Jason Aaron (scénario)
Mahmud Asrar et Gerardo Zaffino (dessin)
d’après R.E. Howard

Conan le barbare, tome 2 :

Les Enfants de la Grande Mort Rouge

Comics, fantasy / heroic fantasy
Publié en VF le 03 juin 2020 chez Panini Comics
Publié en VO entre mars et juillet 2019 chez Marvel (« The Life & Death of Conan »)

Dans sa jeunesse, Conan est traqué par la Sorcière rouge qui tente de lui prendre son sang afin de ramener sur Terre le Dieu de la mort. Le Cimmérien est convaincu d’avoir tué son ennemie lors de leur première rencontre. Mais il est aujourd’hui traqué par les serviteurs de la sorcière qui comptent bien poursuivre l’œuvre de cette dernière.

Autant le tome 1 m’avait agréablement surpris, autant ce tome 2 m’a un peu déçu. Car je suis fan de Conan le Cimmérien mais pas de Conan le Barbare… Je reprend épisode par épisode, et on se retrouve à la fin pour je vous explique le pourquoi du comment !

 

Épisode 7 : Un Amour barbare
De passage sur les îles barachiennes, Conan loue à très haut prix les services exclusifs d’un commando de péripatéticiennes cosmopolites pas comme les autres. Il les rapatrie sur les continent pour les conduire aux jardins souterrains du Fleuve Khorotas. Malgré tous leurs efforts elles n’arrivent pas à l’aguicher pour le mettre dans leur lit, et comme il ne lâche pas un mot elle finissent par croire qu’il veut les tuer ou pire encore…
Mais elle finissent par découvrir que c’est leurs talents et non leurs charmes qui l’intéresse, qu’il a besoin d’elle pour un cambriolage de haut vol, que ce n’est aucunement l’argent qui le motive, et que tout ce qu’il fait c’est pour le seul et unique amour de sa vie ! Car dans cet épisode (le meilleur du tome, très bien mais trop court), Conan est toujours en deuil de son alter ego féminin Bêlit et il compte bien réaliser sa vengeance par delà la mort !

Épisode 8 : Retour au pays
Le talentueux Gerardo Zaffino développe un style graphique un peu différent de l’excellent travail réalisé dans le tome précédent (on aurait presque dit du Mike Mignola, mais en mieux)… Sur le fond on est dans un récit d’horreur qui n’aurait pas dépareillé dans l’Âge d’Or du film d’horreur (les années 1980, un temps que les moins de 20 ans n’ont malheureusement pas connu en direct-live et qui passé à la moulinette vidéoludique va donner la saga Resident Evil). Personnellement, j’aurais même mis une pièce sur un hommage à l’œuvre de John Carpenter (les vrais savent : The Thing, mais pas seulement) !
Sauf qu’on est dans un retour de Conan en Cimmérie qui tient plus de la fanfiction qu’autre chose, et qu’on est dans un énième vengeance de Thot Amon. Et c’est d’autant plus dommage que c’est plutôt bien fait…

Épisode 9 : Le Dieu des Profondeurs
Conan et un groupe hétéroclite de survivants essayent d’échapper au royaume souterrain du Dieu des Profondeurs, et au fur et à mesure de leur catabase ils sont agressés par les créatures dudit Dieu des Profondeurs. Et les compagnons d’infortune de Conan sont terrorisés par les illusions tirées de tous les combats qu’il a menés (chouette galerie des horreurs, qui sont autant de clins d’œil à tel ou tel épisode de la saga). Nous sommes dans un récit à chute donc ne lisez surtout pas le mot qui va suivre : Jonas
Il y avait vraiment de l’idée, mais on ne m’enlèvera pas de l’idée que le carcan comic des 24 pages est une plaie : Conan n’a quasiment aucune interaction avec ses compagnons, donc ils ne servent malheureusement à rien à part planter le décor, donner 1 ou 2 informations et expliquer au Cimmérien où il doit aller et ce qu’il doit faire… Il y a avait tellement mieux à faire en développant des thématiques survivalistes !

[Conan] J’avance seul dans ma vie.

Épisode 10 : Les Enfants de la Grande Mort Rouge
C’est l’épisode flash-back typique des productions yankee, et on nous montre tout ce qu’on a déjà vu mais cette fois-ci par les yeux des Enfants de la Grande Mort Rouge dont on nous révèle les origines (avec un clin d’œil à Salomon Kane). Ce n’est pas spécialement mauvais, mais j’ai quand même senti qu’on grattait 24 pages avant la conclusion…

Épisode 11 : Par Crom
C’est l’épisode hallucination typique des production yankee, et on nous montre un Conan revenu en Cimmérie (encore ?) qui se bat contre ce qu’il pense être un monde d’illusion. Et il veut gravir la montagne pour dissiper l’illusion, sauf que la montagne c’est Crom !
C’est plutôt bien fait si on omet le fait qu’on gratte encore 24 pages avant la conclusion. Les déclarations de Conan humain qui déclare qu’il en devenant roi il est aussi devenu responsable des siens tranchent avec celle du dieu Crom qui en a rien à secouer des catastrophes qui frappe les humains à intervalles réguliers. On dirait un patricien prenant de haut les plébéiens, et force est de constater que pas mal de reagano-thatchéro-macroniste pensent comme cela (et à autant cracher sur le reste de inhumanité, j’en suis devenu à me demander s’ils appartenaient encore à l’humanité)… Il y avait de l’idée, mais le frenchy Robin Recht a fait la même chose en infiniment mieux dans son remake de La Fille du géant du gel !!!

Épisode 12 : Le Pouvoir dans le sang. ATTENTION SPOILERS !
Conan revient d’entre les morts pour un deuxième round, et il affronte les Enfants de Grande Mort Rouge transformés en monstruosités à la Resident Evil avant d’affronter les Grande Mort Rouge elle-même qui ressemble bigrement à Grand Ancien Lovecraftien. Et là paf, deus ex machina avec le prince Conn fils de Conan qui déboulent avec les Dragons Noirs d’Aquilonie pour sauver tout le monde comme les tuniques bleues dans un bon vieux western yankee… THE END !

 

Ce qui m’avait le plus séduit dans le tome 1, c’était le côté hommage plein d’humilité et d’humanité. J’avais noté le trope des auteurs pour l’horreur, mais ici il imprègne totalement tous les épisodes (sauf le septième, qui comme par hasard est le plus plaisant). La force des récits de R.E. Howard c’était d’inclure des éléments fantastiques dans des récits d’aventures historiques. Ici l’horreur prend largement le pas sur l’aventure et l’équilibre est détruit car les personnages ne sont plus que faire-valoir du « monster of the week »… En plus Marvel oblige, ce n’est plus le travail de R.E. Howard qui est exploité mais celui de son héritage détourné, déformé et exploité par Lin Carter et Lyon Sprague de Camp : de va-nu-pied à roi sur un trône doré c’est toujours des mecs musclés, des nanas dénudées et des monstruosités diverses et variées. Pour ne rien gâcher Marvel oblige, le mainstream marche main dans la main avec le politiquement correct pour faire l’impasse sur les nanas dénudées donc c’est naze de ne pas s’assumer…

PS : je veux bien que les Américains aient les fétichismes du virilisme et de la violence… Qu’une armoire à glace avec un flèche dans le dos se lance à l’assaut, ça passe… Mais avec plusieurs couteaux dans le dos, et des poignards lui transperçant les pectoraux même un colosse cimmérien n’est plus crédible du tout !!!

note : 6-/10

Alfaric

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