la liberté : privé de ses deux bras il ne peut subvenir seul à ses propres besoins, immature il est incapable de faire face aux nombreux dangers que présentent tant la nature que l’humanité. L’un s’émerveille de découvrir un monde inconnu, l’autre s’horrifie de découvrir ce que sont devenus ceux de son espère aux mains des « seigneurs ». La fin de tome nous fait découvrir les singularités de la famille de Mastukaze, toujours à la recherche de ce lui qu’il considère comme son fils et dont il a été séparé lorsqu’ils étaient traqués par les humains, et un cliffhanger qui redistribue toutes les cartes : ATTENTION SPOILERS après la cruauté des hommes, et la dureté de la nature, Matsukaze et Kohibari doivent faire face à la trahison des capos et des collabos de leur propre espèce ! FIN SPOILERS

Nous vivons parce que chaque génération de nos ancêtres a transmis ce qu’elle savait à la suivante… couche après couche, les connaissances s’accumulent… C’est grâce à ça qu’aujourd’hui, nous pouvons vivre.

Le centaure est une créature mythologique qui n’appartient ni au folklore japonais ni au folklore asiatique, je me demande donc ce qui a motivé à la mangaka Ryo Sumiyoshi le choix de son sujet. Transfuge du monde du jeu vidéo (elle a beaucoup travaillé sur la franchise Monster Hunter chez Capcom), elle place son récit dans un Japon fantasmé, puisque qu’on retrouve côte à côte des aristocrates du Haut Moyen-Âge, des guerriers du Bas Moyen-Âge, et des armes à feu du XVIe siècle. Il y a certes quelque chose de malsain avec ces individus asservis, humiliés et mutilés pour être rabaissés au rang d’animal et/ou d’objet, mais nous sommes sans bel et bien dans un réquisitoire contre l’esclavage donc contre le suprématisme si chère à la haute société qui se croit au-dessus du reste de l’humanité (puissent-ils tous crever, ça nous fera à tous de longues vacances bien méritées).

Kohibari est dessiné puéril et efféminé, mais cela fait partie du personnage immature qui a été détruit, reconstruit et formaté pour assouvir les besoins et les désirs de ses maîtres. Pour le reste, le charadesign est classique mais varié, et les graphismes en niveaux de gris s’inspirent beaucoup du monde de la peinture asiatique pour offrir des ambiances parfois réalistes parfois éthérées. Alors oui tout n’est pas abouti, mais nous sommes en présence d’un manga original et singulier qui mérite qu’on s’y attarde et qu’on lui donne sa chance !

note : 7/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

 
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