Tsukasa Hojo
(scénario & dessin)

Rash!!, tome 2

Manga, policier
Republié en VF le 10 avril 2014 chez Ki-Oon
Publié en VO entre 1994 et 1995 dans le magazine Weekly Shōnen Jump

À peine sortie de la fac de médecine, la jolie Yuki s’apprête à prendre la succession de sa grand-mère, médecin de prison à la campagne. Elle débarque donc, telle une tornade, dans son village natal, où elle bouleverse la vie de Tatsumi, son ami d’enfance devenu policier. Énergique, pleine de ressource et soupe au lait, notre charmante tête de mule va rendre la vie impossible au jeune homme. Entre comédie, action et émotion, ce diptyque débordant de charme est aussi une étude de caractère qui se paie le luxe d’explorer la complexité de l’âme humaine.

Dans ce tome 2 visiblement l’éditeur n’a pas apprécié le tome 1 et a demandé à l’auteur de faire du sitcom facile à faire et facile à vendre… On installe un triangle amoureux entre Yûki la doctoresse-justicière, Tatsumi son ami d’enfance policier, Makoto son ami de fac médecin, et Haruka la lycéenne bisexuelle fétichiste de l’héroïsme comme inévitable élément perturbateur / invitée indésirable… C’est on a gâcher les 18 tomes de Cat’s Eye et les 35 tomes de City Hunter, alors si c’est pour faire la même chose basta !!! Et justement Tsukasa Hojo n’a pas du tout envie de refaire du « gag manga », il veut faire du « story manga », et ambitieux pour ne rien gâcher ! Le tome est entièrement dédié à lutte contre le trafic de cocaïne et Yûki et Tatsumi font équipe pour démanteler le réseau jusqu’au moment au Yûki doit prendre l’identité de Bloody Rose présumée morte pour mettre fin à la guerre des gangs entre ses deux anciens lieutenants Abe et Tsujii. On est peu ou prou dans la caricature de Yojimbo / Pour une poignée de dollars, et le mangaka utilise son gag favori : le travestissement, puisque la légendaire Boss Lady interprétée par Yûki était un ladyboy qui n’est bien sûr au courant de rien…

– Cette gonzesse a mis sans sourciller six de nos hommes au tapis, il y a de quoi trembler je vous assure…

Les triangles amoureux et les inévitables imbroglios qu’ils amènent sont anéantis dès la fin du chapitre 10, puisque Tatsumi avoue ses sentiments à Yûki qui après avoir cherché la caméra cachée lui avoue elle que son cœur est déjà pris par le dénommé Tadanori Nitta (qui a la même tête que les boss de fin de City Hunter et Cat’s Eye)… Elle est ainsi venue au pénitencier d’Ôtsuki moins pour retrouver son amant que son mentor… Yûki Asaka et Tadanori Nitta sont tous les deux médecins, et tous les deux justiciers : pour eux la souffrance de leurs patients ne sont les symptômes des maux dont souffre la société japonaise toute entière, abandonnée à son sort par des autorités davantage intéressées par l’argent que par les gens (nous sommes au début de la Grande Dépression japonaise commencée avec le krack boursier de 1991 et les choses ne se sont pas du tout arrangées depuis 1995-1996 : la planche à billet permet de renflouer l’État et les entreprises, mais les gens n’ont qu’à se débrouiller et la précarité et la pauvreté ne font qu’augmenter années après années en même temps que le nombre de scandales politico-financiers et de nostalgiques du Japon Impérial suprématiste et totalitaire). Pour eux deux, les patients ne peuvent guérir que si la société est soignée, mais Tadanori Nitta a opté pour la chirurgie invasive alors que Yûki Asaka est pour des options plus douces, moins radicales et moins définitives… Révolutionnaire contre réformiste, qui du maître ou l’élève a la meilleure solution pour le Japon ?
Finalement un manga sérieux sur la société, l’économie, la politique, qui pose des questions philosophiques sur la justice, l’autojustice et le meilleur moyens de remédier aux maux de la société (soit en gros que qu’avait fait l’auteur au tout début de City Hunter, avant qu’on lui ordonne de faire un sitcom ecchi pour que lecteurs et lectrices n’aient pas à réfléchir) ? On ne le saura jamais, car les chercheurs d’or du Weekly Shonen Jump ont stoppé net le meilleur manga de Tsukasa Hojo… (les mauvaises langues diront que c’est à cause du manque de vente, mais tu l’aurais édité dans un magazine seinen et ton problème de vente il passe à la trapinette illico presto !)

note : 8/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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