VanRah
(scénario & dessin)

Stray Dog, tome 1

Manga, fantastique / urban fantasy
Publié le 15 juillet 2015 chez Glénat

Ishtar. Un monde oscillant entre lumière et ténèbres où se côtoient présent et passé, patrimoine et renouveau, pierres antiques et technologies nouvelles. Un monde partagé entre une surface idéalisée et une réalité plongée dans le chaos. C’est au sein de cet univers que vont se croiser deux personnes au destin incertain et que tout oppose : Aki, une jeune fille ayant perdu le goût de sourire, et Toru, un Karat, un lycan aux yeux rouges, possédé par une malédiction funeste. Ce qui les lie ? Un contrat d’obéissance qui permet de contrôler les Karat et fait de la jeune Aki la maîtresse de Toru.

Dans l’univers contemporain de Stray Dog, humains et karats parcourent le monde l’un contre l’autre ou l’un avec l’autre… Nous avons le Vatican et ses exorcistes qui sont les partisans de l’éradication de ceux qu’ils considèrent comme des démons, et le BIRD et ses scientifiques qui sont les partisans de la cohabitation avec ceux qu’ils considèrent comme des hybrides entres des créatures primordiales évoluant sur un autre plan d’existence et nous autres humains et humaines, et qui peuvent se transformer en créatures de cauchemars s’ils s’éloignent trop de l’humanité (car sans âme humaine pour apaiser le démon qui est en eux, ils cèdent aux plus noirs instincts qu’ils ont hérité de leurs aïeux)…
Tout se déroulent dans la mégapole fictive d’Ishtar qui ressemble à New York mais qui pourrait être la version moderne de la Cité d’Ys. Le Docteur Senki Aokideso se rend dans les Arènes de Sharsa, à la demande express et chantage à la clé de Monsieur Morrians qui lui demande de remotiver son poulain Toru, lycan alpha surpuissant qui ne veut plus tuer et qui avec ses nombreux siècles d’existence s’avère être la Bête du Gévaudan. On retrouve rapidement tous les classiques de la relation entre « maître » et « serviteur »  si cher à la culture japonaise héritière d’un féodalisme qu’on aurait été voir totalement disparaître : Senki demande à Toru de changer de maître et passe avec lui un drôle de pacte qui passe par sa mort et la protection de sa fille unique…

La mangaka française VanRah connaît si bien la Planète Manga qu’elle aurait pu naître sur elle. Elle pourrait même être l’héritière d’Hiromu Arakawa, des membres du groupe CLAMP, voire de Rumiko Takahashi. Après il y a beaucoup de gros plans et pas mal de trucs et astuces, notamment au niveaux des trames très années 1980, pour masquer l’absence de profondeur de champ d’un noir et blanc assez brut de décoffrage : on pourrait lui en tenir rigueur, mais il y a tellement de mangakas japonais qui font la même chose que cela serait être plus royaliste que le roi que d’agir ainsi… Par contre VanRah est une excellente dialoguiste et les discussions qu’elle met en scène au-delà de développer un bon relationship drama sont de véritables mines à citations ! C’est plein d’humour parfois blanc parfois noir, mais toujours bourré de références et ce clins d’œil, et dans tous les deux cas cela respire la bonne volonté et la bonne humeur !!! Après pourquoi donner des noms japonais dans un manga français à des personnages appartenant clairement à un univers occidental ? La raison a ses raisons que la raison ignore…

– Franchement, tu ne sais pas que c’est risqué de se balader dans des endroits sombres les nuits de pleine lune ?! Tu n’as jamais vu de livres d’horreur ma parole ? C’est pas mentionné dans « Twaïlight – édition collector » ? J’ignore de quoi ça parle, mais rien que le nom et l’image sur la jaquette me filent la chaire de poule.
– Il n’est pas à moi ce bouquin ! J’suis fan de vampires, m’enfin ça veut pas dire que j’apprécie les maigrichons qui brillent au soleil !!

Ce tome 1 de 320 pages est clairement un gros tome d’exposition. On nous présente l’univers, l’ambiance, le ton, les personnages et les thématiques… Le destin fait se rencontrer dans les Arènes de Sharsa de la Cité d’Ishtar le Docteur Senki Aokideso, fondateur du BIRD et partisan de la cohabitation entre humains et non- humains, et Toru, la Bête du Gévaudan sans doute le plus puissant des non-humains : l’un est la solution de l’autre et vice versa. Ils réalisent un pacte et Senki offre la liberté à Toru si Toru accepte de devenir le serviteur de Tsubaki à la place de devenir le serviteur de Senki… La mangaka française prend tout son temps pour nous montrer la relation entre les deux personnages, et elle développe au maximum le pathos qui se noue entre eux jusqu’à son climax qui est pudiquement mis en scène malgré la violence des événements qui y sont liés…
Le dernier chapitre du tome (Search Nice Master – Part I) montre à la fois la rencontre bordélique pleine de malentendus entre Toru et Tsubaki, et l’enquête des membres du BIRD sur un serial killer qui évidemment n’a rien d’humain ! To Be Continued !!!

note : 7/10

Alfaric

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