Buichi Terasawa

Midnight Eye Goku, tome 1

Manga, science-fiction / cyberpunk / policier
Publié en VF le 18 janvier 2008 chez Taïfu Comics
Publié en VO en 1987 chez A-Girl Rights Co.Ltd

Tokyo, dans un futur proche. Goku Furinji est un détective privé tout ce qu’il y a de plus normal ayant quitté sa carrière de flic. Mais alors qu’il enquête sur les étranges décès de plusieurs de ses anciens collègues, il échappe de justesse à une mort certaine, y laissant tout de même son œil gauche. Une mystérieuse organisation va alors lui greffer un œil bionique en remplacement, un terminal informatique surpuissant capable de se connecter à n’importe quel ordinateur ou système électronique dans le monde et d’en prendre le contrôle !

A fin de Space Adventure Cobra, le mangaka Buichi Terasawa est au sommet de son art : cela se voit dans les séries Kabuto sur laquelle il n’a pas été maître de son destin, et Midnight Eye Goku sur laquelle il a plutôt été maître de son destin. Il ne fera jamais aussi bien par la suite, parce que sa maîtrise du Noir & Blanc ne transparaîtra plus dans ses mangas numériques tout en couleurs avant qu’une tumeur au cerveau ne lui interdise de revenir au travail à la main… A bien des égards Midnight Eye Goku est la version cyberpunk de City Hunter (si City Hunter n’était pas autant sinon plus l’histoire de Laura / Kaori que celle de Nicky / Ryo) : Goku Furinji a quitté la police pour un devenir détective privé qui ne prend comme clients que des demoiselles en détresse, et il ressemble autant à Hideyoki Makimura l’autojusticier qu’à Ryo Saeba le nettoyeur déconneur au grand cœur (avant que le Weekly Shonen Jump ne demande à Tsukasa Hojo d’en faire un obsédé sexuel pour racoler le lectorat avec du fanservice boobesque)… J’ai toujours été frappé de la manière dont les styles graphiques du maître et de l’élève ont évolué en parallèle de manière très similaire, et ici j’ai presque envie de croire que le maître a rendu hommage à l’élève en revenant à ce qu’était initialement City Hunter à savoir la volonté de transformer le légendaire Duke Togo alias Golgo 13 en Jean-Paul Belmondo nippon (parce que je ne vais pas vous mentir, les missions de Goku Furinji se termine systématiquement par un assassinat de haute volée !). On retrouve sans surprise les savants fous, les marchands de morts et les apprentis maîtres du monde à la Lex Luthor de son ami Shotaro Ishinomori, le tout entre James Bond et Dirty Harry. Mais bon sang ne saurait mentir, et si Kabuto héritait de l’épée buveuse d’âme d’Elric de Melniboné Goku Furinji hérite lui de l’œil de Corum Jhaelen Irsei et du bâton magique de Sun Wukong : le détective privé peut se connecter et contrôler non pas n’importe quel membre du royaume des morts, mais n’importe quel membre des royaumes digitaux et numériques ! A l’ère de l’informatique cela fait de lui l’homme le plus dangereux du monde, à lui donc de savoir s’il veut devenir Dieu ou Diable !!! Dernière remarque, si certains et certaines ont critiqué Space Adventure Cobra qui niveau érotisme teasait avec des bimbos bien boobées et des mannequins callipyges qui ne concluaient jamais, ici les galipettes sont explicites en textes comme en images. Buichi Terasawa ne s’est jamais caché d’être un « homme à femmes », et il a toujours écrit qu’il s’agissait de sa série la plus personnelle car il a mis ses propres romances et/ou coucheries dedans…

– Tu dois être le détective employé par Ryôkô. Tu ne peux rien contre moi !
– Si, je peux te faire un énorme trou dans ta petite tête ! Avec une bonne aération du cerveau, peut-être pourras-tu éprouver un peu de remords pour ce que tu as fait…
– Très amusant. Tu auras au moins le mérite de me faire rire…
– Tu pourras y repenser et rigoler à haute voix, en enfer !

Dans un 1er récit, Goku Furinji est contactée par son ancienne collègue Yôko Yabuki : tous leurs anciens amis se sont suicidés les uns après les autres en enquêtant sur le marchand d’armes et trafiquants de morts Genji Malone… En reprenant leur enquête, il scelle sa perte et une hypnotiseuse cybernétique l’aurait obligé à se tuer comme tous ses anciens collègues si un geste héroïque de sa part n’avait pas attiré l’attention des puissances cosmiques : un nouveau super-héros naît sous nos yeux pour resplendir de milles feux ! Les clins d’œil à James Bond, Alfred Hitchcock, à Michael Moorcock et au combat de Méduse et Persée ne font pas oublier que Buichi Terasawa a toujours un grand admirateur de son collègue et ami Shotaro Ishinomori : le justice immanente finit toujours par frapper et les crevards finissent toujours par crever ! C’est ainsi que Goku Furinji donne l’assaut du QG de Genji Malone et que rien ne peut le stopper car il est la Colère de Dieu sur Terre ! Shin no Koshin !!!!
Adapté en OAV de 45 minutes, et c’était excellent à 1 ou 2 détails près…

Dans un 2e récit, Ryôko Kadoma engage Goku Furinji pour sauver son frère Ryû, cobaye d’affreuses expérimentations de la part de leur père Eizô général dans l’armée, un nostalgique des horreurs perpétrées par l’ignoble Shirô Ishi (je radote, mais gracié, rémunéré et protégé par les impérialistes yankees en échanges des ses armes bactériologiques pourtant condamnées dans le monde entier). Cela ressemble un mélange entre Akira, qui ne sait plus qui il est et ce qu’il en voyant ses pouvoirs psychiques évoluer de manière exponentielle, et Chinatown car le fils n’est pas le fils, la sœur n’est pas la sœur et le père n’est pas le père… Avec ses faux airs de héros américain d’actionner des années 1980 (genre Marv dans Sin City), Ryû n’aura même pas eu le temps de vive, donc Goku Furinji devient la Colère de Dieu sur Terre pour venger la Créature en détruisant le Créateur avec l’arme ultime qu’il avait conçue pour la stopper !!!
Adapté en OAV de 45 minutes, et c’était excellent à 1 ou 2 détails près…

Dans un 3e récit, la prude et chaste popstar Leila Shinozuka de Tokyo (qui aurait pu faire partie du groupe des Holograms) engage Goku Furinji pour la protéger de la brutale et vicieuse Risa Yamagami leader d’un groupe de rock underground et d’une bande de voyous de Yokohama (qui aurait pu faire partie du groupe des Misfits), qui est persuadée qu’elle lui a volée ses créations… Ah ça c’est sûr la chanteuse a besoin d’un héros !

Notre super-détective découvre un trafic de drogue dirigé par un crevard qui en a rien foutre que la chanteuse à la fois pigeon et cobaye souffre gravement de schizophrénie : comment le « problem solver » va-t-il résoudre la situation quand la victime et le bourreau ne sont qu’une seule et même personne ?

note : 8/10 (en tant que fan on ne se refait : la note est sans doute surévaluée ^^)

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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