Hotep est une série BD égyptianisante qui s’est arrêtée trop vite (à cause des éditeurs, des lecteurs, ou des deux).C’est une série historique d’un grand classicisme, car le suisse Rafael Moralès est un élève du français Jacques Martin qui lui-même était l’élève du belge Hergé. Bref, on est dans l’univers de « la ligne claire » !

Sur le fond c’est une suite de péripéties pleine d’intrigues et de complots résolues par la ruse ou par la force au tout début du règne de la dynastie lagide (donc Egyptiens et Grecs doivent collaborer pour le meilleur comme pour le pire). Sur la forme les décors sont très soignés et très détaillés, pour ne pas dire parfois de toute beauté. C’est un peu moins vrai pour les personnages mais ils tous expressifs et tous reconnaissables (et ce point faible s’atténue avec le temps).

A la mort de son père, Hotep devient le nouveau-grand-prêtre d’Amon, chef religieux de son temple, de son ordre et de sa communauté. Le hasard fait qu’ait lieu au même moment un changement d’autorité militaire puisque l’égyptophile Philothéos est remplacé par l’égyptophobe Déméas.

C’est un butor suprématiste qui ne se cache même pas qu’il n’est que pour faire le plus de fric possible sur le dos des indigènes pour monter en grade et refaire la même chose à plus haut niveau encore et encore, jusqu’à devenir « le maître du monde ». Bien sûr on le laisse faire, parce que les gens qui se croient sortis de la cuisse de Jupiter ont toujours besoins de gens malfaisants dans son style pour garder les mains propres malgré les basses besognes à accomplir. Il aura aussi toujours des commissaires littéraires pour dire que tout cela est caricatural. Pourtant les méchants de Jacques Martin existaient IRL car il les réalisait d’après modèle. Et puis Macron et Benalla en 2018 quoi..

Un futur roi doit connaître la pays qu’il est appelé à gouverner.

Déméas veut se débarrasser de Hotep au plus vite car il pourrait monter la population contre lui, mais il est obligé de coopérer avec lui pour retrouver un manuscrit sacré désiré par son maître. Ils s’agit du Papyrus d’Imhotep qui pourrait sauver la vie du fils d’une compagnon d’Alexandre et Ptolémée : remember l’album d’Alix intitulé La Griffe Noire.

Hotep monnaye la sécurité pour sa femme et ses enfants tout en enquêtant sur celui qui les tous trahis. Entre alliés (le roi, la vieille garde et un marchand phénicien) et ennemis (le prince, les jeunes loups et un trafiquant phénicien), il parvient à Alexandrie pour déjouer un complot de grande envergure…

Un album sympa qui fait du bien par où il passe, et c’était une excellente idée de placer son action au début de la période hellénistique. Pour ne rien gâcher elle va aller en s’améliorant. Entre haine et amour il y a un paquet de bonnes séries à faire avec les Diadoques et les Epigones avant l’arrivée de Rome !

note : 6+/10

Alfaric