Edmond Hamilton

Le Retour aux étoiles

Roman, science-fiction / space opera
Publié en VF en 1973
Publié en VO en 1969 (« Return to the Stars »)

Dans Les rois des étoiles Edmond Hamilton racontait l’aventure fabuleuse de John Gordon, petit employé new-yorkais, qui a échangé son esprit avec Zarth Arn, prince des étoiles, et s’est trouvé conduire malgré lui une guerre galactique. Dans ce nouveau roman, de retour sur la Terre de notre époque, Gordon ne peut se réhabituer à la grisaille quotidienne. Il ne rêve que de vaisseaux cosmiques et, plus encore, de Lianna, l’enchanteresse princesse de Fomalhaut. C’est alors que Zarth Arn parvient à le transporter à travers le gouffre de temps et d’espace qui les sépare. Mais Lianna, qui l’a aimé dans un autre corps, ne parvient pas à s’habituer à sa nouvelle apparence. Gordon doit la reconquérir, et d’abord il lui faut la protéger contre l’usurpateur qui veut lui ravir le trône de Fomalhaut.

Merci, oh oui merci aux auteurs qui ont fait rêver des millions de lecteurs, et à leurs successeurs qui continuent à faire rêver des milliards de spectateurs ! C’est pour le roman Les Rois des étoiles qu’on a inventé l’expression « space opera », et c’est pour son auteur aussi qu’on a inventé l’expression « sens of wonder » ! C’est dire l’influence d’Edmond Hamilton sur la Science-Fiction populaire (vilipendée par les tenants d’une SF élitiste, que je maudis à jamais car ils ont failli me faire détester la SF à jamais).

Le récit commence par John Gordon chez le psychiatre qui tente de se persuader qu’il a rêvé tous les événements du roman précédent… C’est très bien fait mais c’est bien trop court, même si cela nous gratifie en cours de route de quelques twists que n’aurait pas renié Philip K. Dick ! Car le Prince Zarth Arn n’a pas oublié celui à qui il doit tout, et grâce à Lex Vel le fils de Quen Vel il réussit à transporter John Gordon en chair et en os dans l’univers des Rois des Etoiles pour qu’il puisse vivre pleinement sa relation avec Lianna la Reine de Formalhaut… Le procédé est un peu facile, et personnellement j’aurais préféré un nouveau transfert d’identité pour donner du piquant au récit, mais ce n’est pas vraiment gênant finalement…

Dans la partie Les Royaumes des Etoiles, 20 années se sont écoulées entre le roman d’origine daté de 1949 et sa suite datée de 1969 : on sent le changement d’époque, notamment dans la lutte pour les droits des minorités aux Etats-Unis et la décolonisation dans le monde occidental (ou dans les réactions des personnages féminins qui ne sont plus cantonnés aux rôles de cruches)… John Gordon prince consort de la reine Lianna découvre un royaume divisée entre humains résolument normaux et non-humain fréquemment télépathes (oh, on pioche dans la SF d’Alfred Bester et on annonce la bande-dessinée SF Sillage !), et l’affrontement fait rage entre la Chambre des Représentants où les humains dominent et le Sénat où les non-humains dominent (ça me rappelle quelque chose… ah oui, le système politique américain), et pour protéger sa bien-aimée de son dangereux cousin Narath Teyn (là encore remember Le Prisonnier de Zenda ), John Gordon doit faire alliance avec le « moineau hypertrophié » qu’est le ministres des affaires non-humaines Korkhann pour affronter l’Être Gris qui accompagne Cyn Cryver le Comte des Marches … ILS sont parmi nous et on sent l’héritage d’H.P. Lovecraft dans ce récit qui marche dans les pas de la série Les Envahisseurs et que n’aurait reniée ni Robert Heinlein (auteur des Marionnettes humaines) ni de Philip K. Dick (qui a toujours enragé de ne pas avoir été l’un des scénaristes de l’aventure The Invaders)… Reste à John Gordon et ses alliés à dénoncer l’Ennemi qui a déjà infiltré les rangs de l’humanité !

Cela va toujours mal lorsque que le chef de l’Etat n’est pas là pour faire son travail.

La suite du récit contenue dans les parties intitulées Les Rivages de l’infini et Les Etoiles brisées est convenue et 100% pulpienne… Le héros infiltre le camp ennemi avant de tomber dans un piège, et doit ruser pour échapper à ses adversaires, doublement ruser même puisque les méchants sont des télépathes surpuissants capables d’asservir corps et âmes tous ceux qu’ils jugent inférieurs à eux ! Toujours est-il que c’est très classique avec des rebondissements téléphonés et/ou capillotractés… En fait l’essentiel est porté par les dialogues entre le bon, la brute et le truand puisque John Gordon est accompagné du paladin Hull Barell et de la canaille Shorr Kan qui plus que jamais emprunte à Rupert de Hentzau et Long John Silver !

Le mal est fait, mais la dernière partie intitulée L’Horreur venue Magellan est d’une autre trempe ! L’action se partage entre la flotte de l’Empire Canopéen qui utilise du Disrupteur sur les armées d’invasion magellaniennes et la team John Gordon qui avec ses propres forces doit défendre le palais de Formalhaut contre la horde sauvage.

Pas sûr qu’avec les mêmes armes le spécialiste du genre Dan Abnett aurait fait mieux que ce bon vieux Edmond Hamilton !

En bref, le récit initial pensé comme un roman reste plus plaisant que ça suite conçue comme un fix-up et quelque part c’est bien dommage car ses composants étaient vraiment intéressants !

 

PS1: carton jaune à la dernière couverture en date de J’ai Lu, le pop-art c’est bien mais le roman date de bien avant le pop-art donc si elle correspond parfaitement aux clichés littéros sur le space opera elle n’a rien à voir avec le ton et le contenu de l’œuvre… Quand on voit tous les grands artistes SFFF qui envoient du bois sur deviantart, il faut absolument qu’on passe par la case stéréotypes cheap ??? Le niveau de flemmardise et le manque d’imagination des décideurs français n’en finit plus de m’affliger…

PS2: va te faire foutre Alain Dorémieux / Dorépire ! lui qui est déjà enfer sait déjà le pourquoi du comment…

note : 6,5/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

 
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