Shinya Umemura (scénario)
Ajichika & Takumi Fukui (dessin)

Valkyrie Apocalypse, tome 5

Manga, fantasy / fantastique
Publié en VF le 02 juillet 2020 chez Ki-oon
Publié en VO depuis 2017 chez Tokuma Shoten
(« Shuumatsu No Valkyrie »)

Habitué à livrer des combats qu’il n’a aucune chance de remporter, le célèbre Kojiro Sasaki déploie les techniques qu’il a acquises au long de sa vie pour déverser un déluge d’attaques sur Poséidon… Malheureusement, malgré les prévisions du samouraï, le dieu des mers parvient à briser son sabre, le Monohoshi-zao ! Alors que tout semble perdu pour le combattant japonais, deux magnifiques lames apparaissent soudain dans ses mains… Est-ce que ce sera suffisant pour que le plus grand perdant que l’histoire ait jamais connu vienne à bout d’un adversaire aussi redoutable ?

Pour développer son style, Kojiro Sasaki a dû affronter tous les styles et les assimiler (comme l’ont fait tous les artistes martiaux avant lui). Mais pour affronter les dieux il a dû développer son style à la perfection en portant à la perfection tous les styles qu’il a dû affronter et assimiler, et ce en refaisant mentalement des milliers et des milliers de fois tous les combats qu’il a menés de son vivant. Les auteurs sont de véritables amoureux de la Planète Manga car visuellement Kojiro Sasaki dépassent ses limites encore et encore en utilisant le Musou Tensei (remember Hokuto no Ken : les vrais savent), car en lui vivent tous les guerriers qui l’ont précédé (remember Saint Seiya Lost Canvas et le « Sekishiki Tenryôha » de Sage, l’ultime technique des Chevaliers d’Or du Cancer : les vrais savent) !

Mais Poséidon n’a que faire des efforts d’un humain ou des humains car ses capacités innées lui permettent de tout écraser. Kojiro Sasaki passe ainsi de l’offensive à la défensive, et le Raymond Poulidor des arts martiaux qui est toujours tombé avant de se relever sait que cette fois-ci c’est fini, et c’est ainsi qu’il s’enfonce dans les abîmes du désespoir… Et c’est là qu’intervient la force de l’espoir et de l’amitié : il ne peut pas renoncer, il ne peut pas abandonner, il ne peut pas perdre car il porte sur ses épaules tous les espoirs de l’humanité. C’est ainsi que l’âme des guerriers du monde entier font la chaîne pour le sauver des abysses. Tomber et se relever : si les arts martiaux humains ne suffisent pas pour vaincre les dieux, peu importe et Kojiro Sasaki affrontera, analysera et assimilera les arts martiaux divins. Les dés sont jetés : Poséidon qui se bat pour son ego n’a strictement aucune chance face à Kojiro Sasaki qui se bat pour ses idéaux !

Gagner… Ce n’est pas déplaisant, comme sensation !

L’Olympe a perdu l’un des siens, du coup les Olympiens qui veulent laver leur honneur chipent pour la 2e fois la place de Shiva. C’est Héraclès qui vengera sa divine famille en montant sur le ring. Pour Hilde c’est un déchirement, car celui qu’elle considère comme un frère doit périr pour que l’humanité vive. Et Héraclès ne le sait que trop bien : en s’étant toujours battu pour la justice il est l’incarnation même de la droiture et de l’honneur, mais il est hors de question pour lui de trahir les siens même s’il est prêt à mourir pour l’humanité puisse survivre…

Putain, attention chef-d’œuvre : les auteurs vont plus loin encore dans la folie de l’imagination et la l’imagination de la folie que Kōta Hirano l’auteur de Hellsing et Drifters !!! Luc Ferry et ses dizaines d’années de philosophie de mes couilles nous avait présenté Héraclès comme le shérif adjoint de Zeus chargé de garantir l’ordre divin ni plus ni moins, alors qu’ici les auteurs présentent Héraclès comme un avatar du héros aux mille et uns visages, un défenseur et protecteur de l’humanité sans peur et sans reproche, qui finit par ressembler tellement à Jésus Christ qu’on finit par en être véritablement troublé (comme quoi la branlette intellectualiste peut gravement nuire aux capacités mentales). Pour affronter un personnage christique, qui de mieux de mieux désigné qu’un démon tentateur…

Bref Héraclès est Lumière, et pour le vaincre Hilde doit faire appel aux Ténèbres car elle ne peut laisser aucune opportunité de côté : pour blesser le plus gentil des dieux, il faut le plus abject des hommes. Pour combattre l’homme qui par amour des siens est devenu un dieu, elle doit invoquer l’homme qui par haine des siens est devenu un monstre : Jack l’Éventreur !!! On ne va pas se mentir ce combat possède exactement ce qu’il manquait au précédent, à savoir un équilibre parfait dans la psychologie des protagonistes / antagonistes porté par un droit de quota de flashbacks maîtrisé de mains de maîtres. Diamétralement opposés le dieu grec et le meurtrier anglais sont finalement les deux côtés de la même pièce (Ahura Mazda, Ahriman et tout ça) : le premier est né au mauvais endroit et au mauvais moment avec un don extraordinaire, mais il n’a jamais cessé de combattre et d’espérer, c’est foncièrement altruiste qu’il voit le bien chacun et c’est en héros et en messie de lumière qu’il veut sauver toute l’humanité ; le deuxième est né au mauvais endroit et au mauvais moment avec un don extraordinaire, mais il a cessé de combattre et d’espérer, c’est foncièrement égoïste qu’il voit le mal en chacun et c’est en meurtrier et en messie des ténèbres qu’il veut détruire toute l’humanité…

Mais si Jack l’Éventreur est le pire des hommes, il n’en reste pas moins un homme comme tous les autres et plus le combat dure et plus il est tenté par l’idée d’être lui aussi sauvé : ce n’est plus la bataille entre la Justice et le Mal mais entre celui qui a vaincu les ténèbres et celui qui a été vaincu par les ténèbres. Préparez vos mouchoirs pour le tome 6 : rien ne se passera plus comme prévu, et à partir de là le manga devient carrément imprévisible avec entre autres choses la guerre de l’ombre que se livrent Bouddha et Loki…

PS : il y a tellement de trucs à dire sur le fait que Jack viennent dans l’arène avec le masque de V pour Vendetta, mais tout cela viendra en temps utile avec le tome 6…

note : 8,5/10

Alfaric

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