Riichiro Inagaki (scénario)
Boichi (dessin)

Dr. Stone, tome 10 : Les Ailes de l’humanité

Manga, science-fiction / post-apo
Publié en VF le 27 mai 2020 chez Glénat Manga

Après la trahison de Hyoga, Senku et Tsukasa décident d’unir leurs forces et de l’affronter en équipe, ce qui tient du miracle ! Senku et ses camarades projettent par ailleurs de percer le mystère de la pétrification, dessein pour lequel ils auront besoin d’un bateau et d’un capitaine ! L’ère des grandes explorations maritimes est sur le point de commencer !!

Le scénariste et le dessinateur s’entendent décidément comme larrons en foire, et trouvent les bonnes idées pour relancer leur série sans la trahir (malgré 2 ou 3 incohérences des familles, mais l’ensemble se tient très bien quand même).
Pour commencer, le Royaume de la Force n’est si unifié et déterminé que cela. Même les fanatiques restent des hommes, et si Senku a la solution pour finalement rallier Tsukasa à sa cause les deux doivent faire combattre ensemble pour affronter un Hyoga encore plus radical que l’un et que l’autre. Car quand la politique est basée sur la pureté idéologique, il y a toujours un fanatique prétendument plus pur que toi pour te déborder et de te trahir… Nous assistons donc à l’alliance non de la Force et de la Magie (remember la saga Might & Magic : les vrais savent), mais de la Force et de la Technologie : comme le présentait Tsukasa dès le premier tome le destin lui a joué un mauvais coup en le faisant pas rencontrer plus tôt Senku car les deux s’entendent à la perfection jusqu’à effectuer inconsciemment leur synchronisation…

C’est quand même un peu con que que pour faire basculer la série dans une nouvelle, celle des Grandes Découvertes, on le fasse avec des éléments remettant en cause la suspension d’incrédulité alors que qu’on avait jusqu’alors été très précis sur le côté scientifique des choses. Bon OK pour sauver Tsukasa il faut trouver la cause de la malédiction de la pétrification, et pour cela il faut traverser les océans pour continuer leur quête sur d’autres continents. La cause de tout cela est forcément un petit peu « deus ex machina », mais d’un côté on oublie totalement les communautés humains autres que le village découvert par Senku (auxquels on a pourtant consacré plusieurs pages dès le départ au presque), et d’un autre côté dans âge de pierre dans lequel la science vient à peine de renaître on balance sans prévenir la cryogénisation ! Alors techniquement c’est faisable, mais en état actuel de la science c’est de la SF : en gelant l’eau se transforme en glace, augmente de volume et faire éclater les cellules qui se retrouvent détruites donc mortes à la décryogénisation. Sans parler des tardigrades pratiquement immortels en recourant à la déshydratation, les poissons et les grenouilles survivent à ce processus en faisant circuler de l’antigel dans leur organisme : pour les êtres humains on en est très loin, hein !

– La monnaie est aussi une formidable invention de la science. Elle donne forme aux efforts des hommes.

Donc on lance les Grandes Découvertes, et quand Senku le génie, Magma la brute épaisse et Yo le policier teubé se lancent dans un concours de construction de bateau il faut bien se rendre à l’évidence : il faut recruter un professionnel de la navigation hauturière. Nouveau deus ex machina, et la journaliste recruté pour trouver un capitaine tombe l’amour de sa vie Ryusui Nanami, fils prodigue pour ne pas dire brebis galeuse de la ploutocratie japonaise. Alors oui il très très qualifié pour la mission qui lui est confié qui est de traverser la moitié du monde, mais en tant rejeton de cette saloperie de ploutocratie mondialisée ses priorités sont de remettre en place la monnaie, la finance, la spéculation, l’hypercapitalisme et l’ultralibéralisme pour devenir le maître du monde en s’emparant de toutes ses ressources. « Finance sans conscience n’est que ruine de l’âme » si François Rabelais était né après Adam Smith… Mais avec le retour de l’économie libérale et de la course au pétrole, c’est aussi la porte ouverte à toutes les magouilles possibles et imaginables : si Ryusui Nanami est né dans le milieu élitiste et darwiniste des requins des affaires, la concurrence est rude avec les experts en manipulations que sont Senku et Gen Asagiri qui sitôt le système capitaliste de nouveau mis en place déclenche immédiatement un nouvelle crise du capitalisme. Décidément ce système définitivement merdique, mais on s’y accroche parce que personne n’a fait beaucoup d’effort pour en trouver un autre (et parce que certains en profitent bien hein, tout le monde l’a remarqué en 2 siècle sauf les élites de mes couilles qui croquent bien et en lesquelles plus personne en croient à part elles-mêmes)…

Un tome de basculement donc, avec un ventre mou. Mais tout de délire « l’économie pour les nuls », associé à l’a construction de bateaux et de montgolfières pour aller le plus rapidement possible à l’Âge Industriel est très cool. Pour ne rien gâcher, il a aussi un gros délire autour de la réinvention du tissu et des filatures, donc de la monde avec un Yuzuhira qui passe du mode « kawai » (gros yeux, étoiles et cœurs) au mode « Hokuto no Ken » (dessins hyperréalistes et ATATATATA : les vrais savent). La cerise sur la gâteau c’est Boichi qui repoussent assez fortement le fameux Quatrième Mur en intégrant sa propre histoire en la personne du mangaka libéré de sa gangue de pierre pour être enfin libéré de ses échéances hebdomadaires ! mdr

note : 8-/10

Alfaric

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