Descendance

(pour public averti)

Roman, fantastique / horreur
Publié en mars 2008 en VF
Publié en 2007 en VO (« Descendant »)

1943. L’Europe est dévastée par la guerre. James Falcon, éminent spécialiste des strigoï ; les vampires qui infestaient autrefois les forêts les plus reculées de Valachie, est contacté par le contre-espionnage américain. Sa mission : traquer et éliminer les strigoï qui combattent aux côtés des nazis et déciment les rangs de la Résistance en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Mais le plus redoutable d’entre eux, Dorin Duca, lui échappe. Quatorze ans plus tard, une nouvelle mission l’envoie cette fois en Angleterre, où plusieurs massacres commis dans la banlieue de Londres portent la signature des strigoï, conduits par Dorin Duca, mystérieusement réapparu. James, avec l’aide de Jill, une jeune femme d’une sidérante beauté et maître-chien émérite, dirige les investigations pour mettre fin à ces tueries. Mais il est loin de se douter de la révélation finale…

Un petit livre de chasse aux vampires sans aucune prétention, qui mine de rien fait du bien car il rompt avec la déferlante des vampires de paranormal romance ou de paranormal porno. Et j’ai trouvé assez bien senti que l’auteur alterne tout au long du roman entre le vampire gothique, tendance classique, et le vampire virologique, tendance moderne (car cela nous donne un dénouement particulièrement malin !). Et pour ne rien gâcher nous nos amis les chiens ont la part belle du début à la fin ! La mise en place du livre, partie sans doute la plus réussie du récit, nous montre d’Omaha Beach à Anvers, la traque de créatures de la nuit par une unité militaire d’un genre bien particulier. Les chasseurs deviennent chassés, les vampires ramenés des Carpates par les Nazis pour traquer les résistants alliés étant traqués à leur tour. On est entre le récit d’espionnage, de guerre et d’horreur, et quand on pourchasse le vampire alpha dans les rues sous les pluies de V2 allemands, on touche du doigt le survival.
Oui mais non. La majorité du roman est consacré à un remake de Dracula : 7 ans après les faits, James Falcon revient en Europe pour mettre fin aux agissements du vampire alpha, qui s’en donne à cœur joie grâce à une boulette des services secrets britanniques… Duda remplace Dracula dans le rôle du vampire roumain, l’américain James Falcon remplace l’anglais Jonathan Harker dans le rôle du chasseur de vampires énamouré, et Jill Foxley celle de Mina Harker, demoiselle en détresse prise en étau entre les sentiments amoureux de James Facon et les désirs fantasmatiques de Duda… Et le Londres des années 1950 remplace agréablement le Londres de la reine Victoria. Pour un peu le paquebot Normandy remplaçait le Déméter (ce qu’avait plus ou moins fait dans les années 1980 le mangaka Hirohiko Araki dans Phantom Blood, le premier arc de la saga JoJo’s Bizarre Adventure).

La magie est le pouvoir, et tu sais ce qu’on dit… Le pouvoir corrompt, et pouvoir absolu corrompt absolument.

Au bout de quelques livres, je commence à connaître les us et coutumes du prolifique auteur horrifique écossais. Ancien rédac-chef du magazine érotique Penthouse, il est célèbre pour son mélange humour / cul / gore. Mais ici force est de constater que mis à part le passage du gynécologue vampire, il est plus sage qu’à l’accoutumée… La méthode Masterton, c’est bien souvent un background travaillé difficile à prendre en défaut. Ici nous avons la « grippe coréenne », le vaccin Salt, la Guerre Froide en Occident, la décolonisation au Moyen-Orient et réorganisation des services secrets britanniques après la trahison des Philby… La méthode Masterton, c’est aussi l’alternance entre clins d’œil à la culture classique et clins d’œil à la culture populaire : d’une côté on a des références à Dante Gabrielle Rossetti, Mary Shelley, Bram Stoker, Oscar Wilde, J.R.R. Tolkien, Paul Anka et Frank Sinatra, et d’un autre côté on a des références à Superman, Bela Lugosi, Loretta Young, Christopher Lee, Peter Cushing, le pilote Fangio ou les gâteaux spéculoos… Il peut donc réconcilier différents types de publics en offrant des petits plaisirs à tous ses lecteurs. Mais le plus gros clin d’œil du roman c’est celui fait à la saga Indiana Jones : ben oui, on a quand même pour héros un universitaire aventurier armé d’un fouet, affublé du surnom de junior par sa littéraire de père (et je ne parle même pas de la scène où le héros explique le concept de vampire à deux agente du gouvernement venus l’embaucher, entièrement tirée des Aventuriers de l’arche perdue ^^). Sinon l’auteur continue d’explorer les rapports compliques entre la perfide Albion et l’Oncle Sam… blink

J’ai longtemps trouvé le personnage de Jill Foxley superfétatoire avant que je comprenne le truc… Déjà c’est l’alter ego de Mina Harker qui fait écho au personnage de Bram Stoker, mais l’auteur a bien souvent inclus un roman sympa dans ses œuvres et c’est ici le cas. Car James Falcon, fils d’un Américain de souche irlandaise et d’une immigrée roumaine, se reconnaît davantage dans Jill Foxley, fille d’un Anglais et d’une Birmane, que dans la copine de lycée qu’il a épousé avec pour seul point commun le mal de vivre post WWII… Mais c’est vraiment dommage qu’il faille attendre les derniers chapitres pour enfin entrer dans les mystères qui donnent son titre au roman, mais je vous laisse le plaisir de la découverte de tout cela !

note : 6/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ? [ratingwidget post_id=4044]

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