Patrick McSpare (scénario)
Nicolas Demare (dessin)

Oracle, saison 1 Tome 04 :

Le Malformé

(pour public averti)

Bande dessinée, fantasy / mythologie
Publiée le 08 octobre 2014 chez Soleil

Hier beau et admiré de tous, aujourd’hui hideux, bossu, malingre. Il doit sa déchéance à Apollon qui, jaloux de son succès auprès des femmes et surtout d’Aphrodite, l’a rendu difforme. Le voici désormais objet de répulsion et de moqueries. Mais il est intelligent et sait s’adapter. S’il ne peut conquérir la sublime déesse grâce à son apparence, il la séduira par ses talents de maître-queux. Auprès des Satyres et des cruelles Ménades, il découvrira l’art culinaire et la sorcellerie. Prêt aux pires transgressions, il étudiera. Et il deviendra si subtil dans l’alliance des épices, des senteurs et des saveurs, qu’Aphrodite en oubliera sa laideur. La plus éclatante des revanches sur Apollon…

Ce tome 4 intitulé Le Malformé, 4e épisode de la saison 1, continue d’explorer les relations tortueuses entre l’humain et le divin… (en sachant que comme toujours ceux que les dieux veulent punir, ils les frappent d’abord de folie)

L’aède aveugle et le jeune Homère font escale à Corinthe, et le premier semble soliloquer au grand dam du deuxième (ce qui amène un cliffhanger de fin en deux temps tout aussi dispensable que superfétatoire)… On nous fait le récit du dénommé Melos, marchand riche, chanceux et intelligent, mais surtout beau-gosse ayant attiré l’attention d’Aphrodite. Mauvais joueur Apollon se sert de lui pour évacuer sa frustration en le transformant en nain bossu et hideux. Lui qui était si près de pécho la déesse de la séduction et de l’amour charnel est très près de mettre fin à ses jours quand au fond des bois il fait la rencontre du satyre Thesmodion qui lui fait découvrir la sensualité des arts culinaires. Pour finir ce qu’il a commencé Melos le désormais malformé ne recule devant rien ! Il passe 3 ans à dénicher des épices inconnues de Thesmodion, et au final fidèle à sa promesse Thesmodion passe 3 ans à lui apprendre les secrets du goût. C’est ainsi que Melos devient le cuisinier le plus huppé de Corinthe, qui finit par attirer l’attention d’Aphrodite qui l’engage à son service. Il pense avoir atteint son but, mais la déesse de la séduction et de l’amour charnel l’envoie sur les roses !

– Sache qu’ici ton apparence importe peu. Loin du monde des hommes la laideur n’est qu’un mot. Et un mot n’a jamais empêché de jouir de la vie.

L’élève retourne voir son son maître, qui lui révèle qu’il pourrait atteindre son but en faisant manger à son obsession de la viande de licorne bien assaisonnée. Et c’est là que le récit tourne complètement grimdark. Melos est prêt à tout et au reste pour accomplir ce qu’il considère comme une vengeance donc comme une forme de justice immanente : viol, meurtre, trahison, sacrilège, envoûtement, cannibalisme… (il est certes complètement érotomane, mais il ressemble bigrement à un agresseur sexuel de night club équipé de GHB) Si on était pas dans un univers païen on pourrait écrire qu’il passe du paradis à l’enfer. Car Apollon en embuscade se fait une joie d’en rajouter une couche en ajoutant une malédiction à sa malédiction !

Mine de rien Patrick McSpare s’inspire pas mal du roman Le Parfum de Patrick Süskind sauf qu’ici le sens du goût remplace celui de l’odorat. C’est plutôt bien fait mais de ce que j’ai lu de lui jusqu’à présent je trouve que la mise en avant du sexe et de la violence peut finir par devenir douteuse… Par contre rien à redire sur les dessins de Nicolas Demare colorisés par Digikore Studios : c’est vraiment pas mal du tout à ce niveau-là ! (car oui j’aurais pu détester, mais c’est suffisamment bien fait pour que je mette de l’eau dans mon vin)

note : 6/10

Alfaric

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