Shinji Makari (scénario)
Ji-Hyoung Song (dessin)

Issak, tome 1

Manga, histoire / XVIIe siècle
Publié en VF le 08 mars 2018 chez Ki-oon
Publié en VO à partir de 2017 par Kodansha dans Afternoon (« イサック »)

1620. L’Europe est déchirée par une guerre qui oppose catholiques et protestants. Dans la forteresse de Fuchsburg, en Allemagne, des réfugiés affluent de toute la région. Parmi eux se trouve Issak, un guerrier hors pair au talent de tireur inégalé. Avec ses longs cheveux noirs, ses yeux bridés, son sabre et son imposant fusil, il ne passe pas inaperçu…
Venu du Japon, il combat comme mercenaire aux côtés des protestants. En réalité, il n’a qu’un but : laver l’honneur de son maître assassiné. Le meurtrier se serait mis au service des catholiques, et Issak parcourt les champs de bataille pour le retrouver ! Mais cette fois, la situation est désespérée : cernée par l’ennemi, Fuchsburg semble vouée à la destruction… Le samouraï errant parviendra-t-il à changer le cours de l’histoire ?

Que voilà un bon manga historique ! Dans Shogun, James Clavell mettait en scène le choc culturel en racontant les heurs et malheurs d’un Anglais perdu dans le Japon du Sengoku Jidai, mais dans Issak le japonais Shinji Makari et le coréen Ji-Hyoung Song mettent en scène culturel en racontant les heurs et malheurs d’un Japonais perd dans l’Allemagne de la Guerre de Trente Ans… L’idée n’est absolument pas farfelue puisqu’après la Bataille de Sekigahara tous les guerriers désœuvrés du Shogunat Tokugawa sont loin d’avoir suivi la même voie de Miyamoto Musashi : nombre d’entre eux ont quitté le Pays du Soleil Levant pour s’engager comme mercenaires dans les divers comptoirs asiatiques… On a avancé le chiffre d’un million de guerriers expatriés, fort recherchés d’ailleurs pour leurs compétences tant aux armes blanches qu’aux armes à feu, et nombre de témoignages historiques montrent que certains d’entre eux ont été jusqu’en Europe !

Sur la route de Bohême, la jeune fille dénommé Zetta est sauvée d’une bande de soudard par un étranger, et en parvenant au Château de Fuchsburg avec son grand-père elle rencontre à nouveau l’étranger qui prétend être le seul non déserteur des renforts envoyés par le Stathouder de Hollande. Pour la jeune fille qui n’avait jamais quitté son village le guerrier venu de l’autre bout du monde est fascinant ; pour le grand-père impressionné par son katana et son mousquet le sniper-forgeron est fascinant… Mais la ville est la destination du condottiere Spinola et de ses 9000 mercenaires venus pour en faire le siège ! le miracle qui survient n’aura servi à rien, puisque les éclaireurs auxquels appartient Issak tombent sur l’avant-garde de l’armée du prince Alfonso d’Espagne…

– Utopia ? C’est quoi ?
– Un lieu où tous les hommes sont égaux…
– Ça n’existe pas. Du moins pas sur cette terre !

Dès ce tome 1 déjà pas mal de personnages intéressants : le samouraï en quête de vengeance, Zetta l’ingénue et son papy forgeron, le sympathique capitaine mercenaire Bormann armé d’un hache à deux mains (Syndrome Druss), le général Otto et le Prince Heinrich qui cherchent à tout prix à sauver le point névralgique de la route entre France, Hollande et Allemagne… Oh oui je retrouve tous les ingrédients de l’excellent The Last Valley (un film de James Clavell que je recommande chaudement), et le chemin sera long pour Issak qui recherche un dénommé Lorenzo pour l’exécuter et récupérer le trésor qu’il a volé !

Rien à redire sur le scénario de Shinji Makari, et les dessins de Ji-Hyoung Song  m’ont un peu bluffé : habitué au polar, au fantastique et à la Science-Fiction, il ne connaissait rien à l’Histoire de l’Europe avant de se lancer dans cette série… Le travail de documentation a donc été pour gigantesque (même si les esprits aigris vont pousser des cris d’orfraies pour des détails techniques dont même les historiens se contrefoutent : nous sommes dans une fiction BD, pas dans un travail scientifique de reconstitution !), et les graphismes sont très réussis avec des scènes d’action énormes ! Ils restent néanmoins perfectibles car ils sont hétérogènes, non en termes de qualité mais en termes de choix graphiques : on alterne niveaux gris et noir et blanc brut, décors épurés et arrières-plans photo-réalistes, charadesign hyperdétaillé ou charadesign épuré (oui Zetta semble être le petit sœur de Sando dans Le Nouveau Angyo Onshi)… Dans tous les cas de figures, enjoy !

note : 8,5/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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