Julien Blondel & Jean-Luc Cano (scénario)
Julien Telo & Ronan Toulhouat (dessin)
d’après Michael Moorcock

Elric, tome 4 :

La Cité qui Rêve

Bande dessinée, fantasy / dark fantasy 
Publiée le 28 avril 2021 chez Glénat

Troublé par les dernières paroles de l’Empereur Saxif d’Aan, Elric se lance à la recherche des ruines de R’lin K’ren A’a, cité originelle des Melnibonéens, où il espère trouver la preuve que ses ancêtres étaient purs avant d’être pervertis par le Chaos. Sur place, Arioch confirme les pressentiments de l’empereur déchu, et ses révélations poussent Elric à embrasser sa destinée, telle que jadis prophétisée par Straasha, le Seigneur des Océans : Melniboné doit être détruite de ses mains. L’Île aux Dragons contient en son sein la source d’un mal qui doit être annihilé. Mais dans les entrailles d’Imrryr, sa capitale, Elric doit aussi retrouver Cymoril, sa bien-aimée, qui ne lui a pas pardonné sa fuite…

J’ai toujours essayé de suivre la voie du senseï Jean-Pierre Dionnet, que puis-je ajouter à l’incroyable préface qu’il a rédigée pour ce tome 4 ? Sans doute pas grand-chose, mais je vais me plier à l’exercice de style…

Après un tome 3 très ambitieux s’achevant sur un cliffhanger très ambitieux les auteurs avaient tutoyé la perfection. La barre n’était-elle pas trop haute ? Chacun et chacune se fera sa propre opinion, mais au final quelle épopée !!!
Depuis que le Trône de Rubis a changé de propriétaire, Melniboné veut renouer avec son glorieux passé et les trirèmes de sa marine de guerre mettent à feu et à sang les ports des Jeunes Royaumes. Les souverains humains organisent une grand alliance de la dernière chance, mais sans un guide tout assaut est voué à l’échec. Et ce guide, c’est Elric qui sait désormais que pour sauver son peuple de lui-même il va devoir le sacrifier. Melniboné Delenda Est !

Droit de quota de flashbacks : comment Elric en est arrivé là ? Parce que désormais il connaît la vérité !
ATTENTION SPOILERS Dans la magistrale reprise de la nouvelle Cap sur le Présent, Saxif D’Aan renonçait à l’immortalité pour rejoindre sa bien-aimée. Et il indiquait à Elric son lointain descendant qui arpentait les mêmes voies que lui le moyen le plus rapide de découvrir la vérité était de rejoindre R’lin K’Ren A’a. C’est ainsi que pendant 30 pages on réalise une reprise de la nouvelle Cap sur le Passé, et lui et ses compagnons cochent toutes les cases du récit de Sword & Sorcery avec une jungle poisseuse, des créatures monstrueuses, une cité perdue et un secret oublié.
Pour lever la malédiction de l’oubli, il doit de nouveau délivrer un homme du fléau de l’immortalité. Et là il découvre que la civilisation n’est pas forcément le chemin le plus rapide entre la barbarie et la décadence, car si l’homme naît bon la religion le corrompt (la religion étant présentée comme une forme d’idéologie). Ainsi Arioch n’est pas le protecteur mais le fossoyeur de son peuple. Donc pour sauver son peuple de lui-même il va devoir le sacrifier. Melniboné Delenda Est ! FIN SPOILERS

Le temps ne choisit pas ce qu’il efface.

Pendant que la marine de guerre est en expédition, guidée par Elric la flotte de la Grande Alliance envahit Imrryr la Cité qui Rêve. C’est âpre, c’est violent, et au final il n’y a que du sang et des larmes. Elric veut sauver Cymoril du massacre, mais il est devenu trop humain et elle reste trop menibonéenne. Il lui propose d’être suffisamment humain pour deux, mais les dieux sont joueurs et les dieux sont cruels…
ATTENTION SPOILERS Alors que la marine de guerre revient à quai, les derniers Melnibéens réveillent les dragons pour les lâcher sur les assaillants. Il faut fuir ou mourir, et les esprit du vents invoqués par Elric ne peuvent sauver qu’un seul navire… Elric et Stormbringer que mêmes les dieux craignent sont à la dérive sur l’océan infini : ce n’est pas la fin, c’est le commencement ! To Be Continued !!! FIN SPOILERS

La continuité graphique de la série force le respect, mais on est quand même passé de Robin Recht et Didier Poli à Julien Telo et Ronan Toulhouat. Ce qu’on perd en pureté et en flamboyance, on le gagne en fluidité et en dynamisme. Car comme l’écrit Jean-Pierre Dionnet il est des œuvres qui réclament la solitude, et d’autres au contraire qui d’être mousquetaires du roi. Et la saga d’Elric de Melniboné fait partie de ces dernières. La chute de la Cité qui Rêve aurait est un grand moment de la Fantasy qui aurait mérité bien plus que 25 pages. Après les auteurs ont fait des choix, et ils restent cohérents malgré les prolepses, les anacoluthes, les zeugmas, les anantapododons et les analepses.

Mais si la Cité qui Rêve ne rêvera plus jamais de sa splendeur, le destin d’Elric est loin d’être terminé. En détruisant l’impérialisme de Melniboné, il a ouvert la voie à l’impérialisme de Pang Tang. Et en provoquant la mort des âmes les plus vaillantes des Jeunes Royaumes, il a fauché tous ceux qui auraient pu y résister. La confrontation entre le dernier des Melnibonéens et le champion des Pang Tangiens va aboutir à l’Apocalypse. Mais pour créer il faut détruire, et pour qu’un monde naisse un autre doit mourir… Qui sera l’architecte du destin ? C’est vous amis lecteurs et amies lectrices, car il ne tient qu’à vous pour que continuent en bandes dessinées des heures de grande aventure entre épopée et tragédie !

note : 9-/10

Alfaric

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