Tsutomu Takahashi
(scénario & dessin)

NeuN, tome 1

(pour public averti)

Manga, fantastique / histoire / WWII
Publié en VF le 18 septembre 2019 chez Pika Édition
Publié en VO depuis 2017 par Kôdansha dans Young Magazine (« ノイン »)

Ils étaient les élus, ils sont maintenant les proies.
Allemagne, 1940. Pour assurer la pérennité du Troisième Reich, treize enfants ont secrètement hérité de l’ADN d’Hitler. Neun est le neuvième d’entre eux. Mais lorsque le projet est subitement abandonné, il ne peut compter que sur Théo, un soldat allemand qu’il a pour tuteur, pour espérer survivre…

Franz Neun est un orphelin en famille d’accueil dans le village de Brausteppe au Sud de l’Allemagne. Sauf que nous sommes en 1940 à l’apogée du IIIe Reich, et que le Führer a décidé de l’éliminer lui et tout ceux qui l’ont connu. Mais l’Histoire a prouvé à maintes reprises que quand tu réalises un massacre, il y a toujours un innocent pour en réchapper. Pas de bol, il s’agit de celui que les SS du Brigade-Führer Gert Clauser devaient tuer, car Franz Neun est le fils naturel d’Adolf Hitler et Theo Becker fanatique de son paternel qui veille sur lui depuis sa naissance refuse de renoncer à sa mission tant que son idole ne lui en aura pas donné l’ordre en personne ! L’enfant et le garde du corps sont en cavale avec toutes les forces du IIIe Reich à leurs trousses, et il ni peuvent aller vers l’Est et la Russie de Staline alliée à l’Allemagne d’Hitler ni vers l’Ouest et l’Empire britannique en guerre contre l’Allemagne d’Hitler… C’est alors qu’ils rencontre Ach et sa garde du corps Naomi Reisinger eux aussi en cavale : Neun fait ainsi la connaissance de son demi-frère !!!

ATTENTION ZONE SPOILERS Donc les savants du IIIe Reich ont offert par insémination artificielle toute une dynastie à leur leader. Mais Sechs génie du mal au-delà du réel (remember Johann Liebert le monstre du manga Monster !) a été choisi pour héritier, et il a pris la décision de se débarrasser de ses 12 concurrents. Ce n’est donc pas 1 mais 12 massacres qui ont lieu simultanément. 6 enfants ont survécu, et on confie la tâche au Doktor U, médecin cannibale adepte de « l’art vivant » (non je ne veux pas vous expliquer en quoi cela consiste), de les traquer et de les tuer jusqu’au dernier. Ce personnage est persuadé d’être un dieu dont la tâche est de trier le bon grain de l’ivraie parmi « le bétail humain », comme ces ubermanagers persuadés qu’ils existent pour faire le ménage parmi les « ressources humaines ».

Du coup les Théo et Naomi se demandent si leurs protégés ne sont pas « autre chose » que la descendance du Fürher  : sont-ils Dieu ou Diable ? Faut-il les sauver ou les tuer ?? Sur fond de road movie et de récit d’apprentissage, va-t-on refaire le grand débat sur l’acquis et l’innée ??? FIN ZONE SPOILERS

Pourquoi sommes-nous si différents alors que nous partageons le même sang ?

Bien souvent les dictateurs sont aussi tyranniques et monstrueux avec leur famille qu’avec leur peuple. Le cas d’Adolf Hitler est lui très ambivalent : surnommé le cannibale végétarien en raison de son engagement pour les causes vegan et animaliste, il adorait les enfants car il semblerait qu’il ne pouvait en avoir en raison d’une blessure de guerre mal placée (d’autres persuadés qu’un tel personnage ne pouvait être que monstrueux dans tous les aspects de sa vie l’ont qualifié pour cela de « pédophile » sans aucune preuve historique pour étayer leurs idées), et tous les témoignages laissés par son entourage privé parle d’un individu poli, courtois et bienveillant… (Ah ça, on est quand même loin de Mussolini qui fit interner sa femme et assassiner ses maîtresses, de Staline qui sabra le champagne à l’annonce de la mort de son fils et qui n’alla même pas aux funérailles de sa femme qui s’était suicidée, ou bien de Mao qui laissa à leur sort autrement dit à la mort ses familles successives !)

Donc on part sur un pitch en contradiction avec la réalité historique, mais après tout on est dans une Série B de naziploitaiton donc on s’en fout…

Nous sommes dans une œuvre graphique, donc il faut bien parler graphismes. Tsutomu Takahashi a un style personnel très fort et très particulier qu’on ne retrouve sans doute nulle part ailleurs (ce qui rabattra le caquet aux inquisiteurs culturels et aux commissaires littéraires qui continuent de pérorer que les japaniaiseries se ressemblent toutes). Les décors faussement brouillons sont en fait très maîtrisés, le charadesign expressif donc bien travaillé fait la part belle à une impressionnante galerie de sales tronches (Acht et Neun sont-ils des anges parmi les démons ?).

Et pour ne rien gâcher le découpage est fluide et dynamique pour un résultat aussi intense que rythmé : vite la suite !

note : 8/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

 
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