Buronson (scénario)
Kentarô Miura (dessin)

Oh-Roh Den

(pour public averti)

Manga, science-fiction / histoire
Publié en VF le 19 novembre 2008 chez Glénat
Publié en VO en 1990 par la Hakusensha dans Young Animal (« 王狼伝 »)

Profitant de la faille temporelle qui s’est ouverte vers le passé, un maléfique commandant y engouffre une véritable armada formée de tanks et de militaires lourdement armés. Son but : changer l’histoire et devenir le maître absolu du monde. Comment Iba va-t-il pouvoir lutter, sabre contre fusils d’assaut pour sauver le monde passé et de ce fait l’Histoire entière ?

Buronson a rencontré la célébrité avec la cultissime saga post-apo Hokuto no Ken, mais il est aussi connu pour ses polars et ses séries historiques (même qu’il a commencé sa carrière par des titres relevant de la Science-Fiction). J’ai toujours pensé que de la barbarie du Moyen-Âge à la barbarie post-apo il n’y avait qu’un pas vite franchi, et ce titre ne me contredit pas du tout… Du coup on retrouve pas mal de gimmicks de son œuvre phare transposés du post-apo au Moyen-Âge, avec un héros badass affrontant des barbares punks, et on se retrouve avec un récit brut de décoffrage, à la fois viriliste et nationaliste, le tout à la sauce « Heavy Metal » ! (et je demande si l’auteur a lu Voici l’Homme de Michael Moorcock, tant les points communs sont nombreux entre les deux œuvres et leurs mécanismes communs au sujet des paradoxes temporels)

Et le scénariste Buronson à la carrière déjà bien établie donne ici sa chance au dessinateur Kentarô Miura en tout début de carrière… Alors oui, il n’est ici pas dans le nec plus ultra qui ensuite le caractérisera, mais bon sang ne saurait mentir : les graphismes sont ambitieux, le découpage est minutieux, les personnages sont badass, les visages hyper-expressifs, et les bastons dantesques nous emmènent au cœur de la folie… Bref, le souffle épique est déjà là !!!

C’est la force qui détermine l’Histoire !!

Dans cette suite d‘Oh-Roh, nous suivons le destin de Kengo Iba désormais schizophrène puisqu’il ne fait plus la différence entre sa vie et celle de celui qu’il a remplacé pour ne pas perturber le cours de l’Histoire… Il connaît à l’avance l’heure de sa mort (ou plutôt celle de celui dont il joue le rôle), et son objectif est de former son fils qu’il laisse dans l’ignorance des paradoxes temporels pour qu’il puisse après lui assurer la bonne marche de l’Histoire… Et être l’héritier du Khan des Khans est tout sauf une sinécure, car pour le père comme pour le fils le moindre signe de faiblesse peut rapidement être synonyme de mort violente !

On suit donc le récit d’apprentissage de Qubilaï (oui on confond Tolui et Qubilaï, mais après tout nous somme dans une fiction et non une reconstitution) qui doit constamment faire ses preuves, surtout à la tête des Loups Rouges ouïghours qui n’en font qu’à leurs têtes… Qubilaï a soif de reconnaissance de la part de son père, et trouve consolation avec le vieux Benkei, l’honneur personnifié, et le jeune Rissho, le génie, la générosité et la sincérité personnifiés (un personnage historique édifiant, véritable mutant ayant appris à lire avant l’âge d’un an !). Quand l’échéance de la mort de Gengis Khan approche, des mutins de l’armée chinoise débarquent du XXe siècle avec des mitrailleuses et des chars d’assauts : le Loup Bleu a fort à faire tant avec ses subordonnés qui ne jurent que par la loi du plus fort, qu’avec ses nouveaux ennemis trans-temporels qui se torchent le cul des paradoxes temporels… Qubilaï, Benkei et Rissho parviendront-ils à sauver la vie de leur suzerain qui a décidé de se sacrifier pour une juste cause ???

ATTENTION SPOILER La fin est très jolie : le père se réconcilie avec le fils, mais le père débarrassé du poids de l’Histoire accomplit sa promesse de retourner au Japon, alors que le fils embarrassé du poids de l’Histoire n’accomplira jamais sa promesse de retourner au Japon, et que Rissho lui quitte le fils pour accompagner le père et accomplir sa destinée en tant que fondateur de l’école bouddhique Nichiren… FIN SPOILERS

note : 7,5/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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