Laurent Astier
(scénario & dessin)

La Venin, tome 3 :

Entrailles

Bande dessinée, histoire / western 
Publiée le 28 octobre 2020 chez Rue de Sèvres

Ohio, octobre 1900. Emily, toujours traquée par les deux Pinkerton, continue son chemin de vengeance. Accompagnée de la petite Claire et de Susan, une esclave affranchie qu’elle a sauvée des griffes du Klan, elle arrive à Oil Town, une ville-chantier où l’on fore la terre à la recherche du précieux or noir. Mais après deux meurtres qui ont défrayé la chronique, les choses risquent bien de se compliquer pour elle… Et la rage qui secoue ses entrailles ne va-t-elle pas lui faire perdre pied ?​

Oh que je n’aime pas devoir jouer le rôle du rabat-joie… J’avais écrit précédemment que cette série manquait cruellement de subtilité, mais avec ce tome 3 intitulé Entrailles c’est carrément grosses ficelles et gros sabots avec des déclarations reprenant tous les éléments de langage de telle ou telle mouvance d’extrême gauche ! (et entre féministes, antiracistes, anticapitalistes et écologistes il y en a pour tous les goûts)

Donc dès la première page Emily de passage dans l’Alabama tombe directement sur le lynchage d’un couple afro-américain par un notable suprématiste bien en chair qui porte toute la haine du monde sur son visage, accompagné par un mec gros moche et laid en plus d’être lâche et par un mec maigre moche et laid en plus d’être lâche… Au final Emily désormais accompagnée de la petite Claire et de la grande Susan fait route vers sa nouvelle victime localisée à Oil Town dans l’Ohio et dénommée Drake. Et après la « Barbie fille de joie », et la « Barbie nonne », l’auteur joue avec la « Barbie institutrice » !

Arrivés à destination on tombe directement sur une caricature de gros bourgeois du XIXe siècle raciste, sexiste, et suprématiste qui porte tous les vices du mondes sur son visage, et qui pour ne rien gâcher est imbu de lui-même au plus haut point en plus d’être un gros queutard qui aime les gros cigares. Pour lui « il y a ceux qui sont tout et ceux qui sont rien » (Macron Copyright) : tout être humain moins riche que lui est forcément sa chose, et il préférait crever que de reconnaître à l’un d’entre eux qu’il a eu tort sur quelque sujet que ce soit (un macroniste quoi)…

Je dois tout faire disparaître… car les plus beaux rêves partent toujours en fumée.

Emily n’a vraiment pas une minute à perdre dans le planning de son implacable vengeance : après avoir libéré les enfants en jouant les « Maria Montessori » elle veut libérer leurs parents en jouant les « Étienne Lantier ». En la capturant le démon du capitalisme libéral triomphant semble avoir une longueur d’avance sur notre justicière, sauf que sa séance de torture tombe en plein Grand Soir local, et qu’en tirant dans le tas les chasseurs de primes Siringo, Horn et le gros bourrin aux cheveux blonds qui a déserté de l’armée ne font que faire dégénérer les choses et donc lui permettre de s’échapper…
Fuite éperdue, et Emily arrive à New York pour dénoncer aux Pinkerton Butch Cassidy et Sundance Kid dans l’espoir qu’il lui fiche la paix (que ferait-on sans un bon vieux deux ex machina sortant de nulle part hein ?). Elle chouine que Claire l’a abandonnée, puis elle chouine que Susan l’abandonne, avant qu’on passe aux cliffhangers qui doivent obliger lecteurs et lectrices à se jeter sur le tome suivant…
ATTENTION SPOILERS Les Pinkerton ne lâchent pas l’affaire, son oncle Michael Graf est sur sa trace, sa mère est toujours vivante, et l’Indien travaille pour elle. Mais bordel elle veut se venger de quoi Emily ? Elle n’a pas été violée et sa mère n’a pas été tuée… On n’est plus que jamais dans un « rape & revenge » sans « rape » et ça n’a aucun sens ! FIN SPOILERS

Bon ben il y a aussi le droit de quota de flash-back qui hache inutilement le récit en plus d’en pourrir le rythme, mais j’ai déjà dit tout le mal que j’en pensais dans le tome précédent. Donc on continue dans les clichés car après la tante thénardière et la tante tortionnaire, nous découvrons la tante écolo qui se fait bouffer par un croco. Direction donc une bicoque perdue de l’Arizona pour découvrir l’oncle chasseur de primes Michael Graf… Nous sommes plus ou moins dans une caricature de roman d’apprentissage du XIXe siècle style Sans Famille !

Graphiquement il y aurait pas mal de choses à redire, mais grosso modo on a pas mal de dérives cartoonesques dans une série qui se veut sérieuse et stylée donc ça fait tâche. De temps à autre on a donc des corps ou des visages qui ne ressemblent pas à grand-chose, mais la palme revient à Emily qui dans le flashback en Arizona change d’âge, de taille et de poids d’une case à l’autre… Soupirs…

note : 5,5/10

Alfaric

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