Philippe Pelaez (scénario)
Laval NG (dessin)

Alter, tome 1 :

Ceux qui partent

Bande dessinée, science-fiction / post-apo
Publiée le 03 juin 2020 chez Drakko
précédemment sortis en 2 tomes intitulé « New-York, New-York » et « Donnant, Donnant » en juin 2015 et en juin 2016 chez Sandawe

2082. Le vaisseau minier Hybris s’est échoué sur une planète hostile, au climat glaciaire, et peuplée de créatures agressives. Deux hommes de l’équipage viennent de disparaître, victimes de ces êtres monstrueux. En contact radio permanent avec la Terre et le président des Etats-Unis, le commandant Sylan Kassidy réalise à son grand effroi qu’ils sont prisonniers d’un espace-temps terrifiant, dont la frontière est semblable à l’Enfer de Dante : vous qui y entrez, perdez toute espérance…

Alter en 2 tomes chez Drakko était autrefois Parallèle en 4 tomes chez feu Sandawe, et cela se sent rapidement car on voit bien qu’on ne suit pas le cahier des charges de Christophe Arleston…

Dans le tome 1 intitulé Ceux qui partent, cela suit pas mal de directions en même temps : exploration Hard Science, survival post-apo et blockbuster hollywoodien (ce qui fait bizarre : tu ne confies pas le dernier espoir de l’humanité à des troufions qui balancent des blagues de beauf).

Nous sommes en 2082 et comme la ploutocratie a préféré la fin du monde à la fin du capitalisme, il n’y a plus de ressources sur terre pour subvenir aux besoins de l’humanité et l’exploration de la planète Jupiter est moins la solution que l’exploitation du trou de ver qu’on y a découvert. Évidemment ça ne se passe pas bien, et le vaisseau Hybris (rien que le nom est déjà tout un programme) et son équipage basculent dans l’espace et le temps pour arriver au milieu de nulle part à la même conclusion que Charlton Heston dans le film La Planète des Singes : « Oh mon Dieu, ils l’ont fait ! »

– Avant ? Mais avant quoi ? Que la voiture de sa femme ne se fracasse contre un arbre ? Que l’Hybris ne traverse ce nuage bleu et se crashe sur cette planète ? Ou avant qu’il ne commencent à essayer de nous bouffer…?

ATTENTION SPOILERS Car oui les USA n’ont pas supportés d’être dépassés par les Russes sur les matières premières et par les Chinois sur les produits finis, et en 2070 ils ont déclenché la grande guerre magnétique. Car c’est bien beau une société connectée où on a besoin d’un i-machin pour appuyer sur un interrupteur ou pour tirer la chasse d’eau, mais il suffit de quelques impulsions électro-magnétiques pour revenir à l’Âge de Pierre. Terrorisé à l’idée d’être privé de réseaux asociaux, le président américain a décidé de jouer à quitte ou double avec les armes de destructions massives car après tout « God Bless America », sauf qu’il ne faut jamais jouer à « qui a la plus grosse » avec les Russes et les Chinois ! La déflagration électromagnétique a crée deux terres parallèles : une où le commandant Sylan Cassidy victime de graves troubles de la personnalité a réussi a empêcher le président de déclencher l’apocalypse et où le monde a pu se reconstruire après une crise économique et sociale sans précédent (mais pas suffisante pour remettre en cause la doxa hypercapitaliste et ultralibérale), une autre où le commandant Sylan Cassidy devenu une carcasse déguisé en Captain America n’a pas réussi à empêcher le président de déclencher l’apocalypse et où le monde n’est plus peuplé que de mutants décérébrés anthropophages. Sylan Cassidy doit sauver son équipage en affrontant ce qu’il reste de lui dans une ambiance entre Dawn of the Dead et New York 1997 (les vrais savent). Mais Sylan Cassidy n’a pas envie de retourner sur sa Terre et retrouver son fils Stephen, car sur l’autre terre son épouse décédée est toujours en vie bien qu’elle ne soit que l’ombre d’elle-même… FIN SPOILERS

Les 100 pages de Philippe Pelaez sont bien remplies (trop remplie ?), et plutôt agréables à lire car elles transpirent la volonté de réaliser un travail bien fait (peut-être avec trop d’ambitions pour son propre bien ? Les dessins de Laval NG perdent en précision ce qu’ils gagnent en dynamisme et les couleurs froides de Florent Daniel collent bien au propos. Bref la Réunion est une belle terre d’innovation, et je ne comprends pourquoi gouvernement après gouvernement nos élites autoproclamées ne la voient que comme « un atout touristique »…

Mais encore faut-il que toutes les pistes arrivent à une conclusion qui retombent bien sur pieds. Car au final on reprend tous les thématiques des terres parallèles, et force est de constater qu’on retombe sur pas mal d’ingrédients de la série Fringe. Et comme les vrais savent, les scénarios de la J.J Abrams connection finissent toujours en gros bordels incompréhensibles voire en bon vieux gloubi-boulga des familles :
– pourquoi tout spoiler dès le départ avec une narration en analepse avec flashbacks / flashforwards ?
– pourquoi tout un arrière-plan Hard Science pour finalement aboutir à un avant-plan fantastique ?
– pourquoi développer une ambiance horrifique dans le tome 1 qui disparaîtra dans le tome 2 ?
– pourquoi Stephen Cassidy peut voir et être vu de l’autre monde pour interagir avec lui ?
To Be Continued !

note : 7,5/10

Alfaric

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