Andy Lanning, Ron Marz (scénario)
Howard Porter, Marto Santucci, Clayton Henry, Phil Hester, Ande Parks, Xermanico, Miguel Mendoça, Amancay Nahuelpan, Brandon Sanderson, Carmine di Giandomenico, Jesus Marino (dessin)

Justice League : Endless Winter

Comics, science-fiction
Publié en VF le 09 avril 2021 chez Urban Comics
Publié en VO en décembre 2020 (« Endless Winter »)

Il y a un millier d’années, un dieu nordique répondant au nom de Frost King a menacé le monde et ses habitants. À l’époque, une équipe de héros composée de Black Adam, la Créature du Marais, Hippolyte et Prince Viking s’était rassemblée pour s’opposer à cette ancienne divinité capable de contrôler des écosystèmes entiers. Le combat s’était alors soldée par une victoire… mais à quel prix ? Aujourd’hui, le géant de glace est de retour de son exil, et un blizzard mortel l’accompagne…

Les crossover DC / Marvel Comics, c’est devenu comme les films d’animation Disney : des pseudo-événements destinés seulement à occuper le terrain de peur que la concurrence ne le leur prenne… En plus je n’attends plus grand-chose des comics mainstream : on a le Comics Authority Code qui caste le travail des scénariste sur le fond, le cahier des charges qui caste le travail des dessinateurs sur la forme, alors si on ajoute l’obsession des éditeurs pour la propriété intellectuelle, et l’obsession des marketeux à traquer la moindre trace de hype sur les réseaux sociaux difficile voire impossible de faire quelque chose de vraiment intéressant. Et ce d’autant plus qu’avec autant de contraintes contradictoires on aboutit rapidement à l’ennui ou au n’importe quoi, d’où les remake, reboot et relaunch à répétition dans l’espoir que le public cible ne s’aperçoive pas que l’usine à rêve tourne à vide depuis bien longtemps déjà…

Endless Winter c’est le crossover de DC Comics pour l’hiver 2020, donc belle réactivité de la part d’Urban Comics de nous en offrir la parution en VF pour le printemps 2021. C’est Andy Lanning et Ron Marz, dont on annonce les grands retour qui se sont chargé de la continuité de la mini-série sur 9 épisodes. Je ne connais pas le premier, mais je connais un peu le second : je ne sais pas à qui attribuer quoi, mais j’ai déjà lu mieux… Et puis annoncer en grand pompe des enfonçages de portes ouvertes ça m’a un peu douché d’entrer… Oh le desigin du Frost King est inédit chez DC Comics, sauf qu’on l’a déjà vu je ne sais combien de fois depuis 50 ans dans Thor édité par le rival Marvel Comics. Oh on a fait une Justice League du passé, sauf que la Table Ronde existe depuis le Moyen-Âge et que les Argonautes existent depuis l’Antiquité donc bravo les inventeurs d’eau tiède !

La mise en place du récit est assez pourrie. Pendant que la Justice League botte les fesses à une équipe de super-vilains de troisième zone cons comme leur pieds (faire un coup d’État dans la zone la plus surveillée et militarisé du monde juste pour privatisé un hôtel de luxe, vous êtes vraiment trop cons les gars), un énième patron-voyou plein aux as décident de piller les ruines de la Forteresse de la Solitude pour faire de la rétro-ingénierie sur les technologies kryptioniennes. Déjà, qu’il est con Superman de ne pas avoir pensé aux conséquences de ses actes (encore une fois, pourrait-on dire). Ensuite comme par hasard sous la Forteresse de la Solitude il y avait le cercueil de glace du Frost King, un cryomancien capable de geler la planète toute entière en guerre contre l’humanité tout entière… (il y a encore moult coïncidences coupables, mais je les garde pour la suite)
Et tout cela est très con, car en parallèle du récit au présent de la lutte des gentils et des méchants contre le Frost King on a le récit au passé de l’affrontement dudit Frost King avec la Justice League du Passé composée de la Créature du Marais, d’Hippolyte, de Prince Viking et de Black Adam. C’est Marco Santucci qui dessine le droit de quota de flashbacks, et c’est vachement bien fait. Black Adam pense que la fin justifie les moyens, Hippolyte pense que c’est les moyens qui justifient la fin, Prince Viking est hanté par le fait qu’il est condamné à rester hors du Walhalla donc il est prêt à suivre l’un ou l’autre du moment qu’il mourra héroïquement, et la Créature du Marais a bien du mal à fédérer ses compagnons pour accomplir leur mission. L’idée c’est que le passé apporte la solution au présent, mais j’ai envie de dire qu’à la limite le récit présent ne sert pas à grand-chose tant on recourt à des gimmick tellement éculés qu’il en sont devenus des clichés…

Je vous propose un liste des trucs dont on aurait pu se passer :
– on use et on abuse de la mise en avant des valeurs familiales éternelles typiques des œuvres yankees bas du front, et qu’est-ce que c’est lénifiant pour rester poli
– les super-vilains milliardaires et les kryto-machins qui font le café, on sait pertinemment depuis des années que cela va finir en eau de boudin, mais DC Comics continuent à exploiter le filon sans fond de la médiocrité scénaristique…
– on veut faire du suspens avec Black Adam allié ou ennemi, mais entre dictateur d’un Rogue State et militant altermondialiste en croisade contre les valeurs on est dans le Victor Fatalis eco+, car sa première action est d’engager comme mercenaires les super-vilains de troisième zone cons comme leurs pieds du prologue…
– on nous précise bien que se balader par -40°C c’est risquer sa vie, et que le faire sans un équipement approprié c’est se suicider… pourtant on a pléthore des péquenots qui a chaque épisode ont des raisons toutes plus connes les unes que les autres de se balader dehors par -40°C avec plein de créatures de glace géantes pour les déchiqueter ! Dieu aime les simples d’esprit donc Dieu bénit l’Amérique !!!
(et quand on voit la galerie des couvertures alternatives, véritable auberge espagnole où il y a à boire et à manger, on tremble à l’idée que Mike Spicer puisse devenir le dessinateur régulier d’une série)

Nous marchandons avec notre conscience. Nous nous disons que nous faisons des choix, non des erreurs. En tout cas, cela nous hante. Et le temps ne peut pas effacer de tels fantômes.

Chapitre 1 : Justice League : Endless Winter Special #1
Ce prologue est farci de clichés avec des super-vilains de troisième zone sans aucune ambition, des super-vilains milliardaires avec des ambitions à la con, des krypto-machins qui font le café laissés à l’abandon par un Superman très américain donc très con. Et il faut ajouter un humour lourdingue qui fait de Barry Allen un comic relief WASP, les éternelles valeurs familiales américaines, et les graphismes mainstream donc impersonnels d’Howard Porter… Bref, ça partait moyennement hein !

Chapitre 2 : The Flash #767
Barry Allen court aux quatre coins du monde pour faire la liaison entre tous les champs de bataille de la planète. On commence par les éternelles valeurs familiales américaines, quelque part en chemin Barry Allen se fait sauver la couenne par Black Adam et ses nouveaux sbires, et on finit par les éternelles valeurs familiales américaines. Les dessins de Clayton Henry satisfaisant dans leur genre, mais c’est un peu vite lu vite oublié…

Chapitre 3 : Superman : Endless Winter Special #1
Clairement le maillon faible du crossover. Entre les trousses de secours équipées de fusées de détresse, les journalistes du Daily Planet qui affrontent un blizzard à -40°C peuplé de créatures prêtes à les déchiqueter juste parce qu’il ne fait pas assez chaud dans leur immeuble de centre-ville, et le Clan Kent porteur d’absolument tous les clichés sur les éternelles valeurs familiales américaines il y a de quoi râler. Les graphismes de Phil Hester et d’Ande Parks sont particulièrement inspirés de la série animée des années 1990, c’est dire si le résultat ne présente guère d’intérêt…

Chapitre 4 : Aquaman #66
Je ne sais pas pourquoi, mais mes incursions dans l’univers d’Aquaman sont toujours sources de satisfaction (c’est sans doute dû à la rencontre entre mes propres affinités et l’univers science-fantasy de la série). Je découvre une Atlantide qui est passée de la monarchie à la république avec un renouvellement complet de son landerneau politique. Et je découvre Aquaman marié à Mera, tous les deux parents de la petite Andy… J’ai pas tout compris, et j’aurais pu râler sur les valeurs familiales éternelles typiques des œuvres yankees bas du front avec des parents suffisamment débiles pour amener leur enfant sur un champ de bataille… Mais je dois avouer que j’ai bien aimé : pour aider ses camarades de la surface, Aquaman est prêt à braver tous les dangers pour forger une alliance avec les trolls de feu habitants d’un environnement particulièrement hostile. Et coup de bol, sa volcanique épouse aux cheveux roux fascine les créatures de feu au point qu’elles se rallient immédiatement ! Pour des raisons que les raison ignore j’ai bien ri aux vannes que j’ai trouvé nazes dans les autres épisodes… (Est-ce que j’ai été fasciné par les graphismes très agréables de Miguel Mendoça ?)

Chapitre 5 : Justice League #58
Un récit centré sur Green Lantern qui sauve de nouveau des imbéciles qui quittent une position sécurisée pour se mettre inutilement en danger pour des raisons humaines certes mais stupides… Et pour ne rien gâcher il les dépose dans la Gare de Détroit, bâtiment abandonné depuis 1988 devenu une ruine sans porte ni fenêtre. Pour se protéger du froid et du vent il y a bien mieux hein, mais la Justice League, les scénaristes américains et les éditeur new-yorkais semblent l’ignorer… On tease beaucoup, mais la grosse baston de cinq pages est un gros pétard mouillé ! Les dessins de Xermanico sont plutôt pas mal, mais le scénario ne les met pas en valeur hein…

Chapitre 6 : Teen Titans : Endless Winter Special #1
Un chapitre qui ne sert qu’à amener des informations pour nous mener au chapitre suivant. Pour le reste, c’est des héros adolescents qui font du baby-sitting dans un épisode de noël, avant d’aller secourir une imbécile qui a décidé de faire de la randonnée par -40°C pour suivre une infox lue sur les réseaux sociaux. Les dessins de Jesus Marino sont corrects sans plus…

Chapitre 7 : Justice League Dark #29
Un chapitre qui ne sert qu’à exploiter les informations amenées par le chapitre précédent. On invoque du passé les mânes de Prince Viking, pour lui donner un corps avec l’avatar du présent de la Créature du Marais. Pas du tout fan du concept même de Justice League Dark, mais ici force est de constater que les dessins d’Amancay Nahuelpan sont assez pour ne dire très agréables…

Chapitre 8 : Black Adam : Endless Winter Special #1
Black Adam possède depuis de départ les informations cruciales que recherchent les super-héros. Il monte donc dans son coin un piège contre le Frost King, pour rafler à leur nez et à leur barbe la victoire qui le fera mousser aux yeux du monde entier. Cela m’a fait plaisir de retrouver les dessins de Brandon Sanderson, mais le pauvre n’est pas à la fête avec les super-vilains milliardaires, des krypto-machins et des espèces de transformers à la sauce disney. Sinon les choses s’aggravent, et Black Adam enrage de voir arriver la cavalerie… (Batman qui a un super plan pour contrer les méchants mais qui n’en dit pas un mot à ses coéquipier, comment dire ? Soupirs, quoi ! C’était forcé il y a 30 ans donc aujourd’hui c’est juste cliché !!!)

Chapitre 9 : Justice League : Endless Winter Special #2
Le conclusion est plutôt réussie : Prince Viking, dieu qui a réussi à devenir homme, parvient à convaincre le Frost King, homme qui a réussi à devenir dieu, à redevenir ce qu’il a été. Hippolyte qui a toujours été hantée par le désastre auquel elle a contribué 1000 auparavant en suivant Black Adam joue les médiatrices entre le Frost King / Edwald Olafsson et la Justice League. Tout est bien qui finit bien ? Black Adam programmé pour être un héros continue d’agir comme un vilain car il est fort et les forts seraient destinés à dominer et à exploiter les faibles. La preuve, c’est écrit noir sur blanc dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d’Adam Smith, livre de chevet de la ploutocratie mondialisée qui a prédit la destinée manifeste des USA…
Si le fond est bon, la forme est bof. Les graphismes conjoints d’Howard Porter et Carmine di Giandommenico en sont pas très convaincants. Ce n’est pas très soigné, ce n’est pas très lisible, c’est très hétérogène et je ne suis pas fan du tout de l’épidémie de prognathisme qui touche jusqu’aux personnages féminins…

note : 6/10

Alfaric

0 commentaires

Laisser un commentaire

Pin It on Pinterest

Share This